Chapitre 39 : Un effrayant gris anthracite

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La plaidoirie de Rogue avait beau avoir été merveilleusement menée, elle n'avait pas changé l'avis d'Hermione il était hors de question qu'elle aide Drago, d'une quelconque manière que ce soit, s'il gardait cette façon d'agir. Quittant les appartements du Maître des potions ce matin là, elle se dit qu'il était capable de lui faire faire n'importe quoi et elle eut peur. Non, il n'oserait pas, n'est-ce pas ? Il ne l'avait jamais dit, mais il l'aimait .. non ? Était-il prêt à aller aussi loin pour arriver à ses fins ? Après tout, il trompait Voldemort (était-ce vrai ? elle doutait), il n'aurait aucun doute à tromper une gamine comme elle, surtout aveuglée par l'amour qu'elle lui portait.

La jeune femme s'arrêta au détour d'un couloir et se posa contre le mur, les yeux fermés, soupirant. Et s'il mentait ? S'il avait tout prévu ? Si ce n'était qu'un piège, si elle avait eu, depuis le début, ce rôle à jouer ? Si les petits vieux de la boutique étaient dans le coup, eux aussi ?

La nuit avait été plutôt mauvaise (elle y avait pensé tout ce temps, à lui ainsi qu'à Drago alors que Rogue, lui, semblait faire sa meilleure nuit depuis longtemps), et forcément, elle était fatiguée. Tout autour d'elle n'était que menaces et elle n'avait pas les idées claires. Elle aurait aimé ne pas aller en cours – surtout qu'elle commençait par les Potions. Et même si c'était un autre professeur que Rogue ... c'était justement vraiment bizarre.

- Qu'est-ce que tu fous là Sang de Bourbe ?

Hermione se redressa subitement pour faire face à Drago Malefoy, ses yeux plein de haine posés sur elle.

- Dégage Malefoy.

- Toi, dégage. C'est toi qui n'es pas où tu devrais être.

- Et toi, d'où viens-tu ?

- J'ai torturé deux ou trois personnes comme toi avant de déjeuner, ça me met en forme.

- Tu es un monstre, Malefoy.

- C'est toi le monstre. Tu ne devrais même pas exister. Tu ne mérites pas ta place ici.

- Quand on tombe assez bas pour suivre Voldemort, je pense qu'on peut dire qu'on n'a pas sa place ici non plus.

Malefoy se déplaça tel un serpent vers elle et l'attrapa par le col.

- Depuis trois ans je rêve de te rendre l'affront que tu m'as fait, fit-il, ses yeux translucides plantés dans ceux de la Gryffondor.

Elle était sur la pointe des pieds, la tête en arrière, pour respirer. Ses mains essayaient désespérément de faire se relâcher la poigne du Serpentard, mais elle n'y parvenait pas.

- Mal-Malefoy ...

- Une supplication, Granger ?

La jeune femme essaya de rassembler assez de souffle pour répondre mais n'y parvint pas. Elle se mit à prendre de l'air de plus en plus convulsivement, sentant ses jambes s'affaiblir et sa vue se brouiller.

- Il suffit, Monsieur Malefoy.

Instantanément, Hermione fut relâchée. Ses poumons s'emplirent d'air en grand bruit, et elle tituba contre le mur.

- Je peux comprendre votre aversion pour Miss Granger, fit la voix lente de Rogue alors que celle ci continuait à respirer profondément, mais vous en débarrasser ne réglera pas votre problème et au contraire, Monsieur Malefoy. Regagnez votre salle commune.

Il regarda le jeune homme prendre le chemin des cachots puis se tourna vers Hermione. Elle s'était calmée mais se délectait encore de respirer, son corps encore avachi, et les yeux ouverts. Il garda le silence quelques secondes, droit, imposant, gardant ses distances et dardant sur elle un regard égal.

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