Planète

Chapitre 48 : Cerise et Réglisse

Hermione se jeta dans les bras de Harry, Ron, Ginny et Molly quand elle les revit à King's Cross. Les larmes lui remontèrent aux yeux, tout comme elles étaient présentes dans ceux de Molly, dont les pupilles avaient perdu de leur couleur. Fatiguée et triste, elle semblait avoir pris dix ans. Son mari posa un bras sur son épaule pour la rassurer.

- Au moins vous serez en sécurité à Poudlard, fit Madame Weasley en laissant échapper une larme.

Elle serra longuement tous ses fils et sa fille, et consentit enfin à les laisser partir. Assis dans un compartiment du Poudlard Express, ils furent silencieux comme la mort. Ron, particulièrement, regardait par la fenêtre, dans le vide. On voyait les flammes de l'incendie brûler dans ses yeux, souvenir encore trop présent dans son esprit. Hermione, dans ce malaise, ressentait le même qu'au moment où elle avait reçu le Patronus de Rogue. Et nul doute qu'Harry était mal lui aussi.

Il acheta quelques sucreries pour remonter le moral de Ron mais le garçon n'en mangea pas une seule. Il était vraiment mal. Hermione fit un sourire faible à son meilleur ami brun tout en jouant avec son pendentif à travers son vêtement. Puis elle soupira, regardant elle aussi par la fenêtre.

Heureusement, l'atmosphère familiale de Poudlard les revigora. Lors du repas du soir, Ron se remit à manger presque avec autant d'appétit que d'habitude. Cela redonna un peu son sourire à Hermione. Et puis, elle avait vu Rogue, et mieux encore, son soulagement sur son visage lorsqu'elle était entrée dans la Grande Salle, alors ça allait mieux.

Son Severus... La jeune femme leva discrètement les yeux vers lui et remarqua que ses yeux brûlants étaient posés sur elle. Elle lui sourit et il hocha la tête. Attends... Oh mon dieu. C'était un rendez-vous qu'il lui fixait. La jeune femme l'observa un peu plus attentivement et le vit lever discrètement son index.

- Une heure ? Forma Hermione sur ses lèvres sans le prononcer.

Il hocha la tête. Une heure. Cette nuit, elle le verrait, et elle pourrait lui offrir son cadeau de Noël et le remercier pour celui qu'il lui avait fait parvenir. Elle le toucha presque inconsciemment et continua de manger. Lorsqu'elle releva la tête, il ne la regardait plus. Combien de temps avait-il cherché à lui faire passer le message ? Elle soupira. Elle était irrémédiablement amoureuse.

Retournée chez les Gryffondors, elle alla prendre une douche avant de s'installer près du feu, avec un livre, pour tenir jusqu'à une heure du matin. Avant, ce n'était pas si difficile, elle pouvait venir le voir quand elle le voulait. Mais tout semblait différent cette année ... Enfin, elle aimait se dire que c'était une épreuve afin de tester leurs sentiments. Elle savait qu'il était là, qu'il allait bien, et elle faisait de son mieux pour s'en contenter. Elle soupira. Elle relisait Fin de Partie, elle le connaissait presque par cœur. Elle espérait que Rogue l'aimerait autant qu'elle, car Beckett ne faisait pas l'unanimité. Mais Hermione avait l'impression de comprendre son monde. C'était épuré de choses physiques mais tellement réfléchi. Comme Huis Clos de Sartre. C'était simple, mais beau.

La jeune femme finit son livre peu avant l'heure du rendez-vous et décida de descendre aux cachots. À pas de loup, elle fut rapidement devant chez son ancien professeur de Potions et y entra sans frapper.

Il était là, en train de lire, dans son fauteuil. La voyant il se leva, en silence, et s'approcha un peu d'elle. La Gryffondor combla la distance entre eux deux et elle se retrouva près de son corps, tout aussi silencieuse, ses yeux dans le charbon de ceux de son amant. Soudainement il se pencha pour capturer ses lèvres. C'était si inattendu qu'Hermione eut un sursaut, qu'il ne remarqua même pas, trop occupé qu'il était à l'embrasser comme un désespéré, comme si c'était la dernière chose qu'il ferait dans sa vie.