47. Souvenirs flous

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Soudain, je me réveillai, allongée sur le sol. Ma vision était brouillée et des voix bourdonnaient autour de moi. Je devinai que ce n'était pas une situation habituelle, pourtant j'avais beau essayé de me souvenir, je n'y arrivais pas.

Le voile se souleva de plus en plus et en peu de temps, la lumière commença à m'aveugler. Une foule nombreuse et bruyante m'entourait. J'avais la tête qui tournait et je sentais des bleus partout sur mon corps. J'avais mal. Des plaies ouvertes, l'odeur du sang... J'en avais la nausée.

Que s'était-il passé ?

Je pris appuie sur mes coudes pour tenter de me lever mais une femme m'arrêta et m'ordonna de rester couchée. Je n'en avais pas envie. Je n'avais pas besoin de son aide. Ou plutôt de leurs aides. Qui étaient donc tous ces gens agglutinés autour de moi? Je ne me souvenais plus de rien. Déboussolée, je n'arrivais même pas à articuler le moindre mot, j'étais encore dans les vapes. Je sentis des mains froides se poser sur mon front et un murmure au creux de mon oreille "tu vas bien ?". Je ne connaissais pas cette voix.
Lorsque je regardai la femme qui venait de me parler, je ne distinguai que ses traits les plus grossiers.

J'avais une telle envie de partir, de me lever, d'enfin savoir ce qu'il venait de se passer.

Lentement, je réussis à retrouver un certain équilibre.

- "Mademoiselle restez ici la police ne va pas tarder".

Je fis abstraction d'elle. Je décidai de remonter la rue en courant malgré ses supplications.
Soudainement, j'entendis les sirènes des voitures de police se rapprocher. Je priai pour qu'il ne m'arrête pas.

J'avais fini par m'abriter sous un abri de bus, puis je parcourus des yeux les dégâts causés sur mon corps. Le simple toucher de mes doigts sur ma peau me piqua.
Au rythme de chaque découverte, la mémoire me revenait. Je me revoyais : seule face à cette inconnue, seule face à cette brute. Les coups dans le ventre qu'elle m'avait donnés, les claques qu'elle m'avait affligées. Éprise de frissons, une sueur froide coulant le long de mon dos, je ne me sentais plus en sécurité. Tous les événements remontèrent à la surface. J'étais craintive, je ne voulais plus bouger, je ne voulais plus revoir cette voiture noire ainsi que ses propriétaires. Comment pouvait-on battre quelqu'un en pleine rue sans raison valable?

En regardant autour de moi, j'étais espiée de la tête aux pieds. Mon accoutrement n'était pas passé inaperçu. Les gens se questionnaient, leurs regards les trahissaient. Comment pouvaient-ils croire que je n'en avais pas conscience ?
Certains prirent peur et changèrent de trottoir. D'autres me dévisagèrent. D'autres continuèrent à m'ignorer. Pourtant, je suis restée immobile. Je suis restée là, attendant que quelque chose se produise.

Cependant, je n'étais persuadée que d'une chose. J'allais découvrir qui étaient les auteurs de cette tragédie et j'allais me venger.

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant