54. Tout arrêter

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Je marche. Je cours. Je vole.
J'échappe à la vérité qui obstrue mes pensées.
Anthony... Comment ai-je pu me laisser tenter ?
Quel plaisir éprouve-il dans la torture? Je n'ai pas de mots à poser sur mes pensées. J'assiste impuissante à la scène. Je souffre en silence. Je les regarde, pendant qu'eux me saluent gaiement et brièvement.
Puis de nouveau, ils m'ignorent, comme si de rien n'était. J'ai juste envie de leur cracher à la gueule. Mon souhait : laisser mon coeur crier sa détresse. Ils m'ont atteint. Ils ont réussi. Quel privilège.

Qu'ai-je fait de travers... Qu'ai-je fait pour subir pareille cruauté ?
Je m'assis par terre la tête entre les genoux et j'hurle jusqu'à exploser ma voix. J'extériorise tout. Je répands ma douleur sur toute cette terre. Je suis unique et seule, dépourvue de mes forces. Elles sont désormais entre leurs mains et ils ne font que s'amuser avec.
Je fais l'objet de tous les ragots. Mais je suis fatiguée, crevée d'accumuler, d'encaisser toutes ces injures.
J'ai envie de m'suicider. De m'pendre. De tout envoyer valser.
Regardez-moi. Regardez ce que je suis devenue. Fragile comme une brindille. Sensible et incompréhensible.
Je suis laide. Je m'déteste. Je suis maladroite. Qui voudrait de moi? À qui pourrais-je plaire ? Mon âme est morte le jour où j'ai eu ma première déception sentimentale. Pourtant ce sont des choses qui arrivent. C'est naturel, inévitable. Vous le savez.

Je m'imagine le corps flottant à la surface de la mer, inconscient, sans vie, représentatif de ma mentalité. Je pourrais rester comme ça des heures. Pendant une putain d'éternité. Je ne manquerais à personne. Je serais comme un papillon dans la nuit noire. Invisible.

J'suis folle. J'me suis égarée. J'ai rien à faire ici. Je devrais partir.
Anthony, Julien, Maxime. Je les effacerais tous de l'océan de ma mémoire mais j'aurais aimé qu'on m'apprenne à ne plus penser. J'aurais aimé qu'on me tue, qu'on m'achève, que mon cerveau s'arrête et que mes idées ne cessent de s'y bousculer. L'amour rend aveugle, j'en demeure le meilleur exemple.
Je pleure, j'ai le coeur qui saigne et le corps marqué à vie.
C'est donc ça la véritable souffrance. Fonder tous nos espoirs en une seule et même personne, en une seule et même histoire pour se retrouver dénouée, tiraillée par l'incompréhension et le désespoir.
Après ça qui peut espérer avoir mon coeur entre ses mains. C'est fini. J'arrête. Je me mure dans un silence profond. J'arrête de rêver, d'espèrer, d'aimer.
On fait des rencontres qui bouleversent toute notre vie mais je dois me rendre à l'évidence.

Mon sort demeura incontestablement la tristesse.

Bonjour tristesse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant