CHAP 55

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 Le jour était à peine levé quand Guito nous réveilla en cognant des grands coups dans la caravane.

— Allez, debout là-dedans, c'est l'heure !

— Mais il a besoin d'ameuter toute la ville ? grogna Gino.

Je me tournai vers lui et lui dis d'une voix ensommeillée.

— En même temps, comment veux-tu qu'il fasse autrement ? C'est fermé à clef !

— J'sais pas moi. Les portables ça existe et c'est moins bruyant...

— Lève-toi, on va manger ! lui ordonnai-je gentiment.

J'avais convenu avec mon père de passer ma dernière nuit chez les Dhoms. Il savait qu'il ne serait pas de bonne compagnie car il était bien trop attristé par mon départ mais surtout, il comprenait l'importance pour moi de faire mes «dernières fois» dans ma famille de cœur. Et ce matin-là, j'arrivais au terme de celles-ci. Il ne me restait plus qu'un dernier petit déjeuner à avaler et un dernier moment à passer auprès d'eux.

Quand j'arrivai dans la maison, ils étaient déjà tous attablés et «petit déjeunaient» bruyamment. Nellita me servit mon bol et Kimy se serra contre Daven pour me faire de la place. En m'installant près d'elle, je trouvais l'atmosphère curieusement détendue alors que je m'apprêtais pourtant à quitter Mesmina pour une durée indéterminée.

— Bien dormi ? me demanda mon amie.

— Pas trop.

— Pas grave, tu conduis pas. Tu pourras dormir sur la route.

Daven, quant à lui, avait beaucoup de mal à garder ses yeux ouverts. Il était dans le même état que lorsqu'il se levait pour aller au lycée.

Tout en mangeant, je m'aperçus que Gino ne nous avait pas rejoint, tout comme je remarquai l'absence de Guito.

— Il est où ton père ? me renseignai-je auprès de Daven.

— Commence pas avec tes questions dès le réveil, toi. Ca casse la tête...

— Il est dehors à préparer pour le départ, le coupa Kimy.

C'était Guito qui nous emmenait. Mon père ne pouvant toujours pas conduire à cause de son bras en écharpe mais surtout, n'ayant plus de voiture, il avait demandé à Guito s'il pouvait faire le trajet à sa place. C'était aussi sa façon de lui témoigner sa reconnaissance, en le laissant conduire sa fille vers sa nouvelle vie. Mon père de cœur avait été touché par cette marque d'attention et il avait accepté cette responsabilité avec dignité et une pointe de fierté.

Des éclats de voix nous firent lever la tête de nos bols.

— MAIS NON, T'ES TROP PRES ! RAVANCE-TOI ET APRES, TU RECULES...

Intriguée, je demandai :

— Qu'est-ce qui se passe dehors ?

— T'as qu'à aller voir, me répondit Nellita, avec le même sourire mystérieux qu'elle avait eu lors du retour de Guito et de Gino.

Arrivée à la porte d'entrée, ce que je vis me laissa clouée sur place et sans voix. La bouche grande ouverte, je regardai Gino manœuvrer la camionnette de son oncle en se servant des indications que lui faisaient par gestes Guito et Falco. Ces deux derniers étaient postés de chaque côté de la caravane de la grand-mère.

— STOP ! C'EST BON, COUPE LE MOTEUR ! hurla le chef de famille.

Gino sortit de la camionnette et les aida à accrocher la caravane au camion.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant