Chapitre 50 : In noctem

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« Carry my soul into the night

May the stars light my way

I glory in the sight

As darkness takes the day

Sing a song, a song of life

Lived without regret

Tell the ones, the ones I loved

I never will forget.

Never will forget. »

Une semaine. Une semaine que je me suis enfermée dans mon silence, troublé par des larmes traîtresses qui se mettent à couler beaucoup trop souvent, et toujours aux mauvais moments. J'aurais aimé, le lendemain matin de ce jour maudit, me réveiller et pouvoir faire face, et que personne ne sache rien de mon état, mais ça n'avait pas été le cas. Je n'avais tout simplement pas pu. Le poison avait duré plus longtemps que prévu, et m'avait engourdie plus que je ne l'aurais cru. Un long moment j'avais été prisonnière de mon corps, et lorsque Ginny était venue me chercher, je commençais seulement à pouvoir bouger. Elle avait compris que ça n'allait pas dès la première seconde, et il n'avait pas fallu longtemps à Harry, Ron, et tous les gens qui posaient les yeux sur moi pour comprendre que quelque chose s'était brisé en moi. Je revoyais dans les yeux de mes meilleurs amis la haine qu'ils avaient pour cet homme qui m'avait fait du mal. Qui cela pouvait-il être d'autre ? « Je vais lui casser la gueule », avais-je entendu dire Ron alors que je posais ma tête sur l'épaule d'Harry pour pleurer dans l'étreinte qu'il m'offrait.

C'était une horreur. Mon état était une horreur, la situation était une horreur. Qu'est-ce que je fais, sans toi ? Qu'est-ce que je suis ? Comment as tu pu me changer autant ? Je me croyais forte, j'avais tord. Je pensais être un roseau qui plie mais ne casse pas, et j'avais tord. Tu m'as brisée d'un simple mot, d'un simple prénom. Prénom qui résonnait dans ma tête, tout le temps, craché par ta voix. Lily. La mère d'Harry. Je comprends maintenant pourquoi tu le hais tant. S'il n'était pas né, ou du moins pas ce jour là, s'il n'y avait pas eu cette prophétie, elle ne serait pas morte... Mais je ne comprends pas. Qui étais-tu pour elle ? As-tu, avant James, été l'homme qui partageait sa vie ? As-tu, à cette époque, mis ta haine pour les Gryffondors de côté ? As-tu touché son corps comme tu touchais le mien et lui as-tu murmuré ces mots que je croyais que tu me dirais un jour ? Tu l'aimais, tu l'aimes encore, tu l'aimeras toujours. Quinze ans après tu défends encore son souvenir, ce que je comprends, mais le pire, c'est que ce n'est pas un souvenir pour toi, elle est toujours présente, elle est ton présent. Et pire, le sachant, tu as joué avec moi ! Pourquoi Severus ? Pourquoi ça ? C'était une mission, ou un jeu, ou une vengeance, pourquoi ? Moi, je voulais juste remercier les membres de l'Ordre pour tout ce qu'ils faisaient pour le monde sorcier, leur apporter un sourire, une seule seconde, leur changer les idées. Je suis comme ça. Mais toi... Toi tout ce que tu as fait, c'est être celui que tout le monde connait. Le bâtard des cachots. Et je ne peux m'empêcher de pleurer quand je pense à toi de cette manière car je sais que tu ne l'es pas, j'ai vu ta faiblesse cette nuit là, après la potion. La première fois que tu as prononcé son prénom. Lily. Quand tu m'as prise dans tes bras en appelant Lily. N'étais-je qu'un morceau de Lily pour toi ? T'es-tu rendu compte que je ne l'étais pas, finalement ?

Une semaine et tu ne m'as pas adressé un regard. Ni le regard haineux que tu jettes sur les Gryffondors, ni le regard fier que tu portes aux Serpentards, ni le regard blasé ou neutre que tu réserves aux autres maisons. Tu ne me regardes même pas. Et cette indifférence me tues. Tu me tues, tu m'as détruite, je ne comprends pas.

Je me croyais forte. Je me croyais si forte...

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Une semaine. Une semaine que tes yeux sont vides de lumière et remplis de larmes. Et c'est ma faute. Pardonne moi mon Hermione, ou ne me pardonne pas, mais sois forte. Tes amis ont besoin de toi, aurons besoin de toi et de toutes les qualités qui te caractérisent. Tu es une personne merveilleuse, je n'ai pas mis longtemps à m'en rendre compte, mais le futur, ou plutôt mes mauvais choix passés, ne vont pas tarder à nous séparer. Si j'avais su que je te trouverais, jamais je n'aurais rallié le Seigneur des Ténèbres. Si j'avais su que je te trouverais, j'aurais attendu patiemment, dans la neutralité, dans l'ombre. Je n'aurais risqué ma vie que pour toi, et c'est d'ailleurs pour sauver ta vie que je t'ai blessée. Non, tu n'es pas comme Lily... Tu es différente. Tu t'es accrochée, dès le début, et tu as accepté chaque insulte, chaque saute d'humeur. Tu es restée, tout en sachant qui j'étais, malgré mes défauts, mon aigreur, la vieillesse. Vous vous valez, mais tu as pris sa place dans mon cœur et dans mon esprit. C'est pour te voir libre que je t'envoie loin de moi. C'est pour te savoir heureuse. Ne pleure plus, je n'en vaux pas la peine.

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