Le lendemain soir, ce fut une véritable invasion dans le jardin des parents de Fati. Nous avions tous répondu présent à leur invitation, même Gino, qui bien que mal à l'aise, faisait l'effort d'être souriant et agréable. Jusqu'au moment fatidique où Amin pointa le bout de son nez. Le regard assassin que Gino me lança alors, tout comme celui d'Amin vers sa sœur était assez représentatif de ce qu'ils avaient en tête à ce moment là.
Fati poussa son frère vers Gino, en lui disant :
— Allez, c'est ton invité, tu dois l'accueillir comme il se doit !
Les paroles menaçantes qu'il lui proféra n'eurent aucun effet sur elle et ce fut avec un sourire victorieux qu'elle le poussa un peu plus vers nous. Ils étaient coincés car ils ne pouvaient rien faire, entourés comme ils l'étaient par les membres de leurs familles respectives.
Leur poignée de main, bien qu'elle fût un peu forcée, parut amicale surtout qu'Amin l'accompagna en mettant la main sur son cœur, geste de respect chez les Musulmans, que Gino apprécia à sa juste valeur.
Kimy immortalisa cet instant en les photographiant et Fati et moi jubilions de la réussite de notre plan, même si nous savions que rien encore n'était gagné. Mais c'était déjà un bon début.
La soirée continua tranquillement, dans une ambiance très chaleureuse, presque familiale. Mais plus elle avançait, et plus la tristesse m'envahissait parce que je prenais vraiment conscience que j'allais tous les quitter.
J'étais assise dans le fond du jardin, à les regarder discuter, rire, aller et venir quand ma vue se brouilla. Je les aimais tous car jusqu'à présent, ils avaient fait partie intégrante de ma vie et chacun à leur façon m'avaient apporté du bien être, du réconfort de par leur simple présence. Certains, comme Guito et Nellita y avaient mis tout leur cœur et ne m'avaient pas tourné le dos en découvrant ce que j'étais réellement. Je mesurais la chance qui m'avait été donnée de les avoir rencontrés, sans eux, ma vie aurait été bien plus difficile, mais aussi plus triste.
Je m'essuyai les yeux quand Kimy vint me rejoindre.
— Regarde ! me dit-elle en me montrant Gino et Amin, ils ont l'air de mieux s'entendre.
Ils étaient assis l'un en face de l'autre, chacun sur une chaise de jardin et semblaient discuter de choses très sérieuses.
— Je paierais cher pour savoir ce qu'ils se disent ! lâcha-t-elle tout en les prenant en photo avec son téléphone portable.
Bien sûr, j'entendais parfaitement le sujet de leur conversation. Ils mettaient carte sur table, réglaient leurs différents me concernant. Il était temps !
— Je t'ai mitraillé la soirée. Tu voulais des souvenirs de nous, et bien tu auras de quoi faire avec ça ! me dit-elle ravie.
— Merci Kimy. Ca me fait plaisir, dis-je en lui déposant un baiser sur la joue.
— Mais j'espère bien ! Regarde la commère là-bas. Elle en rate pas une miette.
Elle parlait de Daven qui surveillait son cousin et son ami, juste au cas où cela tournerait mal. Et il n'était pas le seul à les observer. Falco, Younes, Fati et Guito aussi avaient un œil sur eux.
Ils s'inquiétaient pour rien. Il n'y avait aucune tension dans l'attitude de Gino et d'Amin. Ils parlaient posément et n'avaient aucunement l'intention d'envenimer leur désaccord.
Puis Gino se leva et se dirigea vers nous. Il savait que j'avais pleuré. Amin l'avait vu et le lui avait dit. En le voyant approcher, Kimy m'embrassa à son tour sur la joue et lui céda la place.
— Alors, satisfaite ? Le spectacle t'a plu ? me dit-il en faisant apparaître son sourire à fossettes.
— Oui. C'est mieux, tu ne trouves pas ?
— Disons qu'en d'autres circonstances, ça ne se serait jamais passé. Mais là, c'est différent, tu vas partir et je veux pas que t'ais des regrets inutiles.
— Merci.
— De rien, mais je te cache pas que j'ai pris beaucoup sur moi.
Je ne relevai pas. Mes pensées s'étaient déjà recentrées sur ce que j'allais bientôt devoir quitter et mes larmes refirent leur apparition.
— Comment je vais faire sans eux ?
Gino soupira.
— Je sais pas. Je suppose que ça va pas être simple, mais tu vas t'habituer parce que tu as connu pire et parce que tu es forte. Tu les laisses en bonne santé et leur vie restera la même. C'est déjà pas si mal...
Il avait raison bien sûr, mais la peine qui s'installait dans mon cœur allait être difficile à déloger.
— Tu m'aideras à me déshabituer d'eux ? l'implorai-je d'une petite voix.
— Je ferai tout pour t'y aider. Allez, c'est à ton tour de prendre un peu sur toi. Tu me dois bien ça ! me dit-il en m'empoignant doucement le bras. Debout Princesse et amuse-toi. C'est ta soirée, ce soir !
Et alors qu'il m'extirpait de la chaise dans laquelle je m'étais bien calée, je vis Tito qui jouait avec le petit Bilel, le neveu de Fati. Ils étaient tous les deux du même âge et s'entendaient déjà bien. Non loin d'eux, Donnie habillait une poupée qui appartenait à Shaïnez, la sœur de Bilel et elles aussi s'amusaient bien ensemble. Ils suivraient très certainement le chemin de leurs aînés en formant à leur tour, des duos inséparables.
C'était vrai, je n'avais pas à m'en faire. La relève était assurée, je ne les verrais pas évoluer dans leur quotidien, mais je les suivrais de là où je serais.
VOUS LISEZ
LES AILES DE MA VIE 2 Au travers de l'autre
ParanormalLES AILES DE MA VIE Tome 1 : L'initiation https://www.wattpad.com/myworks/46780310-les-ailes-de-ma-vie-l%27initiation Tome 2 : Au travers de l'autre Lili a fini son initiation. Elle peut enfin apprécier la vie comme n'importe quelle autre jeune f...