chapitre 59

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Une tornade. C'est exactement le ressenti que j'ai sur mon cerveau. Cependant, je sais exactement ce que je veux. Ça va demander un travail de dur labeur mais j'ai traversé un tas d'épreuves beaucoup plus compliquées que cela et je m'en suis sortie. Pas de la meilleure façon, c'est sûr. Ni même sans aucun dommage collatéral, mais ainsi va la vie. Je vais m'améliorer, devenir une meilleure personne sans pour autant perdre ma force intérieure que j'ai acquise durant ma pathétique vie. Le changement est loin d'être facile à appliquer et surtout, à s'y tenir mais avec un peu de bonne volonté, tout est possible.

C'est donc le coeur remplit d'espoir d'un changement personnel que je rebrousse chemin jusque chez moi en longeant les maisons de style Méditerranéennes de Marseille. Seuls les lampadaires tous les cents mètres éclairent ma route. J'aurai au moins dû prendre mon téléphone pour avoir connaissance de l'heure, mais j'étais beaucoup trop troublée pour penser aux choses rationnelles. Comme prendre mon téléphone.
En plus, le froid me glace le corps. Des brises fraîches me fouettent le visage. Je grimace.

Soudain, je suis projetée en arrière. Instinctivement, mes yeux se ferment à cause de la peur et de la surprise de l'assaut. Mon dos atterri brutalement contre un mur en béton. Le choc est tellement violent que mon souffle se coupe. Ma respiration s'accélère, à tel point que je me demande si je ne vais pas fair un arrêt cardiaque sur place. Étant donné la force et la corpulence de la personne que j'observe lorsque j'ouvre les yeux, je devine rapidement que c'est un homme. Il colle son corps contre le mien tandis que je m'efforce de le repousser mais il est trop fort. Je n'arrive pas à correctement distinguer son visage dans la pénombre et évidemment, je suis dans un endroit où la lumière est faible puisqu'il n'y a pas de lampadaire. Il plaque sa grosse main contre ma bouche pour m'empêcher de crier et l'autre au niveau de mon cou, sur ma clavicule. Il m'étouffe presque à cause de la trop forte pression exercée sur ma poitrine. La peur et l'apréhension m'envahit.

- Comme on se retrouve... siffle une voix que je reconnais de suite. Jordan.

La peur s'envole soudainement et je retrouve ma confiance. Je me redonne tout de même contenance en déglutissant. Jordan ne m'a jamais fait peur. Il a beau être en position de force, il ne m'intimide en rien. Je baisse les yeux. Il n'est vêtu que d'un jogging noir et d'un pull de la même couleur. Si je n'étais actuellement "en danger" et agressée par lui, je dirai qu'il est très sexy avec ses cheveux en bataille et ses fins sourcils qu'il fronce. Ses traits son durs et déterminés. J'essaye tant bien que mal de me libérer de son emprise mais il me tient trop fort, notamment grâce à sa prise sur ma gorge.
J'utilise donc le seul moyen de défense verbal que je connaisse, la provocation.

- Tu crois que tu me fais peur, bourriquet ?

Je le défis du regard. Il lève les yeux au ciel et retire son bras de ma gorge. Ma respiration se stabilise après plusieurs instants.

- Tu feras moins la maline, tout à l'heure, ricane-t-il amèrement.

Il balaye rapidement les alentours du regard puis revient sur moi.

- Y'a quelqu'un chez toi ?

- Mon père et Anna ne sont pas là.

J'ai employé l'atroce mot 'père' pour qu'il comprenne la situation.

- Parfait, rétorque-t-il en empoignant violemment mon bras, emmène-moi chez toi.

Sa prise sur mon bras commence à me faire mal. Il m'ordonne silencieusement d'avancer en me poussant le dos. J'obtempère sans rechigner parce que je ne veux pas qu'il me blesse. On ne sait jamais. Je me demande vaguement ce qu'il veut.
Quelques minutes, nous arrivons à la porte d'entrée de chez moi. Il ne m'a toujours pas lâché le bras malgré mes nombreuses tentatives de fuite.

Un Simple PariOù les histoires vivent. Découvrez maintenant