Chapitre 15 : Les couleurs du vent

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Hermione entra dans l'esprit de son professeur. Qu'elle lise dans son esprit signifiait qu'il allait bientôt se réveiller – si ce qu'elle avait compris la dernière fois s'avérait exact. Elle devrait faire attention d'en sortir à temps. Elle savait que ce qu'elle allait voir allait être éprouvant pour elle, comme ça l'avait été pour lui, mais elle voulait savoir, elle voulait comprendre.

La jeune fille, cependant, ne s'attendait pas à se retrouver dans une prairie verdoyante, regardant de loin deux enfants allongés sur l'herbe. Un vent frais agitait la cime des arbres et la petite étendue d'eau entre eux et elle. Elle s'approcha, cherchant à capter leurs conversations. Mais plus elle s'approchait, plus l'assourdissant bourdonnement dans son oreille devenait précis. Elle s'arrêta pour essayer de le comprendre, mais elle avait l'impression qu'elle ne le pourrait qu'en s'approchant encore, ce qu'elle fit. Et le grondement montait, et Hermione avait peur de bien comprendre ce qu'elle entendait. C'était un canon de la même voix retentissante, en colère, et en l'entendant pour la première fois distinctement, elle se retrouva éjectée de l'esprit de Severus Rogue, incapable de supporter les insultes incessantes faites à son sang.

La jeune femme revint à elle frêle dans le bureau du Maître des Potions. Elle n'avait finalement rien appris, si ce n'est qu'il haïssait les Sang-de-Bourbe. Elle en fut déçue. Pas personnellement – du moins elle tenta de s'en convaincre – mais du fait qu'il était censé enseigner sans distinction de sang. Malheureusement...

Ça devait être pour cela qu'il privilégiait les Serpentards. Tous des sangs purs ou des sangs mêlés...

Elle était terriblement déçue. Cependant, à la première respiration du Maître des potions, elle n'en laissa rien paraître et se plaça devant lui, raide comme un piquet, les bras croisés, le regard froid, telle une femme attend son mari qui rentre tard le soir.

- J'aurais du me souvenir qu'un Serpentard ne tient jamais ses promesses, cracha-t-elle.

Il était encore en train de s'étouffer mais leva vers elle un regard... d'excuse ? Hermione en fut déstabilisée. Non, pas question qu'elle le laisse s'en sortir comme ça !

- Sérieusement, qu'est-ce qui vous a pris ? Vous savez que c'est dangereux, vous... vous ne pouvez pas vous tenir tranquille ?

- Et vous, vous ne pouvez pas me laisser tranquille ?

- Non ! Je ne tiens pas à ce que vous recommenciez ! Comment avez vous pu... !?

- Vous avez éludé la question en annonçant que j'étais un Serpentard.

- Je vous pensais plus... plus...!

Mais devant son air las, la tête dans les mains, elle ne put continuer sa phrase. Lui dire qu'elle l'aurait cru plus combatif ? Ca n'aurait fait que le blesser. Et le voir ainsi... non. Non, elle ne pouvait pas, ça lui serrait le cœur.

Elle sépara les serpents et, d'un petit coup sur celui de Severus, l'envoya reprendre sa place, qu'il connaissait apparemment très bien. Elle se saisit ensuite du sien et le mit rapidement autour de son propre poignet, en attendant, avant de reporter son regard sur son professeur. Il semblait vraiment hagard, et la lionne eut un élan vers lui après avoir replacé son bracelet autour du poignet. Mais lorsqu'il releva la tête, ses yeux encore vides, vers la jeune femme, elle s'arrêta. Ce regard, à défaut d'exprimer ce qu'il aurait dû, était comme une non-acceptation de ce qu'elle allait faire. Et intérieurement, elle le remerciait de l'avoir regardée. Qui sait ce qu'elle aurait fait sinon ?

Elle se planta néanmoins devant lui et lui tendit la main, un peu tremblante.

- Vous avez besoin de dormir, Severus.

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