CHAP 13

1K 125 1
                                    

Assise sur une chaise pliante à l'intérieur de la maison, la tête posée sur l'épaule de Fati, je subissais le contre coup de ces derniers jours. La mort de la grand-mère, la tristesse des Dhoms, les obsèques et Gino constamment sur le qui-vive, à faire en sorte que je ne croise pas Réanne, cela n'avait pas été de tout repos. Mais j'aurais pu réussir à gérer sans trop de difficulté ces événements si je n'avais pas passé toutes mes nuits perchée sur un arbre, à espionner les agissements de Gino. Je n'en étais pas fière, mais le savoir si près de Réanne avait eu raison de ma jalousie car bien qu'ayant confiance en lui, ne pas savoir, ne pas voir, avait forcé mon esprit à s'imaginer le pire. La seule façon de me rassurer avait été de le surveiller, mais au détriment de mes heures de sommeil. Je n'avais pas pu les rattraper car le seul endroit où j'avais réussi à m'assoupir un peu était le collège, mais être réveillée par la sonnerie à chaque fin d'heure de cours m'avait presque rendu folle. C'était beaucoup en peu de temps, et mon corps n'en pouvait plus de ce rythme insensé que je lui imposais : il lâchait prise. Résultat, je n'étais plus que l'ombre de moi-même...

Les gens qui m'entouraient, parlaient trop fort. Je n'arrivais pas à distinguer qui disait quoi, ni même à me concentrer pour décrypter les mots qui se formaient sur les lèvres des gens. A bout de force, je me blottis confortablement sur mon amie et fermai les yeux...

Je sentis son bras m'entourer et me maintenir fermement quand prise d'un vertige, je m'agrippai à elle. Plus d'une fois, je crus tomber, sans jamais toucher le sol. Ouvrir les yeux accentua le vertige. Tout tournait très vite autour de moi. Je n'avais plus la notion de l'espace-temps...

Je sentis que l'on me soulevait, puis des soubresauts ; on me portait. Je reconnus l'odeur de mon porteur, c'était Guito, puis celle de l'extérieur. L'air frais me revigora. Mon père de cœur me posa sur le banc, derrière la maison et s'assit près de moi, sans me lâcher.

— Aie pitié d'un pauvre homme sans ressource physique et dis-moi juste que tu ne vas pas faire de crise, me dit-il avec un air de chien battu qui réussirait même à fendre le cœur d'un Sanguinaire.

Attendrie, je posai ma tête sur son épaule.

— C'est juste un gros coup de fatigue, le rassurai-je.

— Ca m'arrange beaucoup parce que je suis pas de taille à t'affronter aujourd'hui.

— Je suis désolée de t'embêter encore...

— Ca me fait du bien d'être un peu au calme. Ca paraît pas comme ça, mais ils sont bruyants là-dedans, dit-il en désignant la maison d'un signe de tête.

En temps normal, cela ne m'aurait pas dérangée. J'étais même plutôt adepte de ce genre d'animation massive, mais vu l'état de fatigue extrême dans laquelle je me trouvais, je ne pouvais qu'approuver.

— Euh, je peux te poser une question ? dit-il un peu hésitant.

— Oui.

— Comment ça se fait que tu sois si fatiguée ? Je l'aurais compris si mon neveu et toi aviez passé les nuits au terrain. C'est normal, vous êtes jeunes, dit-il moqueur, mais comme vous étiez chacun de votre côté, qu'est-ce qui t'a mise dans cet état ?

Le sous-entendu, je l'avais bien saisi. Et même si intérieurement je fus amusée par sa remarque, je n'eus pourtant pas la force d'esquisser un sourire.

— J'arrivais pas à dormir.

— A cause de..., insista-t-il mine de rien.

— Réanne, lâchai-je dans un soupir.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant