Je nous dirigeai vers Rosalen, ne sachant toujours pas comment je pourrais atteindre la fenêtre par laquelle je verrais Gino. J'espérais vraiment réussir car si je trouvais le moyen de le voir, je ne m'en priverais plus.
Je nous postai sur le bâtiment le plus haut de Rosalen, immeuble de dix-sept étages. Il faisait face à la prison et je profitai d'une belle vue d'ensemble. D'ici, rien ne pouvait m'échapper. A l'affût des moindres détails, j'observai les allées et venues des surveillants dans la cour. Je fus surprise quand une fois rentrés, ils ne réapparurent pas. Il n'y avait pas non plus ces lumières qui balayaient inlassablement le bâtiment, comme dans les films et les séries. Manifestement, dans la vie réelle, c'était différent.
Je nous approchai de l'enceinte de la prison et en fis un rapide tour. Tout était éclairé. Cela ne me faciliterait pas la tâche. Je trouvai pourtant un coin sombre, sur le toit du mirador et nous y posai sans bruit, pour ne pas alerter le gardien qui seul, faisait les cent pas à l'intérieur.
Quelques prisonniers étaient visibles d'où j'étais, et je reconnus Gino parmi eux. Enfin, plus exactement ses mains. Ses bras dépassaient des barreaux. Il ne dormait pas, il fumait une cigarette. C'était son premier jour en prison et donc sa première nuit. Qu'il ne trouve pas le sommeil était compréhensible.
Sa cellule se situait au dernier étage, juste en dessous du toit qui était pourvu d'un grand et large rebord. En quelques coups d'ailes, nous fûmes à sa fenêtre. Je nous fis passer devant lui, afin qu'il nous voit. Puis lorsque ses yeux ronds de stupeur se posèrent sur la chaîne qu'il m'avait offerte, nous remontâmes sur le toit, pour nous abriter derrière le rebord.
J'attendis quelques instants et me risquai à jeter un coup d'œil au surveillant du mirador. Il nous tournait le dos, il n'avait rien vu. Sans perdre plus de temps, je profitai de son moment d'inattention pour nous poster à la fenêtre de Gino. Celui-ci eut peur en voyant ce monstrueux volatile qui envahissait tout l'espace de la fenêtre. Il recula d'un bon mètre lorsque nous nous posâmes. Les autres prisonniers n'avaient rien remarqué et lorsque Gino se décida à se rapprocher, je vérifiai que le surveillant ne s'était pas retourné. Il fit de même, avec ses trois voisins de cellules. Ils dormaient à poings fermés, tout se présentait bien.
Posant les yeux sur la chaîne, il la détailla avec attention.
— C'est Lili qui t'envoie ? dit-il tout bas alors qu'il n'était toujours pas remis de sa surprise.
Je lui fis un petit hochement de tête, pour lui signifier qu'il était sur la bonne voie puis je passai la patte à travers les barreaux, et lui tendis la lettre. Il n'y avait pas de temps à perdre, même si je souhaitais le contraire.
— Tu comprends ce que je dis ? murmura-t-il abasourdi, alors qu'il semblait soudainement envahi par un doute total.
Pour la deuxième fois, j'affirmai.
Il prit la lettre et à peine eut-il enlevé l'élastique du papier, il se mit à la lire avec entrain. Il ne vit pas que j'avais penché la tête pour recevoir une caresse. Déçue, je retournai sur le toit et attendis le signal pour récupérer sa réponse.
Alors que je réfléchissais à la situation, ou plutôt à comment sortir Gino de cette prison, l'Aigle sans prévenir, tourna la tête brutalement sur le côté. Au travers de ses yeux, je vis un rat qui se promenait tranquillement près de nous. Mon temps de réaction fut devancé par celui de l'Aigle, qui avec une rapidité effarante fonça droit sur le rongeur, l'attrapa, lui sectionna le cou de son bec puis entreprit de le déchiqueter en arrachant des lambeaux de chairs sanguinolentes qu'il goba en m'ignorant royalement pendant que je lui hurlais mon dégoût.
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LES AILES DE MA VIE 2 Au travers de l'autre
ParanormalLES AILES DE MA VIE Tome 1 : L'initiation https://www.wattpad.com/myworks/46780310-les-ailes-de-ma-vie-l%27initiation Tome 2 : Au travers de l'autre Lili a fini son initiation. Elle peut enfin apprécier la vie comme n'importe quelle autre jeune f...