Nous arrivâmes finalement à destination et retrouvâmes le reste de notre petite bande.
Alors que nous avancions dans les allées, je fus frappée par l'odeur sucrée, la musique électro, les manèges, les stands, la foule, les cris... Je ne m'étais pas rendue compte à quel point tout cela m'avait manqué. J'aimais cette ambiance festive que dégageait la fête foraine car je ne la retrouvais nulle part ailleurs. Sauf peut-être un peu chez les Dhoms.
Mes deux tourtereaux n'avaient cessé leur dispute qu'en descendant de voiture, et Daven la relança en y prenant un malin plaisir :
— Tiens, t'auras de quoi te fournir si t'as besoin ! argua-t-il moqueur, en désignant un distributeur de préservatifs.
Kimy, rouge de colère, lui administra un coup de sac sur le dos et lui balança en pleine figure :
— PARCE QUE TU CROIS QUE C'EST PLUS GLORIEUX D'ENVOYER SA MERE ACHETER DES CAPOTES A TA PLACE !
Daven ne s'était pas attendu à sa réaction et ne sut quoi lui répondre. Fort de son effet, elle ajouta en modérant son emportement :
— Moi, au moins, j'l'ai pas fait exprès !
Des gens s'étaient retournés au moment du coup de colère de Kimy et certains riaient. Cela n'avait pas échappé à Daven qui, pour une fois, piqua un fard et se fit tout petit dans ses baskets.
— Bon, on peut passer à autre chose et aller s'amuser maintenant ? demanda-t-elle toujours sur la défensive.
— Toi, m'adresse plus la parole ! la menaça-t-il, en passant devant elle sans la regarder.
— Et voilà, maintenant il est vexé et il va faire sa victime... bougonna-t-elle, plus pour elle-même que pour nous.
Sur ces entrefaites, nous poursuivîmes notre chemin et partîmes à la découverte des nouvelles attractions que nous proposaient les forains chaque année. Nous déambulions dans les allées, chahutant et riant d'un rien, nous goinfrant de sandwichs, de sodas et de sucreries aux couleurs vives. Daven et Kimy avaient momentanément mis leur différent de côté et participaient avec entrain à nos délires.
Je n'étais pas en reste car pouvant suivre le mouvement sans aucune crainte, j'en savourais chaque instant. Je ne fis pas les attractions à grande vitesse et aux sensations fortes au risque de provoquer une transformation. J'attendais donc mes amis au pied des manèges, avec Gino qui n'était pas un grand adepte de ces attractions.
Je pus cependant me rattraper aux autos tamponneuses, que nous avions monopolisées longtemps. Ce fut à n'en pas douter, un pur moment de folie, et le meilleur de la soirée. Puis nous nous étions tous retrouvés autour de la machine à coup de poing. C'était le passage obligé pour les garçons qui avaient toujours un important besoin de se prouver entre eux leur virilité.
Falco fut le plus fort et Daven, le dernier. Mauvais perdant, il trouva une raison pour justifier son score lamentable.
— Pfft. C'est normal, t'as fait de la muscul' tous les jours pendant plusieurs mois, alors que moi j'ai étudié...
S'ensuivit alors, une avalanche de sifflements et Daven se fit huer et bousculer par les garçons qui trouvèrent son excuse ridiculement petite. Mais pour ne pas être le dernier, il nous invita à nous essayer à la machine ce qui ranima immanquablement, les sifflements.
Kimy s'y colla la première, puis Fati. Leurs résultats cumulés dépassèrent tout juste celui de Daven qui commençait à rouler des mécaniques. Quand mon tour arriva, Daven me glissa dans le creux de l'oreille.
— Lili, tu sais que t'es ma pote...
Je lui répondis avec un large sourire.
— Alors, continua-t-il, me fous pas la honte plus que je l'ai déjà, s'il te plaît.
Je m'approchai de l'engin et sans même prendre de l'élan, j'envoyai la plus belle droite de toute ma vie. L'appareil trembla en même temps que sa sirène hurla à nous en faire éclater les tympans, je venais de pulvériser tous les records !
Je n'oublierai jamais leurs visages, frappés de stupéfaction. Je les avais figés sur place. Les quelques personnes autour de nous allèrent jusqu'à m'applaudir et me féliciter. Seul Gino ne fut pas gagné par l'euphorie générale qui nous entourait. A son regard mécontent, je compris qu'il désapprouvait mon geste. Il n'aimait pas quand je me servais de ma force, surtout quand c'était pour me faire remarquer !
La soirée était déjà bien avancée quand les garçons nous apprirent qu'ils devaient s'absenter pour affaires. Ils nous proposèrent de les attendre aux machines à pinces. Mais alors qu'ils s'éloignaient, Daven fit volte face et parut subitement inquiet :
— Elles sont toutes les trois ! dit-il aux garçons.
— Et ? demanda Falco.
— Non mais tu sais pas toi, le carnage qu'elles sont capables de faire lorsqu'elles sont ensembles !
Younes et Amin approuvèrent en regardant d'un air sévère leur sœur.
— Il faut qu'un de nous reste avec elles !
Amin, bon prince, se proposa. Bon prince ? Pas tant que ça. J'avais remarqué que, de temps en temps, il prenait un malin plaisir à narguer Gino car même si celui-ci tolérait une certaine proximité entre nous deux, il n'appréciait pas pour autant qu'elle fut provoquée. Il fallait que ce soit du pur hasard, comme quand j'allais chez Fati et qu'Amin s'y trouvait. Mais là, le hasard n'y était pour rien et je compris, en voyant son visage si fermé, que la soirée ne se finirait peut-être pas aussi bien qu'elle avait commencée.
Les garçons s'éloignèrent et nous, nous cherchâmes un endroit où nous poser afin de les attendre.
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LES AILES DE MA VIE 2 Au travers de l'autre
ParanormalLES AILES DE MA VIE Tome 1 : L'initiation https://www.wattpad.com/myworks/46780310-les-ailes-de-ma-vie-l%27initiation Tome 2 : Au travers de l'autre Lili a fini son initiation. Elle peut enfin apprécier la vie comme n'importe quelle autre jeune f...