44. Mauvais jour

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Je me perdue à penser durant les quelques heures restantes. Et si finalement je n'y allais pas? Et si je lui posais un lapin ? Il l'aurait bien mérité.

Un soupçon de haine en moi mêlé à un profond amour sincère et destructeur brouillait toute solution objective. On ne m'avait jamais fait souffrir à ce point, jamais je n'avais versé autant de larmes pour un garçon. Relisant à nouveau son SMS, je soupçonnais une farce ou une soif de vengeance de la part de sa copine. J'aurais trouvé cela petit.

La boule au ventre, je marchais en direction du banc. Il était situé au milieu de la grande rue. Au moins, cela me laisserait un temps de réaction et d'adaptation. Me cachant discrètement derrière un arbre, je vis qu'il était déjà là. Il n'avait pas l'air attendri ni patient mais plutôt sur la défensive, sur les nerfs. Il dévisageait les passants d'un air méprisant, bien repoussant à mon goût. J'eus soudain l'envie de reculer, de repartir chez moi. Aujourd'hui il ne m'inspirait pas confiance. Mais il ne fallait pas que je m'enfuis. Je voulais des explications.
Me rapprochant petit à petit, il me regarda au moment où une légère brise de vent souleva mes cheveux et les ébouriffa dans tous les sens. En me voyant souffler, il ne put s'empêcher de s'esclaffer bêtement partant dans un de ces fous rires incontrôlables. Je pris mal cette attitude et lui tourna le dos afin de rentrer activement. Je l'entendis m'appeler un bref instant puis plus rien. Ralentissant vivement le pas et jetant un coup d'oeil derrière, je m'aperçus qu'il s'était déjà volatisé. Il avait sûrement mieux à faire !
En regardant à nouveau devant moi, je me cognais brusquement à quelqu'un.

- "Putain mais dégage, laisse-moi passer."

J'essayais de me frayer un chemin mais ce petit comique m'empêchait de passer.

- "Pourquoi tant de vulgarité? me dit-il le sourire au coin, c'est toi qui m'a dit de venir et tu comptes me laisser en plan comme ça."

- "Arrête, on n'a plus rien à se dire."

Il parut surpris que je m'énerve aussi rapidement.

- "Allez, va baiser ta meuf au lieu de me barrer la route."

- "Tu plaisantes? C'est plutôt toi que j'ai envie de mettre dans mon lit", repliqua-t-il d'un ton rieur et enjôleur.

Je reculai lorsqu'il commença à me toucher les hanches. Il était dérangé et puait l'alcool à des kilomètres.

- "Allez rentre chez toi, t'es déchiré."

- "Pas sans toi ma belle."

Sur ce, je traversai la route bondée de voitures roulant plus vite les unes que les autres. Je tenais Maxime par le bras quand il commença à se plaindre de son mal de tête. Puis il glissa.

- "Ah, je sais où on va... On va chez toi ma coquine."

J'avais vraiment bien choisi mon jour...

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant