- C'est ta première année ici ?
Dylan ma posé cette question après avoir tirer sur sa cigarette en regardant droit devant lui, autrement dit, la cour. Je n'aime pas trop la tournure que prennent les choses. Je suis consciente qu'il n'a pas posé de questions personnelles mais ça commence par ces questions sans intérêt et puis ça va dériver sur : Tu es arrivée à Marseille quand ? Ou encore, Pourquoi tu as déménagé de ta banlieue parisienne ? Je n'aime pas ça. Je n'aime pas raconter ma vie. Cependant, je veux bien faire l'effort de répondre à sa question, parce qu'il fait l'effort d'engager une discussion mais aussi parce qu'il a l'air sympa, même si ce n'était pas trop le cas au début.
- Non.
Ok, ce n'était pas vraiment une réponse très explicite mais il devra se contenter de ça. J'ai déménagé ici il y a maintenant deux ans. Je ne l'ai jamais vu ici, et en plus, il n'a pas l'accent marseillais, il ne pas être né à Marseille non plus. En tout cas, son teint hâlé me prouve que ça fait quand même un certain temps qu'il habite ici, ou alors il a des origines. Peut importe. Je tire sur ma cigarette.
- Tu n'es pas très bavarde, me fait-il remarquer.
- Je n'aime pas raconter ma vie.
Elle est merdique. Je rajoute :
- Et j'aime qu'on me laisse tranquille quand je fume.
- Alors pourquoi tu m'as demandé de venir avec toi ? Il sourit.
Touchée ... Il a l'air satisfait, mais il m'agace à poser des questions sans arrêt ou à faire des remarques désobligeantes, en fait je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé de venir. J'avais besoin de compagnie, je suppose. Je crois surtout que j'ai besoin de ma meilleure amie en ce moment.
- Et pourquoi tu t'obstines toujours à me poser des questions ? Je lui réponds, agacée.
- Parce que je veux mieux te connaître. Je suis sûre que tu es gentille au fond de toi.
Je ris jaune.
- Détrompe-toi. (Je tire sur ma cigarette puis l'écrase sous la semelle de ma chaussure) Je ne suis pas gentille.
- Ce n'est qu'une façade. Un sourire narquois se dessine sur son beau visage.
Je suis sûre qu'il le fait exprès, de m'énerver. C'est donc pour ça que je vais me contenir et tenter de répondre calmement, alors qu'au fond de moi, je bouillonne. J'ai envie de prendre sa cigarette qui se tient entre ses lèvres et lui écraser sur son jean, au niveau de la cuisse, ou peut-être de lui faire avaler. J'essayais de contenir mes pulsions violentes mais c'est peine perdue après cette phrase dite《de trop》prononcée par cet abruti.
- Tu caches ton image de fille à son papa par celle de bad girl sans coeur.
Cette phrase, plus son sourire en coin me pousse à lui sauter dessus. L'adrénaline traverse mon corps, je ne peux plus me contrôler, c'est trop tard, il a été trop loin. Le pire, c'est qu'il le fait volontairement. Je veux bien être tolérante mais j'ai des limites. Certes, elles sont restreintes, il ne faut pas trop me pousser à bout.
Je passe ma jambe par dessus les siennes, qui sont étendues et collées l'unes à l'autre et je m'assois sur ses genoux, il me regarde de façon interrogative puis lorsqu'il voit le regard noir que je lui lance, il sourit bêtement, comme si son but était que je finisse par m'énerver. J'enlève rapidement la cigarette de sa bouche. J'allais l'écraser sur sa cuisse mais finalement je me ravise. Je vais me plier à un simple rappel à l'ordre. Il sourit encore, ce qui me donne la confirmation qu'il fait tout pour que je m'énerve. Ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'il a réussi et que cette situation l'amuse alors que moi, ça me met dans tous mes états. De mon autre main, je tire son tee-shirt et je le regarde intensément, avec toute la rage et la haine que j'éprouve et qui se disperse dans mon corps.
- Si tu me connaissais un tant soit peu, tu saurais qu'il ne faut surtout pas me tester et encore moins m'énerver, je lâche les dents serrées, le coeur battant à tout rompre.
Ça l'amuse. Je m'apprête à mettre ma menace à exécution.
- Si tu continues à sourire comme un imbécile (j'exhibe la cigarette devant son nez), je te brûle la cuisse.
Son sourire disparaît instantanément, il fronce les sourcils et son regard devient agressif. Je suis choquée par la vitesse avec laquelle son visage et son humeur changent. Tout à coup, je sens que je bascule sur le côté, je me retrouve assise contre le mur, Dylan assis à califourchon sur moi, le regard menaçant. Son poids me fait un peu mal aux jambes mais je ne m'en préoccupe pas plus ça. Ce qui m'intéresse maintenant, c'est ce que va faire Dylan, je l'observe avec attention. C'est puéril mais j'en tire une certaine satisfaction de le voir craquer lui aussi. Ma colère a légèrement diminuée, je crois que c'est le fait d'avoir assouvi mes pulsions violentes contre lui, et encore, il manque le coup de la cigarette. Maintenant, c'est lui qui est furieux. Je souris bêtement à mon tour. Il pose une main de chaque côté de ma tête, contre le mur. Sa respiration est saccadée. J'ai du beaucoup le contrarier. Je lui rend la monnaie de sa pièce.
- Si tu me connaissais un tant soit peu, tu saurais qu'il ne faut en aucun cas me faire des menaces.
- Sinon quoi ? Je plonge mon regard dans le sien. Moi aussi j'ai envie de le tester.
Ses yeux sont presque noirs, j'aurais pourtant juré qu'ils étaient verts il y a quelques minutes. Il inspire bruyamment puis rapproche son visage de mon oreille, comme pour me dire un secret.
- Tu n'as aucune putain d'idée de ce que je suis capable de faire.
Je me renfrogne. Je déteste cette phrase. Je l'ai entendue tellement de fois de la sale bouche de mon père qu'elle me dégoûte. Je dirai même qu'elle me fait peur. Peur dans le sens où lorsque j'étais enfant, mon père disait ça a ma mère et quelques heures plus tard, le drame arrivait, à chaque fois.
- Tu as peur ? Me demande-t-il en rapprochant son visage du mien.
Je peux facilement sentir son haleine mentholée, son souffle chaud qui fouette mon visage et son parfum qui embaume mes narines.
- Non.
Je mens. La phrase qu'il a prononcé juste avant m'a chamboulée, à tel point que je ne ressens plus la force de continuer à me battre contre lui. Je veux juste m'éclipser. Je remarque que j'ai toujours la cigarette allumée dans les mains. Je lui laisse la chance de partir en poussant son torse musclé mais il résiste. Il est trop fort et je ne peux pas lui tenir tête. J'approche discrètement la cigarette de sa jambe. Sans tenir compte de sa menace passée, je lui ordonne :
- Pousse-toi. J'essaye encore tant bien que mal de le pousser mais ça ne marche pas, il résiste.
DRING ! Il vient de dépasser mon seuil de tolérance. D'un seul coup, j'écrase la cigarette contre sa cuisse. Il sursaute et se lève précipitamment avant de se mettre à hurler de douleur un bon coup en appuyant sur la blessure que je viens de lui causer. Je récupère mon sac et passe à côté de lui en souriant jusqu'aux oreilles. Je profite de ce moment de faiblesse pour donner une tape sur son épaule avant de dire :
- Je te l'avais dit, de ne pas m'énerver.
Je marche fièrement en direction de la cour. Je jette un petit coup d'oeil derrière moi, Dylan s'est assis et se regarde la cuisse tout en grimaçant de douleur.

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Un Simple Pari
RomanceTout à commencé par un simple pari. Chanel, 17 ans, a un passé compliqué Mais tout va basculer le jour où Dylan va débarquer dans sa vie. Tous deux mêlés à un passé difficile, il va l'entraîner, malgré lui, dans ses sombres secrets et son bordel quo...