Bonjour tristesse...

2. ... Bonjour

Même en naviguant de profil en profil, mes recherches ne portaient pas leurs fruits. Je désespérais à la vue de toutes ces invitations. Aucun ne sortait du lot. Pendant trois jours, j'arpentai le site à la recherche de la perle rare. Mais rien. Le néant... J'engageai quelques conversations mais ils n'étaient pas bavards. Voire pas du tout. Je ne savais que faire : changer de tactique, changer de site ?

Pendant près d'une semaine, je continuai à déambuler dans les couloirs du lycée, l'air pensive et déprimée. À la cantine, je m'installais seule à une table et entamais chaque jour un nouveau livre. C'était devenu mon obsession, mon seul compagnon, mon seul intérêt. J'enviais tellement ces personnages : une histoire d'amour intense à la Roméo et Juliette. Tout ce qui me manquait.

Les nuits, je passais mon temps sur le site. Je recevais tellement de messages que je ne m'y retrouvais plus. Je m'apercevais que je pouvais avoir autant de mecs que je voulais mais ce n'était pas mon désir premier. Je voulais tout simplement quelqu'un qui puisse m'aimer autant que je pouvais donner...

Un garçon, seulement, retenu mon attention : il s'appelait Anthony. Il était d'une beauté atypique mais dégageait tout de même un charme. Il avait l'air assez grand, assez sûr de lui. À première vue, il ne me plaisait pas tant que ça mais je ne m'arrêtais jamais au physique. Il pouvait aussi bien devenir un ami proche. Nous avions commencé à nous connaître, puis est venu le moment de nos premiers surnoms, de nos premiers compliments. Jamais, on ne s'arrêtait de parler. On avait tant de choses à se dire, à s'avouer, à se confier. Il était devenu quelqu'un de très important à mes yeux : quelqu'un sur qui compter, à qui on pouvait faire confiance. J'oubliais mes problèmes avec lui. Il savait rendre mes journées joyeuses.

Je ne voulais pas aller trop vite de peur qu'il ne me prenne pour acquise. J'avais peur de souffrir comme toujours. Je me mettais quelques barrières mais je n'en oubliais pas pour autant mes sentiments naissants. Il avait réussi à me mettre en confiance, me faisant croire à une si belle histoire qui nous attendait. Nous nous étions promis de nous voir une après-midi sur Paris mais notre emploi du temps ne nous le permettait pas. D'une part, ça m'arrangeait, ça m'enlevait un stress mais d'un autre, l'envie de le voir en chair et en os réveillait en moi un rêve, une lueur d'espoir.

Je ne savais pas si je l'aimais, mais rien qu'à l'évocation de son prénom, j'avais le sourire... Je ne voulais absolument pas tomber amoureuse mais je ne pouvais me contrôler. Si j'avais pu, j'aurais refréné tous ces sentiments, je l'aurais délaissé, mis à mal, mis à terre. Mais je n'en avais ni la force ni l'envie. Je ne voulais pas le froisser... Et puis, il fallait bien que je me dévoile et que je me laisse aller.

Il me convenait parfaitement pour un premier petit copain. Apprendre, voilà quelque chose qui m'effrayait par-dessus tout... J'étais vierge de toute expérience, de toute relation amoureuse mais ça ne semblait pas le déranger pour autant. Au contraire, il trouvait ça plutôt mignon.

Un mois plus tard, nous avions enfin fixé une date pour notre première rencontre. J'étais terrorisée. Dans trois jours, j'allais enfin être face à lui et obtenir des réponses.