CHAP 18

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 Nos pas résonnaient sur le trottoir alors que nous marchions toutes les deux en direction de chez moi. Les rues étaient encore désertes à cette heure-ci et seules quelques rares voitures troublèrent le calme matinal.

Quand un violent crissement de pneus se fit entendre tout près de nous, nous faisant sursauter de peur. Une portière claqua, puis une silhouette fonça droit sur nous.

— PUTAIN, MAIS T'ETAIS OU LILI ?

C'était Gino. Mais un Gino véritablement en colère...

— TU SAIS PLUS REPONDRE AU TELEPHONE ? Vociféra-t-il. J'AI ESSAYE DE TE JOINDRE TOUTE LA NUIT ! TU VIENS D'OU LA ?

— Je... J'étais chez Fati, bredouillai-je.

— TOUTE LA NUIT ?

— Oui...

Il se tourna vers mon amie, pour avoir confirmation, ce qu'elle fit prestement en agitant sa tête de haut en bas.

Gino planta son regard dur et froid sur moi.

— Grimpe dans le camion ! m'ordonna-t-il en pointant ce dernier du doigt.

Prise au dépourvu, je ne bougeai pas.

— MONTE TOUT DE SUITE !

Fati me mit un coup de coude dans le bras et murmura :

— Vaut mieux que t'y ailles...

La tête basse, je me dirigeai vers la camionnette, sans savoir qu'après avoir passé la pire de toutes mes nuits, j'allais en plus affronter la pire engueulade de toute ma vie...

En ouvrant la portière, je ne pus m'empêcher de regarder une dernière fois Fati. La laisser seule sur le trottoir, de cette façon là, alors qu'elle avait passé le début de la nuit à me parler et à me réconforter, me désolait. Ce n'était pas correct de la part de Gino. Elle ne méritait pas d'être traitée de la sorte.

Je m'installai sur le siège et puis fermai la portière pendant que Gino faisait de même. Sauf que la différence sonore entre son claquement de portière et le mien fut sensible. Il l'avait claquée si fort que j'en eus mal pour elle. Quant au demi-tour, ce fut pour moi qu'il fut le plus douloureux. Le coup de volant de Gino fut si brutal que mon épaule heurta la vitre de la portière. Mais je ne gémis pas, car la tempête arriva vite et se déchaîna sur moi...

Tour à tour, il me sermonna tel un père envers son enfant, pour être partie sans le prévenir puis tel un mari envers sa femme, pour avoir fini la nuit chez son ex et enfin tel un ami, il me blâma de ne pas être allée le voir lui, pour lui relater mes déboires avec Réanne.

Tous ces reproches, rien que pour moi. Il s'en était fallu de peu qu'il ne me tienne pour responsable de la faim dans le monde.

Pendant tout ce temps, je le dévisageai et je fus surprise par la découverte que je fis ; même en colère, il était beau ! Comment cela pouvait-il être possible ? La colère, en principe, déformait les visages, les rendant laids, hideux voir inhumains. Mais pas lui. Elle le rendait même divinement sublime et ce fut dans un état de complète béatitude que je le contemplai...

Je recouvrai mes esprits, quand il freina brutalement devant mon allée.

— Alors, vas-y, je t'écoute ! lança-t-il, en se tournant vers moi.

— Tu veux savoir quoi ? lui demandai-je prudemment.

— Tout ! Ta soirée, ta nuit, ce qui s'est passé avec Réanne, comment tu t'es retrouvé chez ta copine... Tout quoi !

LES AILES DE MA VIE 2  Au travers de l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant