Bonjour tristesse...

53. Le masque tombe

Mes oreilles étaient infestées de bourdonnements. J'avais des vertiges et une baisse de régime. Agenouillée par terre, les mains posées sur les rebords de la poubelle, je tentais de retrouver un minimum de santé.
En prenant appui sur l'objet, je me remis debout difficilement. Mes jambes tremblaient.
La cantine s'était vidée. Seul les femmes de ménage erraient dans la salle.

- "Mademoiselle, vous vous sentez mieux ?" s'autorisa l'une d'entre elle.

Ses yeux étaient emplis de compassion. C'était touchant.

- "Oui, merci."

Elle partit sans insister. Je remarquai sa façon d'être, sa façon de respecter mon intimité. Elle avait assisté à toute la scène pourtant elle ne m'avait collé aucune étiquette.

En sortant de l'enceinte du lycée, je découvris avec stupeur, un amas d'etudiants figés devant la grille. Au loin, j'aperçus Maxime aux bras d'Emilie. Il s'était bien foutu de ma gueule. Comment avais-je pu tomber aussi facilement dans le piège ?
J'avais été tellement niaise, je m'en voulais désormais.
Mais Anthony dans tout cela, quel rôle jouait-il? Celui de l'entremetteur, du méchant ou du vengeur ? Quelle place occupait-il... ? Cela me préoccupait.

J'attendis encore cinq minutes et pourtant la situation ne progressa pas. Soudain, le souvenir du visage de Julien me donna le blues. J'avais tellement eu foi en notre histoire, je lui avais tant donné et voilà que mon passé me rattrapait. En six mois, ma vie sentimentale avait viré au cauchemar. L'innocence de ma jeunesse avait laissé place aux déboires...

Mon esprit commençait à divaguer. Il ne faisait plus la part des choses. Il était brouillé de pensées parasites. Les deux tourtereaux ne se préoccupèrent pas de la situation à venir. Lorsque Émilie osa poser son regard sur moi, elle accompagna son dégoût d'un doigt d'honneur.

- "Qu'est-ce que tu fais là?" me demanda l'inconnu derrière moi.

- "Je devrais te poser la même question... Tu n'es plus lycéen à ce que je saches et tu n'habite pas dans cet arrondissement."

- "Ça ne te regarde pas."

- "Pourtant si tu es le moteur de toute mon histoire."

- "C'est ce que tu penses mais je n'ai rien à voir avec ça..."

- "Alors dis moi ce que tu fous là. Oui. Dis-le-moi Anthony !"

- "Je suis juste venu voir un ami. Mon meilleur ami."

- "Ah oui et je peux savoir qui est-ce !?"

Me dépassant d'un coup d'épaule, il se dirigea vers les autres. Il slalomma entre les filles qui s'esclaffaient et des mecs qui les épiaient.
Je suivis sa traversée jusqu'à ce que je comprenne la destination. Il se dirigeait vers la personne que je redoutais, Maxime.