40. "Appelle-moi"

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Nous discutâmes pendant une heure encore, posés sur un banc au milieu d'une place bondée. J'appris qu'il étudiait la science politique à la fac d'à côté. Il habitait le 15ème arrondissement -tout comme moi- et était titulaire d'un bac ES. Je me souvenais l'avoir entendu glisser "On a tellement de points communs, si ça se trouve on est des âmes soeurs." Mon coeur avait opéré un raté.
Ce soir-là, dans ma petite chambre du septième étage, je rayonnais, les yeux posés sur la paume de ma main inscrite de son numéro.
"Appelle-moi quand tu veux" m'avait-il dit avant de me prendre une dernière fois dans ses bras. J'avais eu mal en le voyant s'éloigner. Je m'étais si vite attaché à lui que ça en devenait surprenant. Ce n'était pas comme d'ordinaire, c'était plus intense, plus spectaculaire. Mes actions ainsi que mes émotions semblaient décuplées. Je l'aimais comme jamais je n'avais aimé.
Ma joie de vivre était revenue et les blessures s'étaient dissipées. Il était désormais le seul qui hantait mon esprit.
Une image m'était apparue lors de notre conversation : celle de ma grand-mère, toujours à l'écoute. Elle avait su me guider, me conseiller quand je lui parlais de mes amoureux pendant mon adolescence, et je l'en avais remercié. Mais elle me manquait terriblement... Je savais bien qu'elle m'observait de son petit nuage et ne souhaitait que mon bonheur.
Inscrivant le numéro de Maxime sur un bout de papier, je glissai celui-ci ensuite dans le tiroir de ma table de nuit. Je l'appelerai plus tard bien que j'en mourais déjà d'envie.
Je pris soin de faire ma petite vaisselle, de tout ranger mais rien n'y faisait je n'arrivais pas à penser à autre chose.
M'assseyant sur mon lit, j'ouvris le tiroir et commençai à composer son numéro. J'étais tellement stressée que je n'arrivais même pas à tenir mon appareil.
Malheureusement, je tombai sur sa messagerie. Une partie de moi était soulagée mais l'autre s'en voulait de ne pas l'avoir appelé plus tôt.

Tant pis, me dis-je. Je retenterai demain, ce n'est pas peine perdue.

J'éteignis alors toutes les lumières, préparai mon sac pour le lendemain et m'endormi paisiblement.

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant