CHAP 29

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En direction de l'hôpital dans la voiture de Guito, j'attendis que la standardiste me mette en relation avec la chambre de mon père. J'avais raccroché si précipitamment pour le rejoindre que j'étais dans l'ignorance complète de son état général et des circonstances de son hospitalisation. Il me fallait plus de détails, ne serait-ce que pour me rassurer.

— Pourvu que ce ne soit pas grave, murmurai-je folle d'inquiétude.

— Il t'a appelée, c'est plutôt bon signe, analysa très justement Gino.

Quand j'entendis sa voix, je mis le haut-parleur afin que Gino puisse écouter lui aussi. Malheureusement, quand mon père s'expliqua, l'angoisse qui me tenaillait le ventre depuis son appel fut décuplée...

— Je me suis fait tirer dessus !

— QUOI ! hurlai-je paniquée.

Gino pila et se gara sur le bas-côté de la route.

— Mais, comment ça on t'a tiré dessus ? Qui a pu faire ça ? voulus-je savoir.

— On a tiré dans le pneu de la voiture, j'ai perdu le contrôle. Je n'ai pas de souvenir de ce qui s'est passé après, mais on m'a dit que la voiture a fait des tonneaux et a fini dans la rivière.

Je fis immédiatement le lien avec ce que Guito avait entendu le matin même aux informations.

— C'était toi ???

— Comment ça, c'était lui ? tiqua Gino qui n'était pas avec nous lorsque son oncle en avait parlé.

Je lui fis signe de la main pour le faire patienter.

— Dis-moi juste que tu n'as rien de grave, dis-je à mon père les larmes aux yeux.

— A part deux côtes cassées, une fracture ouverte au bras et des bleus partout, je crois que ça peut aller.

— Ok, fis-je à peine rassurée.

— Lili, je pense savoir qui a fait ça. Tu dois être extrêmement prudente. Sois sur tes gardes !

— J'y suis depuis hier sur mes gardes, lui avouai-je.

Levant les yeux sur Gino qui ne comprenait plus rien, je pris une décision radicale :

— Papa, Gino est avec moi, il a tout entendu. Je vais lui parler !

— Oui, soupira-t-il. Il est temps que tu lui expliques maintenant. Prenez votre temps, je vais dormir un peu en vous attendant.

— D'accord, à tout à l'heure !

— Courage ma fille, dit-il en raccrochant.

Je fixai le portable sans le voir vraiment. J'avais l'impression que tout se dérobait autour de moi, que tout foutait le camp. Sauf le piège qui se refermait de plus en plus sur moi, sur nous, sans que je puisse l'en empêcher. Avalant ma salive, je cherchai les mots pour avouer à Gino dans quel enfer je l'avais plongé, mais rien ne vint. Mon cerveau était sans dessus dessous, plus rien ne fonctionnait logiquement.

Quand Gino me prit les mains, je réalisai qu'elles tremblaient et qu'il fallait que je recouvre mes esprits rapidement. Je pris une profonde inspiration avant de me lancer :

— Gino, est-ce que tu te sens capable de garder quelque chose pour toi jusqu'à la fin de tes jours ?

— Ca dépend de ce que c'est, répondit-il l'air grave.

— Un secret. Un secret de famille. Si tu acceptes de l'entendre, tu ne devras jamais rien en dire à quiconque !

— A part ton père, qui d'autre sait ?

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant