33. Solitaire

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Il tentait au plus profond de lui de se calmer. Mais je sentais qu'à tout moment, il pouvait ne plus se contrôler. Il n'avait qu'à suivre son instinct... Après tout sa nature serait enfin révélée au grand jour.

- "Qu'est-ce que t'attends pour me frapper ?"

Il avait plongé son regard intense dans le mien. Je ne devais pas me montrer impuissante face à cette situation. La tension était palpable.

Tentant de le pousser, il me prit immédiatement par le bras.

- "Vas-y je t'attends !" lui criais-je hargneusement.

Il ne réagit pas.

- "Ça sert à rien que je t'explique de toute façon..." me dit-il.

Le regardant s'éloigner, il ne me dédaigna même pas un baiser. Il ne voulait pas assumer mais le laisser partir de cette sorte était trop facile. J'étais seule dans le noir, un malheureux lampadaire vacillait. Il manquait de s'éteindre à tout moment. Je ne voulais pas rentrer chez moi. A quoi bon?
Je me suis allongée sur un banc avec pour seule couverture mon pauvre manteau. J'étais frisquée et je paraissais déboussolée. En vérité, oui je l'étais bel et bien. J'étais dans l'incompréhension la plus totale : mon couple était-il fini? Allait-il se remettre avec Mathilde et m'abandonner une nouvelle fois...? Bien qu'il m'ait promis de ne jamais me faire souffrir.

"Je refuse d'être responsable de ton malheur" tout n'était qu'illusion.

Mais comment oser parler d'amour profond quand on nous blesse de la sorte ? Tant de problèmes parasitaient mon esprit : travailler sans cesse jusqu'à épuisement et mon cœur qui ne tenait plus qu'à un fil.
Je n'avais plus la force, j'aurais pu rester là, pendant 3 jours, sans boire ni manger. Je ne connaissais plus l'affection désormais, juste la trahison et la sournoiserie.
Aucune nouvelles de personne, pourtant je devais m'y habituer. Tout le monde part un jour c'est bien connu.

Plongée dans mes retranchements, je me fis interrompu par le faible clapotement de la pluie sur le métal. Il commença à pleuvoir plus densément, mais je ne partis pas me réfugier. Après tout, tomber malade n'était qu'une broutille.
Me recroquevillant sur moi-même, je n'eus pas tellement de mal à m'endormir, les yeux dénués de lassitude et les lèvres fatiguées de prier pour me faire enfin comprendre...

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant