Un Simple Pari

chapitre 10

Les filles n'avaient pas grand chose d'intéressant à me raconter puisqu'elles ne se rappellent de rien. Alice se rappelle juste s'être réveillée chez un inconnu, qui d'après elle, était repoussant. Nous sommes vraiment pitoyables.

Alice et Émilie se retournent, face au professeur. Finalement, je renonce à parler de Dylan à Vanessa. Ça ne sert à rien. Il n'en vaut même pas la peine. Je balaye la classe du regard. Je ne reconnais presque personne. À part mes amis, je crois que tous les autres me sont inconnus. Mon regard s'attarde sur le beau blond en face de moi, Rayan. J'admire son dos musclé et ses cheveux en bataille, cheveux dans lesquels, à une époque, j'adorais y promener mes doigts. Ce qui est toujours le cas. Des souvenirs de nos nuits passionnées me reviennent en tête. Si seulement il n'avait pas voulu tout compliquer...

Lors d'une soirée bien arrosée, j'ai couché avec Rayan. Je ne pouvais plus nier l'attirance physique que j'avais pour lui. Etait-ce vraiment malsain de coucher avec son ami ? Non. Si l'ami en question est sexy, comment le voir tous les jours et ne pas avoir envie de lui sauter dessus ? Je trouve que c'est légitime.

On a donc commencé à le faire régulièrement. Dans une simplicité totale. Je lui avais fait comprendre plusieurs fois que je ne cherchais absolument rien de sérieux. Je n'aime pas les relations amoureuses à long terme. Elles sont ennuyeuses, pathétiques et vouées à l'échec. Rayan acceptait cette condition pendant quelques temps et il a fallu qu'il complique les choses en m'avouant qu'il avait des sentiments pour moi. Bien que pour moi, tout était clair. Sexe + amis = sexfriends. C'est tout. J'avais donc décidé d'arrêter toute relation intime avec lui pour limiter les dégâts. Il l'a accepté en me disant que de toute façon, il savait à quoi s'attendre dès le début. Deux jours plus tard, il m'avait retrouvée avec un autre mec dans mon lit. Tout ce que je ne voulais pas était finalement arrivé, il ne supportait pas de me voir avec un autre mec et pensait qu'il allait pouvoir me changer. Chose impossible. Je crois que je ne suis tout simplement pas faite pour rester avec un seul homme. L'infidélité est une façon de vivre, un choix. Je veux dire, comment rester avec une seule personne toute sa vie alors qu'il y a quatre milliards d'hommes sur cette terre. Il faut en profiter bordel !

Difficilement, il a réussi à accepter la situation. J'aime être amie avec lui. Même si je dois l'avouer que nos nuits torrides me manquent. C'est sa décision, je la respecte. Malgré tout, notre relation purement amicale et sans ambiguïté.

Soudain, le concours de skate de samedi me revient en tête.

- Tu vas à la fête pour le concours de skate samedi ? Je demande à Vanessa en espérant qu'elle dise oui. Si Dylan y sera, j'aimerai autant qu'elle soit là pour m'empêcher de lui écraser une planche de skate sur son visage, et aussi parce que j'ai envie qu'elle soit avec moi. Les autres aussi.

- Oui. On y va tous.

Cool... ! Je souris, heureuse que tout le monde y sera présent. La voix grave du professeur me tire de ma perspective d'une super soirée qui s'annonce.

- Monsieur Carter et Mademoiselle Plazzer, vous viendrez me voir à la fin de la leçon, j'ai quelques documents à vous fournir, nous ordonne-t-il en rangeant des feuilles traînant sur son bureau.

Sa façon de dire "leçon" au lieu de "cours" m'amuse. Je me demande ce que cet homme peut encore enseigner, il est trop âgé. Tout comme je me demande encore comment j'ai pu atterrir en terminale scientifique alors que je ne lève même pas le petit doigt pour travailler. C'est une terminale spécialisée pour les élèves maîtrisant les mathématiques. Chose que je ne maîtrise pas. Il n'y a qu'une seule matière ou je me donne la peine de travailler, c'est l'anglais. Il faut que j'ai une maîtrise parfaite de l'anglais pour déménager aux États-Unis afin d'être le plus éloignée possible de mon père. D'ailleurs, je crois qu'il y est pour quelques chose dans mon passage en classe scientifique. Il donne une liasse de billets et le tour est joué. Je n'aime pas ça mais je n'ai pas non plus mon mot à dire.

Rayan se tords le cou pour essayer de nous parler. Il capitule et finit par complètement retourner sa chaise dans un bruit assourdissant pour enfin arriver face à nous. Tout sourire. Le professeur s'arrête de parler et fixe le concerné. Un silence de mort règne dans la salle, à présent, les globes oculaires de toutes les personnes présentes sont scotchés sur nous. Je n'aime pas ça. Je suis sûre que si je lançais un stylo en direction du tableau, tous se retourneraient pour regarder. Abrutis.

Alors que Rayan allait ouvrir sa jolie bouche pour parler, ne prêtant aucune attention au silence qui lui est accordé, le prof le coupe.

- Retournez-vous jeune homme ! S'eclaffe-t-il en fronçant les sourcils pour paraître plus crédible dans son rôle de prof tyrannique. C'est raté. Je crois qu'il risque d'en baver toute l'année avec nous si il n'essaye pas un tant soit peu de se faire respecter.

Rayan ne fait pas un geste. Je lui fais signe de se retourner pour qu'on en finisse. Il s'exécute en prenant soin de faire entendre bruit de la chaise qui claque contre le sol pour exprimer son mécontentement. Pépé sourit, pensant sûrement que son avertissement a eu son petit effet. Soudain, je me rend compte que je ne sais même pas quelle matière il enseigne.

- Bien. A présent, je vais vous distribuer vos carnets, un volontaire pour distribuer ? Demande Pépé en s'adressant à la classe. Silence radio.

Il commence la distribution des carnets. Seul.

Je jette furtivement un oeil à ma droite, Dylan me regarde également en souriant. Petit con. Il m'énerve à se comporter de la sorte. Tantôt il est agressif, voire même violent. Tantôt il est souriant. Dans tous les cas, il pourra faire ce qu'il veut, je ne lui parlerai pas. Je l'ai cerné et je n'aime pas la personne qu'il est. Pourtant, j'ai l'impression que Dylan est moi, mais avec un pénis. Je frémis. Il me fait peur. Sa façon de me sourire pourrait amener n'importe qui a croire que c'est une bonne personne mais moi, je sais très bien que non. Je le sais parce que je suis exactement pareil.