chapitre 36

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- Pour tout réel k, il existe un unique nombre réel dont le cube est k. Retenez bien cette phrase, c'est la base des nombres complexes, nous informe M. Martinez.

Mon regard est tourné vers ce dernier, mais mon esprit est parti à la dérive, littéralement.
Tant de choses me turlupinent. Le pari, évidement. Vanessa, qui malgré notre proximité, refuse tout contact verbale avec moi. À vrai dire, je ne lui ai pas encore parlé. Elle est juste à côté de moi, à quelques centimètres, mais les mots ne veulent pas franchir l'étape de ma bouche, ils restent bloqués dans ma gorge. Je ne sais même pas quoi lui dire. Je dois m'excuser et lui demander ce qui se passe, certes. Mais je ne sais pas comment m'y prendre. Mon regard se tourne vers elle. Elle suit le cours avec attention. Je ne devrais peut être pas la déranger pendant qu'elle écoute. Finalement, je décide de laisse tomber et la laisse s'instruire dans de bonnes conditions. Alice, une place plus loin, me lance des regards lourds de sens, pour me forcer à lui parler mais c'est non. Rayan se retourne prudemment, pour ne pas attirer l'attention du professeur et me scrute, sans rien dire.

- Tu as un bug, Rayan ? Dis-je en arquant un sourcil.

Il secoue la tête et me tend un papier plié en plusieurs fois. Un petit mot. Je le déplie discrètement, de sorte à ce que le prof ne me voit pas et je lis les quelques mots griffonnés mentalement :

"T'as déconné avec Vaness... ; ("

Ils se sont tous passés le mot ou quoi ?!

Je soupire. Je suis déçue par ma propre attitude envers elle. En revanche, je n'aime pas qu'on se mêle de mes affaires. Il me regarde toujours. Je déchire le papier tout en le fixant de manière provocante avant de bouger mes lèvres pour lui lancer un "va te faire foutre" silencieux. Je laisse tomber les papiers par terre. Il soupire également, excédé et se retourne. Je lui parlerai quand j'en aurais envie et quand le moment sera opportun. Je me fais violence pour me concentrer un minimum sur le dernier cours de la journée.

- Je vais vous donner un petit exercice...

Il commence à noter sur le tableau, le numéro de l'exercice. Lorsqu'il finit, il se tourne vers nous et poursuit :

- On considère l'équation x3 = 1. Quelles sont les valeurs de p et q ?

Putain, mais j'en sais rien. Et puis franchement, d'où sortent le p et le q ? Les mathématiques, c'est trop compliqué. Il y a trop de lettres et chiffres mélangés. Ce qui me fait penser à un dicton qui dit tout le contraire << Ne mélangez pas les torchons et les serviettes >>. Alors pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

La sonnerie marque la fin du cours, les élèves commencent à évacuer la salle. J'observe Dylan et Jordan se lancer des éclairs. En parlant du loup... On voit la queue. Dylan s'avance vers moi en souriant. Je ne sais pas comment ni pourquoi, j'esquisse un sourire à mon tour. Ça craint.

- Prête pour une heure de torture ? Me lance Dylan, enjoué.

Pourquoi est-il aussi heureux d'aller en heure de colle ? Ce type n'est pas humain. Mes amis me lancent un regard interrogatif, excepté Vanessa qui range ses affaires dans son sac, muette.

- Vous ne voudriez pas savoir pourquoi je suis collée, je vous assure.

Sur ce, je leur fais un clin d'oeil et emboîte le pas à Dylan pour rejoindre M. Martinez. Lorsqu'Enzo passe derrière moi, il me demande :

- Tu nous rejoins à la plage, après ta colle ?

- Pas ce soir.

Je lui souris, il me le rend puis s'éclipse. Christian a exigé que nous soyons là ce soir, alors je m'exécute. En vérité, c'est juste pour en savoir plus sur ses intentions, et indirectement, sur ma relation avec Dylan qui a bien évolué.
Une fois que la classe est vide, M. Martinez prend la parole :

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