Chapitre 60 : Un nuage de fumée

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Quand ils atteignent la cour du château, tout est calme. Mais c'est un calme plein de tension, un calme oppressant, surtout que la voix de Voldemort vient de retentir à nouveau, pour demander à Harry de se rendre dans la forêt interdite. Mais maintenant le silence est roi, imposant sa puissance sur les corps sans vie étendus sur le sol.

Le trio se sent comme profane d'un tel cimetière. Mais aussi dure que soit l'épreuve, c'est un passage obligé pour rejoindre le monde des vivants, à l'intérieur, dans le château en ruine.

C'est un paysage de désolation, figé dans le temps, une ambiance bien différente des 6 dernières années. Il n'y a plus aucune couleur, plus aucun rire.

Ils ne veulent pas avancer. Parce qu'ils savent que tous les morts ne sont pas dehors. Qu'à l'intérieur, il y a des pleurs et des plaintes.

Et pourtant il le faut. Il faut qu'Harry montre qu'il est vivant et qu'il est là pour tout le monde, qu'il va sauver le monde sorcier. Il faut que Ron retourne près de sa famille, qu'il prenne un peu de temps pour tous les serrer dans ses bras. Il faut qu'Hermione passe le temps, avant de pouvoir retrouver l'homme qu'elle aime, qu'elle se rende utile pour oublier.

Alors ils poussent la porte.

La vision qui s'étend devant leurs yeux est désolante. S'ils avaient cru que l'intérieur de l'école avait été épargné, ils s'étaient fourvoyés. Ici aussi, les ruines s'amoncellent, dans le même silence malsain, doublé de chuchotements inquiétants.

Ils se taisent. Ils écoutent.

Ça vient de la Grande Salle, dont les portes sont fermées. Cette Grande Salle aménagée en infirmerie quelques heures plus tôt. Cette Grande Salle où tout le monde doit être réuni.

Ils s'approchent, hésitent. Pousser cette porte, c'est faire face. Ça aurait peut-être été plus facile si la porte avait déjà été ouverte. Ils n'auraient pas pu fuir. Alors que là, c'est une solution envisageable, lâche, mais envisageable.

Ils se regardent. Prennent une grande inspiration. Poussent la porte.

Les aiguilles du temps se remirent à tourner à ce même moment. Car s'il y avait des morts, il y avait aussi des vivants, grouillant auprès des blessés, travaillant à réduire leur douleur, leur apportant de la chaleur humaine.

Le trio balaya la salle du regard et Ron se mit à courir le premier. Sa famille était réunie au fond de la pièce, en cercle, visages et yeux rougis, des plaintes d'agonies sortant de leur bouche, alors qu'ils se prenaient dans les bras, se serraient les uns les autres, se donnaient la main et se montraient leur affection.

Harry et Hermione s'élancèrent derrière leur meilleur ami et se prirent le même coup de poignard dans le cœur que celui-ci.

À terre, immobile, gisait Fred. Hermione aurait voulu croire à une blague – bien que de très mauvais goût – mais la participation de Molly à ce genre de blagues stupides était inimaginable. Elle pleurait vraiment. Fred était donc vraiment ... Vraiment ...

Ron s'écroula dans les bras de son père, qui ne se montrait fort que pour ses enfants. C'est la mère du rouquin qui était maintenant sur son passage avant d'arriver à Fred, et Ron la prit dans ses bras elle aussi, avant de s'agenouiller près de son frère.

Harry tenait Ginny dans ses bras, calmant ses soubresauts en traçant de lents cercles dans son dos.

Et Hermione regardait, le corps tendu au possible, la vue brouillée par ses larmes.

Enfin elle s'agenouilla près de lui et lui prit la main, et la porta à ses lèvres pour l'embrasser tendrement.

- Je ne te remercierai jamais assez, murmura-t-elle. Pour les plus beaux étés de ma vie, les plus beaux feux d'artifice, les meilleurs produits – et les pires aussi, pour avoir été mon grand frère ... Merci pour tout.

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