Planète

Chapitre 26 : Le rouge et le noir

Le lendemain matin vint trop vite. Hermione ne voulait pas se lever, avec comme raison la même que les jours précédents. Elle ne voulait pas le voir. Enfin, bien sûr qu'elle voulait le voir, mais elle ne voulait pas voir le regard haineux qu'il porterait sur elle. Elle voulait simplement remonter le temps. Mais elle était loin, la troisième année, le retourneur de temps, tout ça ... et elle se voyait mal se planter devant Dumbledore et ses yeux pétillants pour le lui demander pour « raisons personnelles ». Il serait capable de tout deviner ! Donc non, elle n'avait rien à faire, sinon subir. Ou commencer une grève de la faim. Hin ... Idée tentante. A quoi tenait-elle le plus ? A son intégrité physique ou son intégrité morale ? Elle fit rapidement son choix lorsque son estomac cria famine.

Elle descendit les escaliers qui la menaient à la salle commune où Harry la récupéra au passage, souriant. Hermione tenta de faire de même mais ce fut moins convaincant. Il était admirable. Malgré tout ce qui pesait sur lui, il continuait de sourire, de faire comme si de rien n'était. Il restait généreux, ouvert. Tout ce qu'elle n'avait pas su faire.

Leur chemin vers la Grande Salle ne fut pas très bavard mais ils y trouvèrent la sérénité et le courage d'affronter le regard des autres. Ils prirent une grande inspiration avant d'entrer puis tous deux, d'un commun accord, relevèrent la tête, prêts à faire face. Ou presque, pour Hermione.

Ron, quant à lui, les suivait, mais n'était impliqué dans aucune de leurs deux histoires. Il avait comme seul problème le Quidditch qui, bien qu'important, ne faisait pas les gens se préoccuper autant de lui – à part les Serpentards, qui continuaient à s'amuser à chanter « Weasley est notre roi ».

Le Trio d'Or alla prendre place à table sans rien de remarquable, et cette routine, celle qui était la leur auparavant – qui l'avait toujours été, au final – continua, jusqu'au dimanche soir.

Hermione ne dormit pas de la nuit. Elle était bien trop angoissée. Elle ne voulait pas voir Rogue le lendemain, et en même temps, elle avait une certaine peur de l'invention des Weasleys. Savoir qu'on allait souffrir n'était pas agréable. D'un autre côté, elle se voyait mal simuler un quelconque mal pour ne pas aller en cours. Si Madame Pomfresh le savait ... ! Non, elle ne pouvait pas. Il fallait qu'elle prenne ce ... ce truc. Qu'était-ce exactement ? De quoi était-ce fait ? Elle aurait du leur poser des questions !

Quand 6 heures du matin furent atteintes, la jeune femme fouilla dans son sac et sortit la fiole contenant la boulette bleue. Elle la considéra un long moment puis, après avoir dégluti, la mis dans sa bouche et commença à la mâcher.

Un liquide très acide se répandit dans sa bouche mais elle se força à ne pas recracher, et continua à mâcher. Rapidement la consistance du chewing-gum disparut, sans doute dissoute par autant d'acidité, et Hermione avala le contenu de sa bouche. Elle sentit la substance lui couler dans l'œsophage et en eut les larmes aux yeux, puis attendit au milieu de son lit les effets promis par Fred et George.

Malheureusement pour elle, ils ne mirent pas longtemps à apparaître, si bien qu'elle se mit rapidement à se tordre de douleur, recroquevillée en position fœtale, les bras autour de ses hanches, gémissant doucement pour ne pas réveiller ses camarades de chambre. Mais lorsqu'elles se réveillèrent, elles ne purent que noter l'état déplorable d'Hermione. Solidarité féminine oblige, elles l'habillèrent sommairement, puis la menèrent au bas des escaliers où, Harry et Ron, prévenus, l'y attendaient.

Fred et George la regardèrent, puis se regardèrent.

- Je crois qu'il faut baisser les doses, frangin.

- Ouais, répondit l'autre perdu dans la contemplation d'Hermione qui se faisait, comme prévu, porter par Ron. (Puis après quelques secondes) Tu crois qu'on est morts ?