CHAP 56

1.4K 149 88
                                    

Je me dirigeai vers les nouveaux arrivants avec une méchante boule dans le ventre et me jetai dans les bras de mon père. Les avoir tous les deux près de moi pour mon départ, me rendait celui-ci subitement concret et je réalisai pleinement que j'en étais arrivée à ce moment tant redouté.

A quoi pensai-je, quand mon père, de son bras puissant, me serra à m'étouffer ? Ou bien quand Celso, posa enfin sur moi ce regard si particulier et que j'avais attendu si longtemps, celui du grand frère bienveillant ? J'étais bien incapable de le dire tellement mon esprit, submergé par des émotions violentes, ne voyait et ne contrôlait plus rien. L'odeur qui se dégageait de lui ne m'aida pas à recouvrer mes esprits, parce qu'elle ressemblait très fortement au parfum que je lui avais offert au dernier Noël...

Alors, je m'éloignai d'eux, pour remettre un peu d'ordre dans ma tête très chamboulée, et me dirigeai vers Fati et ses frères. Mais croire que se serait moins difficile fut une erreur. Même si les émotions n'étaient pas de même nature que pour mon père et mon frère, elles furent toutes aussi brutales. Fati n'arrivait pas à me lâcher. Sentir sa douleur me fit fondre en larmes et elle aussi. Younes me posa une main maladroite mais touchante sur l'épaule. Puis, doucement, prit sa sœur par le bras.

— Viens Fati, faut dire au revoir à Gino aussi.

Face à Amin, je ne pus me contenir plus longtemps. Ce fut sur lui que je craquai et m'effondrai littéralement. Le pauvre, il ne sut comment réagir tellement je l'inondai de larmes.

— Viens, me dit-il sans pour autant me lâcher.

Il m'emmena légèrement à l'écart des autres et me fit asseoir sur le marchepied de la caravane de Daven. Il s'agenouilla devant moi et me souleva le menton afin de capter mon attention.

— Allez, calme-toi. Un départ, c'est pas une fin en soi. Pense plutôt à ta nouvelle vie.

— Je sais, mais je suis jamais partie loin de vous. Ni loin d'ici d'ailleurs...

Mes mots étaient coupés par des sanglots que je ne contrôlais pas.

— Tu pars avec Gino. Je te sais à l'abri avec lui. Il ne laissera personne te faire de mal. Il me l'a promis. Tu n'as pas à t'en faire, tout ira bien.

— C'est pas de partir avec lui qui me fait mal, mais de vous quitter. De savoir que je ne vais pas vous revoir de sitôt.

— Si toi, me dit-il en pointant un doigt dans ma direction, tu peux pas revenir alors, nous, on viendra. Tu n'auras qu'à nous le faire savoir.

— Et comment ? On pourra même pas se téléphoner !

— Pour l'instant, mais dès que les choses se seront tassées, dès qu'il n'y aura plus de danger pour Gino, on reprendra contact. Même si c'est dans un an ou plus.

— Tu m'oublieras pas alors ?

— Bien sûr que non !

Ses yeux devinrent brutalement brillants quand il reprit :

— Je t'ai fait du mal et je n'ai jamais pu le réparer. J'ai donc une dette envers toi. Alors penses-y quand tu jugeras que c'est nécessaire. Peu importe le moment, je répondrai à ton appel.

— Tu ne me dois rien.

— Au contraire. J'ai fait une erreur qui t'a fait souffrir, et qui m'a fait te perdre. Je n'arrive pas à passer à autre chose, à l'inverse de toi. Je me dis que, peut-être, si je peux régler cette dette, je me sentirais mieux...

— Amin, si on était resté ensemble, on aurait pas échappé à ce qui se passe aujourd'hui.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant