CHAP 44

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 La mort était venue. Je l'avais sentie qui me soulevait et qui m'emportait loin de ce monde, dans lequel je ne me situais plus. Alors que je ne touchais plus le sol, je sentis quelque chose de liquide et de frais qui tombait sur moi.

Était-ce de l'eau ? Y avait-il de l'eau là où je me trouvais ? Si c'était le cas, alors, elle était l'eau salvatrice qui en purifiant mon corps, me lavait de tout ce qui était mauvais en moi. Je serai pure en rejoignant Raoul et sauvée de ce futur si noir qui m'était destiné.

Je ne savais pas où j'étais, ni si le voyage serait long, mais il serait beau, avec des décors aux couleurs pastelles, des endroits chauds aux senteurs douces et sucrées. Ce serait à n'en pas douter, un voyage parfait où le malheur, le danger et la tristesse n'existaient plus.

Je ne voyais ni ne sentais mon Aigle. Était-il encore loin de moi ? Est-ce lui qui m'accueillerait lorsque je serais arrivée au bout du chemin ? Serait-il heureux de me retrouver, moi qui fus sa seule élève ? Bien sûr qu'il serait heureux. Au moins autant que moi.

Mais dans l'immédiat, il n'y avait rien de tout ce que j'avais imaginé. Le chemin était plus long que je ne l'aurais cru. L'eau s'écoulait toujours sur moi, de plus en plus dense et de plus en plus froide. Pourtant, j'avançais toujours car je sentais mon corps en mouvement dans cet espace immensément grand.

Alors, j'appelai Raoul pour qu'il me guide jusqu'à lui mais il ne me répondit pas. A la place, j'entendis Jump qui hurlait à la mort. Il me disait adieu, comme il l'avait fait pour Raoul. Il m'accompagnait dans ma dernière demeure...

— Ne t'inquiète pas, lui dis-je ou peut-être le pensais-je, on se reverra bientôt !

Des anges vinrent à ma rencontre. Ils étaient beaux, ils avaient l'air accueillant. Ils me touchèrent le visage, chacun leur tour, puis l'un d'eux s'approcha plus près de moi. Il me dévisagea avec insistance. Ses yeux me parurent soudain malveillants. Il me contourna, tout en me touchant, puis sans prévenir, me bouscula méchamment. Se replaçant devant moi, il me dit d'une voix éraillée :

— Qu'est-ce que t'as fait Lili ?

La peur m'empêcha de répondre. Il insista :

— Réponds ! Qu'est-ce que tu as fait ?

Il désigna le couteau, toujours planté dans ma poitrine et d'un coup sec l'arracha. Je hurlai de douleur en me pliant en deux, son rire mauvais et sadique raisonnant dans mes oreilles. Je baissai les yeux sur ma blessure, elle ne saignait pas. Quand je les relevai, j'étais seule, les anges avaient disparus... En désespoir de cause, j'appelai mon Aigle en criant son nom, jusqu'à ce que le noir m'emporte enfin avec lui.

...

Je n'étais pas morte ! Sinon comment expliquer que je me trouvai allongé sur un lit, dans la chambre que j'avais occupée pendant mon enfance, avec Kimy ronflant à mes côtés et mon chien qui me léchait le cou ?

Si je me fiai à mes derniers souvenirs, j'étais en parfait décalage avec eux. Entre la tombe de Raoul et ce lit, il y avait plusieurs centaines de mètres qui les séparaient, mais peut-être avais-je imaginé les derniers évènements ? Peut-être avais-je tellement souhaité mourir que j'avais cru vivre mes derniers instants ? Une douleur au niveau de ma poitrine me fit gémir quand je voulus me redresser. Finalement tout était bien réel, j'avais juste loupé l'épisode dans lequel deux supers héros, très certainement mon père et Guito, s'évertuaient à sauver contre son gré une fille nocive, qui n'en valait pas la peine, moi...

J'avais raté mon entrée dans l'autre monde, lequel je pensais être meilleur pour moi. Ma déconvenue était totale car même en caressant mon chien, je ne retrouvais pas le plaisir et le réconfort habituellement éprouvé. Comment trouver alors le courage de continuer à vivre ?

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant