Et cette situation continua. Chaque soir, Hermione se rendait dans les appartements du professeur Rogue. Elle y lisait, y faisait ses devoirs. Et comme promis, il lui apprenait les rudiments de la magie noire. Il n'était pas plus bavard qu'en cours – il la laissait lire, elle était intelligente, il n'allait pas paraphraser – mais lorsqu'il devait lui expliquer quelque chose, il était doux, patient. Si différent.
Elle ne se préoccupait plus des serpents. Il avait pris l'habitude, lorsqu'elle entrait, de lui enlever d'un geste lent, caressant, toujours de la même façon. Il prenait le sien et les posait tous deux sur la table basse du salon. Ainsi, ils étaient eux même, et il était certain que si lui faisait un geste vers la jeune fille, elle le repousserait, puisque plus manipulée.
Maître d'eux même, comme il fallait l'être dans la pratique d'une telle magie.
Mais considérant de plus en plus l'autre comme le maître.
Ils ne se débarrasseraient pas des Serpents. Et même s'ils le pouvaient, même s'ils le faisaient, rien ne changerait. Il était trop tard maintenant.
Seulement, après l'avoir accepté eux même, comment auraient-ils pu penser que ça pouvait être réciproque ?
Severus, doublé de son manque de considération pour lui même, comment aurait-il pu penser qu'elle avait trouvé près de lui une présence rassurante, une personne douce, quelqu'un dont elle appréciait le silence ?
Et Hermione, considérée pendant des années comme une Miss Je-Sais-Tout, comment aurait-elle pu penser qu'il aimait ça maintenant, qu'il prenait plaisir à répondre à ses questions – qu'elle essayait d'ailleurs de réduire au maximum ?
Il n'y avait plus eu de dispute depuis quelques jours, et grand bien leur en faisait. Malgré l'humeur massacrante du professeur lorsque Hermione entrait en sa demeure, il faisait vite la part des choses et se calmait. Mais ce soir, alors qu'elle l'attendait – il donnait ses cours d'Occlumancie à Harry, cela faisait plusieurs fois qu'elle venait alors qu'il était absent, mais ça ne semblait pas le déranger quand il rentrait – il regagna ses quartiers furieux.
Elle se leva d'un bond quand il entra, prête à ce qu'il fasse naître de délicieux frisson sur son bras, comme chaque jour, en enlevant son Serpent. Mais il lui jeta un regard glacial et la dépassa.
- Partez, Miss Granger, dit-il en claquant la porte de sa chambre derrière lui.
Hermione resta bouche bée, immobile en plein milieu de la salle. Quand elle reprit ses esprits, elle ne put que froncer les sourcils, et d'une petite voix, murmura un « mais... » presque inaudible. Elle ne comprenait pas. Était-ce Harry qui l'avait rendu comme ça ? Comment Harry avait-il pu le mettre à ce point en colère ? Elle avait l'impression que tous les efforts qu'ils avaient fait ensemble avaient été réduits à néant en une soirée, et elle détestait Harry de lui avoir gachée. Mais elle ne pourrait pas lui dire : il n'était toujours pas au courant de ses sorties nocturnes. A croire qu'ils s'en fichaient, lui et Ron. Après tout, ils avaient autre chose à faire : jouer avec les inventions des frères Weasley, lire des trucs sur le Quidditch... Harry ne prenait même pas au sérieux tous ses rêves ignobles qu'il faisait, même après ce qui était arrivé à Arthur Weasley ! Elle lui en voulait d'être si immature. Même si il subissait une pression énorme...
Enfin, là, elle avait plus important que Harry à penser.
Severus Rogue.
Elle reprit contrôle d'elle même et alla frapper à la porte de la chambre de son professeur, murmurant son prénom d'une voix douce mais non moins ferme. Elle avait beau frapper, elle n'entendait rien de l'autre côté. Elle fut brusquement saisie d'angoisse. Quelque chose de soudain, de prenant, de puissant, de grandissant, qui lui serrait le cœur, asséchait sa gorge, la rendait mal. Très mal.
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Planète
FanfictionLes préjugés devraient-ils empêcher les gens de se connaître ? Faut il s'y plier ou aller contre ? Hermione a décidé de passer outre et d'aller s'expliquer avec un certain professeur Rogue ... Mais une potion et des objets magiques plus tard, c'est...