CHAP 8

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Le lendemain soir, ce fut accompagnée de mon père que je me rendis au terrain. Comme pour Kimy et moi le soir précédent, il fut très étonné par la longue rangée de caravanes qui stationnaient dans le chemin. Rangée qui s'était considérablement allongée en seulement vingt-quatre heures...

Il émit un début d'hypothèse :

— La mère de Guito est peut-être...

— Non ! le coupai-je. Impossible, on nous aurait prévenu !

Après nous être garés au début de cette longue file, nous remontâmes le sentier à pied.

— J'avais pas remarqué qu'il était si long ! soupira mon père.

— C'est parce que tu l'as toujours fait en voiture ! affirmai-je en vieille habituée.

Encombrée de mes deux sacs et parce que j'avais très peu dormi la nuit précédente mais aussi parce que j'avais eu une trop longue journée de cours, je commençais très sérieusement à peiner. Mon père me soulagea de l'un d'eux, le plus lourd, et alors qu'il passait la lanière sur son épaule, on aperçut du mouvement au loin.

Je reconnus Gino, Daven, Kimy et Dolan qui patientaient près du portail.

— T'as vu, me dit mon père, y'a les poms-poms girls qui t'attendent !

J'éclatai de rire en me représentant la scène et lui répondis avec un grand sourire :

— Alors là, t'exagère papa !

Kimy courut jusqu'à nous et se jeta sur moi en m'entourant de ses bras.

— Eh, doucement, tu vas la casser ! protesta mon père gentiment.

— Pardon, mais c'est que ça fait du bien de la voir. L'ambiance est tellement pesante là-bas, dit-elle en montrant de la tête le terrain des Dhoms. On étouffe un peu. C'est difficile...

Puis me reprenant dans ses bras, elle ajouta :

— Tu m'as trop manquée !

Mon père tiqua :

— Tu n'as pas été en cours aujourd'hui ?

— Si. Mais une heure sans Lili, c'est comme une journée sans elle, surtout dans un moment pareil.

— C'est bon, je suis là, lui dis-je en l'entourant de mon bras.

— Y'a un gros, gros 'blème, Lili, me souffla-t-elle à l'insu de mon père. Gino va t'expliquer...

Entraînés par mon amie, nous reprîmes notre marche mais un tant soit peu plus rapide. Elle nous donna les dernières nouvelles qui n'étaient pas très différentes de celles que je connaissais déjà, mis à part l'arrivée progressive des membres de la famille de Daven et autres amis proches qui commençaient à affluer doucement mais sûrement...

Alors que nous approchions du portail, mon père plissa des yeux et demanda :

— C'est qui ce petit gamin ?

— C'est Dolan, le p'tit frère de Gino, s'empressa de répondre Kimy. Tu vas voir, il est trop bon. En plus, c'est le «copier-coller» de son frère...

Comme nous arrivions à leur hauteur, Daven vint saluer mon père, mais avec une certaine gêne, ce qui ne lui ressemblait pas. Gino ne parut pas plus à l'aise et lorsque nos regards se croisèrent, je perçus de l'inquiétude. Quant à Dolan, il refusa tout bonnement la main que lui tendit mon père et il se cacha derrière les jambes de son frère. Ce dernier le sermonna, mais là encore, ce ne fut pas convainquant du tout...

Daven dut sentir mon impatience à enfin comprendre ce qu'il se tramait car il s'adressa à mon père :

— Euh, mon père doit être à l'intérieur. Si tu veux, je t'accompagne !

— Ok, je te suis ! lui répondit mon père, en se débarrassant de mon sac qu'il posa à même le sol.

— Bon, je vais vous laisser aussi les jeunes parce que j'ai faim ! nous dit Kimy.

Elle tendit la main à Dolan.

— Tu viens avec moi, gamin ? On va voir s'il y a quelque chose à manger !

Il accéda à sa demande et ils partirent tous les deux vers la maison.

Restés seuls, je lançai à Gino un regard interrogateur, mais il attrapa un de mes sacs et me fit signe de le suivre. Je pris mon deuxième sac et nous nous dirigeâmes vers une caravane qu'il partageait depuis peu avec Falco.

— Qu'est-ce qui se passe ? lui demandai-je une fois à l'intérieur. C'est la grand-mère ?

Gino pris sa respiration.

— Non, dit-il en posant mon sac.

Il s'adossa à l'évier en prenant appui sur les rebords avec ses mains puis posa ses yeux sur moi. Il avait vraiment l'air d'être tracassé.

— Réanne est là.

— Là, tu veux dire là, ici, au terrain ? dis-je soufflée par la nouvelle.

Il attesta d'un signe de tête.

— Elle est dans la maison !


LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant