CHAP 12

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 La tension était redescendue d'un cran lorsque nous arrivâmes à destination, du moins en apparence. Younes fut obligé de se garer loin du chemin car une quantité impressionnante d'engins à quatre roues l'encombrait. Je ne pus m'empêcher de penser que dans le lot, certains appartenaient sûrement à la famille de Réanne.

Alors que nous remontions le sentier, je me surpris à faire la même remarque que mon père, peu de temps auparavant. Qu'il était long ce chemin, très long...

Passé le portail, Amin constata avec étonnement :

— C'est surprenant le monde que peut contenir ce petit bout de terrain !

— Ouais, j'dirais même que c'est surréaliste ! renchérit son frère.

Je ne les écoutais que d'une oreille distraite car je dévisageais tous les visages féminins que nous croisions, à l'affût de celui qui se rapprocherait le plus de l'image que je me faisais de Réanne. Ce ne fût qu'une fois proche de la maison que je m'aperçus que Fati et Younes n'étaient plus avec nous. Amin qui me touchait presque, s'arrêta de marcher et me fit face, en me prenant la main :

— Excuse-moi pour tout à l'heure !

J'acquiesçai sans hésitation, soulagée de son changement d'humeur, même s'il n'était que temporaire.

— Aucun souci.

— C'est juste que ça m'a énervé quand j'ai appris ce qu'il t'avait fait...

— Ce n'est pas moi la plus mal lotie dans cette histoire, relevai-je très justement.

— Peut-être, mais il n'a pas été honnête envers toi. Se mettre avec toi et ensuite t'apprendre qu'il va se marier, c'est du foutage de gueule !

— C'est de l'histoire ancienne Amin. En plus, il s'est longuement expliqué là-dessus tout comme il s'est excusé de m'avoir fait du mal. Pour ma part, c'est oublié depuis longtemps, tu devrais faire pareil, oublier...

Je savais que la véritable raison de sa rancune envers Gino n'était pas seulement due au fait qu'il m'eut fait souffrir. Pour Amin, il restait celui qui s'était mis entre nous deux. J'en profitai pour clarifier la situation de l'époque :

— Ce soir là, je ne me serais pas remise avec toi. Je l'avais déjà décidé et je comptais te le dire. Seulement, j'ai pas réussi par manque de courage...

Il encaissa mais resta silencieux.

— Ca n'enlève rien au fait que tu restes mon pote...

Il acquiesça à nouveau puis ajouta :

— En tout cas, si tu supportes pas de le savoir dans le même endroit que son ex, n'hésite pas, viens me voir, vu que je suis très bien placé pour savoir ce que ça fait...

Même si c'était dit sur le ton de la plaisanterie, je pris conscience qu'il en avait souffert plus que je ne me l'étais imaginé.

— Je m'en rappellerai, lui dis-je en souriant.

Ce fut le moment précis que choisit Gino pour sortir de la maison. Lorsque ses yeux mécontents se posèrent sur nous, la panique m'envahit aussitôt et je retirai ma main qu'Amin tenait toujours, comme une enfant qui serait surprise à faire une bêtise. Amin comprit l'origine de mon malaise lorsqu'il se retourna et vit Gino qui se dirigeait droit sur nous.

— Je suis à l'intérieur si tu as besoin, me dit-il redevenant soudain tendu.

Il partit, sans quitter des yeux Gino jusqu'à ce qu'ils se croisent. Leurs regards assassins, ne présageaient rien de bon pour le futur.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant