chapitre 37

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Meeeerde. Mes pensées se bousculent. Je ne sais pas quoi lui répondre. Quelle carte jouer ? La colère ? La vérité ? La provocation ?

Finalement, je fais ce qui me semble le plus judicieux.

- C'est per-so-nnel, je lâche en serrant les dents.

- Réponds, Chanel. Il me lance son regard menaçant qui n'a, bien sûr, aucun effet sur moi.

Une remarque provocante veut passer la frontière de mes lèvres. Il m'agace à se mêler comme ça de chaque fait et geste. La sonnerie retentit. Je pousse un cri de joie intérieur. Sauvée par le gong...

- Ça c'est vraiment moche... dis-je à l'intention du professeur en faisant référence à la sonnerie.

Un sourire triomphant orne mes lèvres. Dylan range ses affaires. Autrement dit, son stylo. Je l'imite sous le regard insistant du prof.

- Si tu ne me réponds pas, je vais te faire un rapport, me menace-t-il.

Dylan se tient à l'embrasure de la porte et son regard passe successivement de moi au professeur.

- Vous voulez vraiment le savoir ?

Il aquiesce d'un léger mouvement de tête.

- Je pense que vous vous en doutez, M. Martinez.

Il écarquille les yeux et prend une mine choquée. Je n'ai pas dit clairement que je l'avais touché, c'est lui qui a l'esprit mal placé.
Alors que j'allais rejoindre Dylan, M. Martinez me tient fermement par le bras et me tire vers lui. Je croise son regard noir. Je comprend instantanément qu'il faut que je m'explique clairement, si je ne veux pas me faire virer.

- J'ai juste discuté d'un problème personnel avec Dylan, c'est tout.

Il lâche sa prise sur mon bras. Son regard se change en incompréhension.

- Bien. Tu peux sortir.

Enfiiiin. Je lui suis intérieurement reconnaissante de ne pas en demander plus. Lorsque je passe devant Dylan, je le bouscule en lui donnant un violent coup d'épaule.

- Qu'est ce qui t'arrive ? Râle-t-il en remuant son épaule.

- Tu aurais pu me sortir de ce merdier, quand même !

Il s'approche lentement de moi et encadre ma tête de ses deux mains, son regard vert planté dans le mien.

- Tu m'as fait ça, tu règles le problème. Il faut y aller, ton père nous attend.

Crétin. Il a fait exprès de dire "ton père nous attend" pour que cette annonce mette mon morale à zéro et que je ne m'énerve pas contre lui.

Il se détache et commence à avancer, je lui emboîte le pas. Je ne relève pas la faute de français monstrueuse qu'il a faite en appelant Christian "mon père" car cela pourrait piquer sa curiosité et l'amener à me poser des questions. Bien que Christian soit un homme de la pire espèce, je ne veux pas que notre histoire s'étale un peu partout. J'ai beau éprouver une sorte de sentiment pour Dylan, je ne lui dirai rien pour autant.

En sortant du lycée, j'aperçois au loin, Vanessa. Elle est assise sur un banc, seule, le regard dans le vide. Mon estomac se tord. Ça me fait mal de la voir mais de ne pas pouvoir lui courir dans les bras et lui raconter mon heure de colle mouvementée. Dylan est déjà à plusieurs mètres devant moi. Est ce que je devrais aller la voir ?

Elle relève la tête mais ne me voit pas. Je fais un pas dans sa direction, mais pas un de plus. Je dois aller la voir mais mon corps refuse d'obéir. Je ne saurais pas quoi lui dire. C'est inutile. Alors que j'envisageais de rebrousser chemin pour rejoindre Dylan, elle me voit. Elle se lève puis s'avance vers moi jusqu'à me faire face.

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