- Hermione ! Peux-tu m'apporter de l'hellébore ?
- J'arrive !
Severus s'attardait autour d'une potion particulièrement complexe qu'il préférait ne pas quitter. De plus, il savait qu'Hermione était assez réactive pour qu'il n'ait pas besoin de s'en occuper lui-même.
Il voulait profiter de cette deuxième chance qui lui était offerte. La jeune fille avait finalement fait des études en potions et son amant lui avait appris tout ce qu'il savait. La Gryffondor avait, depuis sa première Création, inventé bien d'autres potions malgré son jeune âge. À eux deux, ils faisaient une merveilleuse équipe et avaient ouvert un commerce à Pré-au-Lard, où Hermione, bien plus douée avec les gens que son compagnon, servait les clients en plantes et potions diverses.
- Violette, apporte ça à Papa.
La jeune maman s'émerveilla de voir sa fillette courir maladroitement vers son père. Elle la suivit lentement pour la relever en cas de chute. Dans ces moments, la petite ne pleurait pas, mais ouvrait ses grands yeux noisette, ainsi que sa bouche, en une expression d'étonnement qui montrait qu'elle ne savait pas ce qu'il s'était passé.
Heureusement la petite ne tomba pas et, arrivée aux pieds de son père, elle tendit les bras vers lui, et il l'attrapa tendrement. Elle ne parlait pas beaucoup, au grand dam de sa mère, mais son père semblait ne pas en avoir cure. « Elle n'en sera que plus mystérieuse », la taquinait-il.
- Mets la feuille dans la potion, veux-tu, Violette? demanda-t-il d'une voix douce.
La fillette étendit son bras au-dessus du chaudron et laissa la feuille tomber. Quand celle-ci toucha la surface lisse de la potion, provoquant ainsi un changement de couleur, la petite tapa dans ses mains en riant.
Hermione s'approcha.
- Tu veux que je la reprenne ? Demanda-t-elle, soucieuse.
- Ça ira, lui répondit-il avec un léger sourire.
Il avait déjà raté plusieurs potions à cause de Violette, mais il ne s'était jamais montré aigri. Il ne se mettait jamais en colère contre elle, ni contre Hermione. Ils avaient atteint une symbiose parfaite. Quand les commandes de potions se faisaient abondantes, et que la jeune femme mettait la main à la pâte, ils ne se bousculaient jamais, malgré l'étroitesse de la salle dans laquelle ils les préparaient. C'était un moment où ils gardaient le silence, comme avant. Sauf quand Severus entamait une conversation – ce qui n'était pas si rare, et jamais désagréable.
L'ancienne Gryffondor, un peu effacée, regarda son amant se mouvoir en silence. Sa fille, contre son corps, s'amusait à toucher le visage, les cheveux, le cou de son père. Hermione était impressionnée par son self-control. Elle, elle avait encore besoin de beaucoup de concentration pour faire ses potions. Lui, il les avait en lui, comme marcher ou respirer.
Elle n'avait pas eu peur, comme ça avait été le cas pour beaucoup qui n'avaient pas cru en l'innocence de Severus, de lui donner un enfant. Elle savait que c'était un homme bien, qui avait trop souffert pour faire vivre à la fillette ce qu'il avait lui-même vécu. Quelques mois après la fin de la guerre, la jeune fille n'avait plus tenu et, rassemblant tout le courage qu'elle avait, elle s'était assise en face de son amant dans son fauteuil de l'impasse du tisseur et lui avait posé la question fatidique : que lui avait fait son père ?
Au début, elle pensait qu'il le battait. Mais la vérité était bien pire – et de ce fait, inconcevable pour la jeune fille. A l'évocation du souvenir, le visage de Severus était devenu plus pâle que d'habitude et, pendant une seconde, au vu du regard qu'il lui avait lancé, elle avait cru que leur relation allait finir sur cette non-conversation.
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Planète
FanfictionLes préjugés devraient-ils empêcher les gens de se connaître ? Faut il s'y plier ou aller contre ? Hermione a décidé de passer outre et d'aller s'expliquer avec un certain professeur Rogue ... Mais une potion et des objets magiques plus tard, c'est...