Chapitre 59 : Des flammes, de l'eau et encore de l'eau

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Le château était en effervescence. Dehors, professeurs, membres de l'Ordre et élèves se mélangeaient pour protéger le château. À l'intérieur, comme des fourmis que l'on attaque, les élèves couraient par-ci par-là pour chercher leurs baguettes, se préparer à combattre mais aussi à soigner les blessés. Alors qu'Harry allait glaner des informations sur la nature de l'objet qu'ils avaient à trouver et sa localisation, Hermione et Ron se dirigèrent vers la Chambre des Secrets. Ron l'ouvrit en parlant Fourchelangue – c'était très impressionnant d'ailleurs – et ils se saisirent du crochet de Basilic qui les aiderait à se débarrasser de l'Horcruxe qu'ils avaient déjà en leur possession, et de celui qu'ils allaient trouver – il fallait garder espoir.

C'est Hermione qui détruisit la coupe de Poufsouffle, déchaînant le pouvoir de l'Horcruxe et leur faisant prendre la deuxième douche froide de la journée. Puis ils partirent à la recherche d'Harry, dans la Salle sur Demande qui n'apparaissait pas sur la carte du Maraudeur, en espérant que celui-ci avait trouvé le nouvel horcruxe.

Or, il avait été Malefoy et ses deux acolytes, Zabini et Goyle, avaient Harry en joug lorsque Hermione et Ron pénétrèrent dans la Salle sur Demande. Hermione les désarma et ils prirent la fuite, permettant au trio de retrouver le diadème de Serdaigle, projeté dans les airs à cause du bref combat qui avait précédé.

Mais quelque chose clochait. Il y avait une odeur de... de fumée. Oui c'était ça, du feu. Dans sa grande intelligence, Goyle avait jeté le sortilège de Feudeymon à l'aide de sa baguette cassée.

La salle s'embrasait à la vitesse de l'éclair, et n'offrait plus aucune issue. Heureusement, dans le fatras d'objets présents, le trio tomba sur des balais, qu'ils enfourchèrent. Récupérant Malefoy et Zabini au passage (Goyle étant malencontreusement tombé dans les flammes), non sans une menace de mort de la part de Ron à Harry, ils quittèrent la salle in extremis, détruisant le diadème et l'envoyant au feu – pour être sûr.

Alors que Ron et Hermione se relevaient tant bien que mal, Harry restait à terre, les muscles tendus, la respiration saccadée. Ses amis attendirent patiemment que sa vision s'achève, un regard inquiet posé sur lui.

- Le ... Le serpent. Je crois que c'est le dernier Horcruxe. Vous-savez-qui essaie de le protéger à tout prix.

- Et tu sais où il est ?

- Dans la cabane hurlante ... Je crois.

- Allons-y.

Les trois adolescents commencèrent leur course folle dans les couloirs de Poudlard. Hermione empêcha Greyback de transformer Lavande en loup-garou, et lorsqu'ils s'approchèrent, ils constatèrent que la Gryffondor était encore vivante. Ils la transportèrent tant bien que mal dans l'infirmerie de secours installée dans la Grande Salle, Ron la portant tandis qu'Hermione et Harry montaient la garde, et ils se remirent à courir, à travers les sortilèges, les araignées, les géants, les statues de pierre, enjambant amis comme ennemis, ne prenant pas le temps de les regarder, d'avoir une dernière pensée pour ces gens décédés au combat – quand bien même certains étaient mauvais.

C'était horrible et ils couraient, sans s'arrêter, sans aucun obstacle qu'ils ne pouvaient surmonter, le chemin s'ouvrant sur leur passage. Et enfin ils furent à l'abri de tout ça, loin, sans pour autant s'arrêter de courir jusqu'à arriver à la cabane hurlante. Doucement – pour la première fois depuis de longues minutes –, ils s'approchèrent du bâtiment, et plus Hermione s'approchait, plus elle sentait la présence de l'homme qu'elle aimait à l'intérieur avec le Mage Noir le plus puissant encore vivant à ce jour. Elle savait pourquoi il était là, tout comme Harry et Ron, et elle doutait que cela finisse bien. De lourdes larmes commencèrent à sillonner ses joues à mesure qu'elle sentait son pou accélérer, jusqu'à s'arrêter.

Ron fut le plus rapide et la prit contre lui, posant une main contre sa bouche, pour éviter tout ce qui pourrait en sortir si elle se mettait à pleurer bruyamment. Elle-même se retenait, grimaçant de douleur face à ce cœur qui ne se remettait pas à battre. Elle se sentait mourir. Elle avait dit qu'elle se battrait pour lui, et là, elle ne pouvait rien faire, alors qu'il allait se faire tuer et qu'elle l'aimait tant. Et Harry et Ron, même s'ils ne l'approuvaient pas, le savaient très bien. Durant ces longs mois, son absence, presque plus que l'épreuve qu'avait été de lancer un Oubliettes sur ses parents, avait été pesante, et même si l'atmosphère n'était pas à l'humour, Hermione avait été bien plus sombre que ses deux amis. Severus avait été présent à chaque moment. Chaque instant. Elle fermait les yeux et elle le revoyait, faire une potion, la serrer dans ses bras, lui parler. Une torture.

Et maintenant qu'elle revenait, pour lui, il allait... il allait...

Il fut projeté sur un mur et, en entendant son râle à travers la paroi, Hermione se sentit encore plus désespérée. Elle se mourait en le sentant partir. Ses sanglots devenaient de plus en plus difficiles à contrôler, et elle porta les mains à ses oreilles, pour ne plus l'entendre agoniser. Mais au moment où ses mains allaient se poser, elle entendit, résonner dans ses tympans, la voix glaçante de Voldemort.

- Nagini ... TUE !

Le serpent se jeta sur le Maître des Potions, qui accusa le coup, en même temps que le bruit caractéristique du transplanage se faisait entendre. Le cœur d'Hermione lâcha, et si elle avait cru qu'elle ne pourrait ressentir pire douleur que la précédente, elle avait tort. Le serpent ayant achevé son travail, il disparut lui aussi et Ron relâcha son emprise sur la bouche d'Hermione pour en exercer une plus grande sur son corps, pensant qu'elle en avait besoin et qu'elle allait pleurer toutes les larmes de son corps. Mais à la place, elle le repoussa maladroitement et s'extirpa de son étreinte pour rejoindre Rogue en titubant, suivie par ses deux amis.

Les yeux embués, les jambes faibles, elle s'approcha du corps de l'homme qu'elle aimait qui gisait contre le mur. Elle s'agenouilla près de lui et le regarda quelques secondes avant d'attraper en tremblant son bras gauche, et d'en soulever la manche, une grimace sur le visage. Et si elle s'était trompée ? Si la sensation qu'elle avait eue avait seulement été celle de la perte irrémédiable de l'être aimé ? La jeune femme ferma les yeux et laissa échapper quelques larmes, puis rassembla son courage et regarda le bras de Severus.

Son soulagement se transforma en de nouvelles larmes, et elle se mit à rire en même temps. Les crocs du Serpent de Severus étaient plantés dans sa peau mais, sentant Hermione, il relâcha sa prise et se tourna vers elle en sifflant joyeusement. Elle riait toujours entre ses larmes et prit l'artefact entre ses doigts, sentant le sien glisser le long de son bras pour retrouver son homologue. Ils s'enroulèrent et la jeune femme, dans un état second, passa une main dans la nuque de Rogue, et amena son front contre celui, froid, de son professeur de potions. Elle l'embrassa une fois, une deuxième, une troisième, avant de commencer à se calmer. Retrouvant sa rationalité, la jeune fille fouilla dans son sac et en sortit plusieurs flacons, avant de choisir un de ceux qu'elle avait pris au Prince de Sang Mêlé avant de partir, comme il lui avait « proposé ». Son onguent... Celui qui soignait les blessures et régénérait le sang.

La rouge et or lui en appliqua abondamment et colla à nouveau leurs deux fronts.

- Réveille-toi vite, mais reste là. Ne bouge que si tu sens une menace. Je reviendrai te chercher. Je te le promets.

Elle fit de nouveau entrer en contact ses lèvres trempées avec celles froides et dures du mort.

- Je t'aime. Attends-moi.

Elle passa sa main sur la joue du Maître des Potions en se relevant, puis d'un revers de manche sécha ses larmes.

- Allons-y, fit-elle à l'intention d'Harry et Ron.

Ils parcoururent le chemin inverse en courant, conscients que, là-bas, la guerre était loin d'être finie.

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