52. Émilie

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Que faire entre risquer ou s'en aller ? Je la voyais, là, devant moi, enjouée comme je me l'étais imaginée. Elle ne me regardait pas. En vérité, personne n'avait remarqué ma présence comme si une bulle m'emmurer. Jamais, je n'avais visité cette enceinte pourtant elle me paraissait familière. Une nostalgie des années lycées? Probablement.

Hésitante, la gorge nouée par le stress et l'inquiétude, je devais redoubler d'effort pour atteindre un degré de combativité extrême. Je rejetai mes faiblesses, mes peurs et tout ce qui suivait... Et les comblai par ma détermination inébranlable.
Relevant mes manches et la regardant avec une haine, je commençai à marcher dans sa direction. Mes pas étaient lourds, mon coeur battait la chamade, mes yeux vacillaient, s'humidifiant généreusement.
J'étais tel un fantôme au milieu de tous ces individus. Je m'arrêtai brusquement et en pivotant la tête vers la droite, je m'aperçus que je venais de me faire découvrir : Maxime. Son visage était tendu, marqué par l'incompréhension la plus totale. Il me fixait. Je soutenai son regard jusqu'à ce que l'un lâche le premier. Par énervement, je me ravisai. Ce n'était pas pour lui que j'étais venue mais pour elle.
Tambour battant, je me plantai devant cette mégère. Elle se pressa et se leva d'un coup.

- "Enfin tu es là, visiblement tu n'en as pas eu assez" me lança-t-elle en me regardant des pieds à la tête.

La pression montait, je sentais mon visage rougir de colère.

- "Viens là si tu oses !"

Nez à nez, des gens tentaient de nous écarter. Un garçon, aux allures de tombeur, prit de force mon adversaire pour lui éviter tout désagrément. Malgré tout, elle se débattait ardemment mais ne réussit pas à lui échapper.
En l'observant méthodiquement, je ne la trouvais pas si mignonne que ça. Certes, elle dégageait un charme particulier mais son caractère la rendait imbuvable.

- "Arrête, pourquoi tu l'agresses !?"

Maxime. Il me lança un regard effrayant et dur dès que je lui fis face.

- "Qu'est-ce que ça peut te foutre." lui répondis-je

- "Je ne te reconnais pas, tu as tellement changé."

De quoi se mêlait-il?

- "Dégage de ma vue." le menaçai-je.

- "Non et tu sais très bien pourquoi. Je ne comprends pas. Non. Je ne comprends pas pourquoi tu es là. Pourquoi tu m'ignores depuis des semaines et pourquoi tu agresses Émilie !"

- "Émilie c'est ça son nom ?"

Il hocha la tête et dit :

- "Ouais et c'est ma copine."

Sans mot, je continuai à le fixer autant qu'il me l'était possible. Un soupçon de répugnance traversa alors mon corps et mon esprit. J'hésitai entre le giffler ou l'ignorer.

Il tenta d'établir un contact entre ma peau et la sienne, je le repoussais aussi fermement.

- "Ne soit pas fâché, je t'en supplie..."

Pour qui me prenait-il ? Son objet ? Je fus rapidement éprise de vertiges et de nausées.
Des fourmis s'étendaient de mes épaules au bout de mes doigts. J'avais envie d'en venir aux mains. Il me blessait. Il me meurtrissait.
Au loin, je distinguai une poubelle. Je sentis des remontrances acides prendre part dans ma gorge. J'avais envie d'y déverser toute ma folie et mes déboires sentimentaux.
Et de me réveiller.

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant