46. Altercation

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Qu'allais-je devenir? Mis à part me morfondre ostensiblement.
Je voulais changer d'air, changer de paysage, faire de nouvelles connaissances. Je voulais partir, loin, emportant simplement quelques affaires indispensables à ma survie. Cette impression d'être de trop, d'être une parmi tant d'autres, je ne supportais plus.
J'avais tant envie de ne plus faire parti de ce monde.
Cette vie mélancolique, triste et monotone avait donc eu raison de moi. Je me sentais tellement seule que pendant quelques instants, j'hésitais à renouer avec mon passé. D'une certaine façon, je pensais toujours un peu à Julien. Il me manquait. Putain. Je le revoulais, je le redésirais. J'avais tant besoin de lui, tant besoin qu'il me redonne le sourire. Il avait été tout mais aujourd'hui il n'était plus rien. Qu'était-il devenu? S'était-il remis avec cette Mathilde? J'en avais les larmes qui coulaient. Mais finalement je me ravisais. Il allait m'envoyer balader.
Une fois que j'eus terminée de m'accabler sur mon sort ce matin-là, je partis une fois de plus sur le tard. Je sortis donc de l'immeuble d'un pas empressé. Il faisait froid et brumeux et pourtant les lampadaires des rues ne s'étaient pas allumés. En passant devant les restaurants habituels, je me fis interpeler bruyamment par un automobiliste. En une fraction de seconde, la voiture se gara maladroitement sur une place banalisée. Les vitres étaient teintées ce qui ne m'avait pas empêchée de distinguer deux personnes à l'avant du véhicule. Une des portières s'ouvrit et une fille sortit d'un pas décidé. Elle était assez jeune, brune avec de jolies ondulations, vêtue d'un manteau brun et d'un jean. Elle était en colère. À première vue, j'ai pensé que ses injures ne m'étaient pas destinés. Pourtant, après de brefs coup d'œil, je m'aperçus que nous étions seules dans la rue...
Lorsqu'elle m'eut enfin nettement dans son champ de vision, elle me pointa du doigt et me lança.

- "Toi, viens-là. Espèce de salope."

Je ne comprenais pas. Qui était cette fille provocatrice ? Je ne l'avais jamais vu ou du moins son visage ne m'évoquait rien.
Elle continua sur sa lancée.

- "T'as peur ou quoi !?"

Arrivée à ma hauteur, elle commença à s'emballer de plus en plus violemment. Une fille haineuse qui en voulait.

- "Tu vas voir, je vais te refaire le portrait moi !"

A mon tour je répliquai :

- "Pourquoi tu m'agresses, j'te connais même pas !"

Elle avait réussi à me faire perdre les pédales. J'étais rarement combative mais là c'était inévitable.
Elle fit abstraction de mes propos et me menaça brutalement. Il ne fallait pas que je sois éprise d'une vague de panique.

- "Bah vas-y, ne te gêne pas frappe-moi. Je suis tout à toi !", dis-je en lui faisant des signes d'encouragement.

Elle remonta alors ses manches, prit soin d'enlever tous ses bijoux et commença à s'étirer. Sous mes yeux interrogateurs et perdus, elle rit à gorge déployée. Ses coups n'allaient pas tarder à partir... Je le sentais.

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant