chapitre 41

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Je manque de tomber à la renverse. Le canon est face à moi, il suffit que la balle parte pour qu'elle transperce mon estomac. Est-ce simplement une menace ? Ou a-t-il vraiment l'intention de tirer ? Mon estomac se tord de peur. Je respire à une vitesse humainement impossible. Son regard sombre me transperce. Il serre le flingue à en trembler. Tandis que moi, je me sens minable. Il a clairement le dessus sur moi. Je ne peux plus rien faire avec mon malheureux couteau.

À ce moment, nous ne sommes plus amants, nous sommes ennemis. Cette pensée me terrifie. Mon corps tout entier est consumé par la peur. Je ne parviens même pas à être en colère. Je n'en ai pas la force. J'ai la preuve irréfutable que Dylan est dangereux. Et putain, ça fait mal. Je puise le peu de forces vocales ou même physiques qu'il me reste pour lui demander :

- Alors ?

Dans l'incompréhension de ma question, il fronce les sourcils.

- Alors quoi ? Répète-t-il.

- Tu vas me tirer dessus ?

Je ne sais même pas d'où m'est venu le courage de lui poser cette question.
Il soupire puis secoue la tête en pinçant les lèvres.

- Non. Mais sache que si j'en ressens le besoin, je n'hésiterai pas, crache-t-il froidement.

Sa réponse me fait l'effet d'un coup de poignard dans le coeur. Je le déteste. J'ai l'impression que tous les sentiments que j'ai osé éprouver pour lui se sont envolés. Il est pourri. Il me répugne. Comment peut-il me dire ça ?

Il baisse le bras qui empoigne le pistolet. Je retrouve mon espace vitale et un peu d'assurance. Je l'imite en baissant mon arme à mon tour. De toute manière, elle ne me sert à rien. Je lâche le couteau. Le bruit du métal de la lame frappe contre le plancher. Je dépose les armes. Il fait de même en posant son pistolet sur le lit de mon frère. Ma respiration se fait plus régulière.

- Tu es si faible, Chanel... souffle-t-il.

J'écarquille les yeux. La part rationnelle de moi, sait qu'il a raison. Mais ma part têtue me prouve qu'il a tort. La partie rationnelle prend largement le dessus lorsque je prend conscience que je suis toujours à la même place, je n'ai même pas réagi. J'aurai dû lui sauter dessus et lui faire regretter ses paroles. Je suis faible.

Et je n'ai même pas la force de contester. Je n'ai que la parole. Je le déteste tellement.

- Tu es pourri, Dylan, je crache méchamment.

Il reste de marbre.

- Alors, nous sommes deux, réplique-t-il en souriant hypocritement.

Je serre les dents. Je ne comprend pas totalement le sens de sa phrase. J'ai ma part de méchanceté, mais de là à être pourrie, je ne crois pas.

- Comment ça ?

Ma boule de stress s'est atténuée. Je reprend peu à peu la confiance.

- Tu es aussi pourrie que moi, Chanel, affirme-t-il de nouveau en ignorant ma question précédente.

Ma tête me fait remonter des flash-back de ma vie. Je ne trouve rien.

- Pourquoi ?

- Voyons, Chanel...

Il avance d'un pas et poursuit :

- Tu ne te rappelles pas de ce tu as fais à la soeur de Jordan ?

Mes pensées se bousculent. Je ne savais même pas que Jordan avec une soeur. Qui est-ce ? Je réfléchis intensément mais rien ne me rapporte à ceci. Je ne comprend rien.
Voyant mon état de confusion, il reprend :

Un Simple PariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant