Planète

Chapitre 52 : Une sombre annonce

Les cours avaient fini par reprendre et, à son rythme, le temps était passé. On prenait le train le lendemain, et Hermione faisait ses valises quand elle y trouva trois parchemins, trois lettres que Severus lui avait écrit pendant l'été. Lorsqu'elle les avait saisies, elle avait été submergée par les sentiments qu'elle avait ressenti lors de leur première lecture, avant de les lire pour ce qui lui semblait être la première fois. Il avait toujours tenté de la protéger de tout, en prenant des risques fous. Il avait toujours fait en sorte d'être près d'elle, de la tenir au courant des événements. Une seconde, la jeune fille avait été tentée de montrer ces trois missives à ses deux meilleurs amis. Mais ils n'auraient pas compris... ou pas voulu comprendre. Il avait tué Dumbledore, après tout, et la haine qu'ils ressentaient, bien que remplacée par la lassitude, n'avait pas diminué d'intensité

Durant les dernières semaines, la jeune fille avait arpenté le château à la recherche de ses souvenirs. Elle en avait trouvé dans des couloirs, dans l'infirmerie, dans la Grande Salle, dans le parc. Y avait-il seulement un endroit où elle n'ait pas de souvenir de lui ? Même son dortoir avait fini par lui révéler un souvenir – et quel souvenir.

Elle était allée dans les appartements de Rogue plusieurs fois. En fait, elle y passait presque toutes ses nuits, à droite du lit, la main sur un torse invisible et la tête sur un bras tout aussi inconsistant. Seule dans sa superbe bibliothèque, elle avait lu un nombre incalculable de ses livres durant la période d'absence de cours.

Étonnamment, malgré les événements, elle allait plutôt bien. Elle était convaincue qu'il l'aimait (ou quelque chose s'en approchant, un sentiment à la Severus Rogue quoi), qu'il appartenait au même camp qu'elle, et qu'il était en sécurité même dans le camp ennemi. Après tout, il avait tué Dumbledore. Il leur avait prouvé qu'il était fidèle et loyal.

À la veille de son départ de Poudlard, c'est donc de bonne humeur qu'Hermione fit ses bagages.

Mais cette bonne humeur ne dura pas longtemps.

Severus Rogue se trouvait chez lui, à l'impasse du tisseur. Cela faisait plusieurs semaines déjà qu'il avait « accompli sa tâche ». Tuer Dumbledore. Ils en parlaient tous avec une telle allégresse. Quels abrutis, n'avaient-ils pas conscience qu'ils allaient perdre ? Tuer Dumbledore avait été LA provocation suprême pour Potter. Il n'aurait maintenant de cesse de le traquer, de le venger. Et Hermione serait derrière lui, à l'encourager. Par Merlin, comment supporterait-il de lui faire face, à la rentrée, et de voir la haine dans ses yeux ? De savoir qu'elle avait tout oublié d'eux ? Il avait fait le bon choix, il le savait. Et puis, elle allait beaucoup mieux, il le sentait. Au moins avait-il réussit ça.

- Je ne retournerai pas à Poudlard, annonça Harry.

- Pardon ? Répondit Hermione, pas sûre d'avoir bien entendu.

- Je ne retournerai pas à Poudlard, Hermione. Ce serait une année de perdue, une année à laisser les ténèbres avancer pendant que nous, nous suivrions des cours dont, pardonne moi, la moitié est inutile. Je dois reprendre les recherches de Dumbledore.

- Il serait d'ailleurs temps que tu nous en parles, Harry, fit Ron.

Le brun hocha la tête.

- Voilà, Dumbledore ... Était à la recherche des Horcruxes. Ce sont des objets dans lesquels Voldemort aurait caché un morceau de son âme. Il y en aurait 6, et deux ont déjà été détruits. Il s'agit du journal de Jedusor ... Et d'une bague que Dumbledore a détruite ...

Il marqua une pause.

- Dumbledore et moi sommes allés en chercher un, cette nuit là. Seulement voilà ... C'est un faux.

Il le tendit à Hermione. C'était un médaillon.

- Ouvre le.

La jeune femme le prit et obéit à Harry, trouvant à l'intérieur du bijou un petit bout de parchemin qu'elle déplia et lut à voix haute.

- « Au seigneur des Ténèbres. Je serai mort avant que vous ne lisiez ceci mais je veux que vous sachiez que c'est moi qui ai découvert votre secret. J'ai volé le véritable Horcruxe, et j'ai l'intention de le détruire dès que je le pourrais. J'affronte la mort dans l'espoir qu'à l'heure où vous rencontrerez votre adversaire, vous serez de nouveau mortel. RAB. » RAB?

- Je ne sais pas, répondit Harry. Mais qui que ce soit, il a le véritable Horcruxe. Et tout ça n'a servi à rien.

Par « tout ça », il entendait la mort de Dumbledore. Et plus encore, Hermione pensait au départ de Rogue. Elle ferma les yeux douloureusement, alors que le silence se faisait.

- Toujours est-il qu'il faut les trouver, reprit-il. Je partirai après mon anniversaire.

- Et nous viendrons avec toi, fit Ron après un regard à Hermione, qui avait assenti.

- Pas question.

- Harry, on en a déjà parlé. On fait les choses ensemble. Tu as besoin de nous.

La jeune femme se détourna de lui pour partir afin de lui faire savoir que la discussion était close. Mais avant cela, elle posa sa main sur l'épaule de son ami.

- Où tu vas ? Lui demanda celui-ci.

- Je n'ai pas fini mes valises, lui répondit-elle.

Ce n'était pas un mensonge.. pas entièrement. Après l'annonce qu'Harry venait de faire, Hermione se devait de remplir un peu plus ses valises. Elle se rendit donc dans les appartements de Rogue, prête à le dévaliser, et un sentiment désagréable l'envahit. Cette fois, pas de retour possible, il fallait faire ses adieux à l'endroit.

Mais avant cela, Hermione se fit un thé, comme à chaque fois qu'elle venait. Le contenu de la boîte avait considérablement réduit depuis le départ de Rogue et elle serait bientôt à court de ce breuvage succulent.

Sans se presser, comme une veuve qui se serait faite à la mort de son mari, la jeune femme but son thé en face d'un fauteuil vide, avant d'aller reposer la tasse dans l'évier. Elle prit la boîte de thé, la posa sur la table basse, et se dirigea vers le passage secret pour la bibliothèque.

Consciencieuse, elle en étudia chaque rayon, afin d'identifier les livres qui pourraient lui servir dans son périple. Elle fit beaucoup d'allers-retours entre la bibliothèque et le salon, où elle posait tout ce qu'elle emporterait sur la table basse. Quand elle jugea qu'elle en avait fini avec la bibliothèque, elle passa dans la chambre de Severus.

Elle s'arrêta à l'entrée, s'assurant de graver la pièce dans sa mémoire. Elle l'avait fait souvent, depuis qu'il était parti, et elle connaissait l'agencement de la pièce par cœur. Mais aujourd'hui que c'était la dernière fois qu'elle s'y trouvait, la sensation était différente.

Elle alla s'asseoir sur le lit, puis se laissa tomber en arrière, soupira, et ferma les yeux. Au bout d'un long moment, elle se releva et ouvrit l'armoire du professeur des Potions.

Sur l'étagère du haut s'étalaient moultes fioles soigneusement étiquetées, et encore une fois, Hermione les choisit avec soin. Et comme ça ne lui paraissait pas suffisant, la jeune femme dévalisa aussi la réserve d'ingrédients. On n'était jamais trop prudents, et puis, elle allait contribuer à sauver le monde sorcier : bien abruti serait celui qui oserait lui faire payer cet infime vandalisme.

Tous ses nouveaux biens rassemblés, la jeune femme lança un Reducto sur les livres, puis fit de ses poches des sacs presque sans fond, qu'elle remplit avec délicatesse. Et enfin, la Gryffondor caressa le haut de son fauteuil, et se dirigea vers la porte. Un dernier, long regard sur l'appartement, et elle le quitta, à regrets.