Durant ces trois jours, je ne savais plus combien de fois j'avais fait le tour de mon jardin en marmonnant des phrases inintelligibles. Je me faisais tellement de film que ça en devenait presque absurde. Je n'avais jamais été autant stressée même pas pour mon oral de bac. La pression était inévitablement au rendez-vous. Et si je ne lui plaisais pas ? Et si jamais il me repoussait quand je tenterais de l'embrasser... ? La veille du jour fatidique, je n'arrivais pas à me vider l'esprit. J'étais si oppressée, si tendue... Cette nuit-là, je ne dus que dormir 4 ou 5 heures ; voir les heures découler si vite me donnait la boule au ventre. J'eus du mal à me lever, à m'habiller, à m'apprêter puis vint le moment où j'ai dû partir au train. Une fois seule sur le quai, je me disais que j'avais encore une chance d'échapper à ce rendez-vous. Mais pourquoi reculer si ce que je désirais était presque à ma portée ?
Les 30 minutes de trajet me parurent une éternité. Comme nous l'avions prévu, il devait m'attendre à la gare du Nord. J'étais arrivée avec 10 minutes d'avance, ça me permettrait de souffler même si je n'aimais pas attendre comme ça au milieu de visages inconnus. Je me sentais observée de toutes parts et extrêmement mal à l'aise. Les minutes défilèrent comme neige au soleil et une vingtaine de minutes plus tard, il n'y avait toujours pas d'Anthony. Il ne s'était quand même pas perdu. Je n'avais aucun message et il ne répondait pas non plus à mes appels. C'était inquiétant.
J'avais presque envie de pleurer, tellement que ma douleur à l'estomac se faisait ressentir. 30 minutes après, je pris enfin la décision de rentrer chez moi... J'en avais marre de l'attendre, j'étais en colère. Comment avait-il osé me laisser comme ça toute seule à la gare? A peine eus-je franchis la porte de ma maison que ma mère m'harcelait de questions et s'étonna de mon arrivée si soudaine, elle non plus ne comprenait pas. Je n'avais pas la tête à lui répondre et fonça tête baissée jusqu'à ma chambre. Jetant mon sac en plein sur le mur, j'avais envie de déverser ma colère sur quelque chose. N'importe quoi : un objet, une simple photo, tout aurait pu me calmer.
Toute la soirée, je ne reçus aucune nouvelle... Il s'était comme volatilisé. Peut-être avait-il pris peur avant de venir ? Pourtant, ça ne lui ressemblait pas. J'avais appris à le connaître, à savoir qui il était vraiment et non pas ce qu'il représentait aux yeux du monde. Je lui en voulais, je me sentais si mal...
Une semaine passa et toujours aucun signe de vie. Il avait sûrement dû déjà me remplacer... Je ne me reconnaissais pas, j'étais tout le temps mélancolique, toujours là à me morfondre...
Fallait-il que j'avance ? Que je l'oublie dès maintenant ? Rien que penser à cette idée, ma gorge se nouait. Je n'en avais pas envie mais pourtant c'était ma seule alternative. Je ne me sentais pas prête à faire face à une éventuelle souffrance. Je ne voulais pas tomber vers le bas. Au contraire, je voulais m'élever, déployer mes ailes et ne plus être malheureuse. C'était mon souhait le plus cher. Je ne voulais plus me contrarier pour un oui ou pour un non, je voulais juste vivre pleinement ma vie.
Mais mes amours ont toujours rythmé ma vie tout comme la souffrance. Ma vie est un grand livre qui ne cessera jamais d'avoir des rebondissements : des dissonances comme des surprises...
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Bonjour tristesse...
General FictionCélibataire depuis longtemps, Mary est en quête du grand amour. Découvrez les pensées tumultueuses de cette jeune adolescente de 17 ans.