CHAP 45

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 Nous accompagnâmes celui que, malgré sa mauvaise humeur du matin, je considérais toujours comme mon père de cœur, à sa voiture. Il repartait pour Mesmina et ne reviendrait que le week-end suivant, accompagné de Gino.

— Ca te laisse cinq jours pour te remettre d'aplomb physiquement, et aussi, je l'espère, te remettre du plomb dans la cervelle !

Puis, alors que mon père et Kimy étaient un peu éloignés de nous, il me prévint :

— Ne t'avise pas de faire quelque chose qui pourrait traumatiser Kimy. Je te le ferai regretter amèrement !!!

Je ne pus m'empêcher de le défier une dernière fois avant son départ.

— Je n'ai pas peur de toi !

— Je t'ai déjà assommée une fois, je te jure que je n'hésiterai pas une seule seconde à recommencer. T'as bien compris ?

— Message reçu cinq sur cinq ! affirmai-je, faussement obéissante.

Lorsque sa voiture s'éloigna, je réalisai qu'il allait me manquer comme jamais auparavant. Il avait déjà pris une place particulière dans ma vie et dans mon cœur bien avant ces derniers évènements. Tout ce qu'il avait fait depuis, prouvait à quel point il tenait à moi et il avait raison, mon geste n'avait été que pur égoïsme...

L'eau chaude qui coulait sur ma peau me réconcilia un peu avec la vie car c'était divinement bon. La conversation avec Kimy n'y était pas étrangère non plus avec cette sensation de bien être, trop longtemps oubliée. Peut-être bien que l'engueulade de Guito aussi. En lui tenant tête, je lui avais démontré que j'étais de retour et j'allais lui prouver que j'étais bien vivante, en assumant ce que j'étais !

J'avais déjà commencé en révélant à Kimy la partie de moi qu'elle ne connaissait pas. Il ne me restait plus qu'à trouver le courage de faire de même avec Gino. J'avais cinq jours pour m'y préparer, c'était peu, mais en même temps, cela me paraissait loin...

La matinée s'était écoulée doucement et calmement ; quant à l'après-midi, il passa plus vite mais fut encore plus calme. Nous nous étions tous octroyés une sieste au sommeil très réparateur en ce qui me concernait. J'avais sondé mon corps avant de me lever le matin. J'avais constaté que mon cœur avait bel et bien été transpercé par la lame du couteau. Après la sieste, il n'en restait presque plus de trace. Il se réparait vite et bien, c'était bon signe. Mais sur mon corps, au niveau de la poitrine, le passage de la lame resterait à jamais gravé sur la peau. La cicatrice commençait tout juste à blanchir. Je n'avais déjà plus besoin de pansement...

Le soir venu, assise sur les marches de la cuisine, je regardais sans le voir vraiment, mon père s'activer à la préparation du dîner. Beaucoup de questions vagabondaient dans mon cerveau et Kimy étant sous la douche, j'en profitai pour lui poser celles qui me taraudaient le plus.

— Papa, y'a quelque chose que je ne comprend pas...

— Quoi ?

— Je me suis sondée ce matin et j'ai vu que mon cœur avait été touché par le couteau. Comment ça se fait que je suis là à te parler ?

— Tu ne peux pas te tuer !

— Comment ça ?

— Tu ne peux pas mourir parce que tu le décides, ça ne se passe pas comme ça, pas avec toi. Ton corps se répare tout seul. Si admettons, tu venais à te casser une jambe, tu n'aurais pas besoin de plâtre, une attelle te suffirait amplement. Voilà aussi pourquoi tu n'es jamais malade. Tu te guéris toute seule, avant même qu'une maladie n'ait le temps de se développer en toi.

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant