chapitre 11

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La sonnerie vient juste de retentir. J'ai passé la totalité du cours à discuter. On ne change pas les bonnes vieilles habitudes. Je ne serai même pas capable de répéter une malheureuse phrase prononcée par le prof. Ce n'est pas grave, c'est le premier jour. Les gens présents dans la salle se précipitent à la sortie.

- Tu nous rejoins à la sortie quand tu as fini ? me lance Vanessa.

J'ai plus perçu sa phrase comme un ordre plutôt qu'une question. Je lui souris. Elle me fait un bisou sur la joue puis s'éclipse avec Alice. Je me retrouve seule avec Dylan et Pépé. Ce dernier range son bureau, encore une fois. Dylan prend son sac et s'avance jusqu'au bureau. Moi, je suis appuyée contre la table derrière moi, les bras croisés attendant désespérément que le professeur daigne ouvrir sa bouche.

Il relève enfin la tête et nous tend des papiers. Je me décroche de la table, me dirige vers le bureau et récupère les papiers rapidement. Je ne jette même pas un coup d'oeil aux papiers parce que je m'en fou. Ça doit être nos emplois du temps ou encore des papiers ayant besoin d'aumoins quatre heures d'attention pour les remplir correctement.

- Quelle était la raison de votre retard ? Son regard passe de moi à Dylan attendant une réponse.

Je n'ai pas envie de me justifier alors je me tais. Heureusement pour moi, Dylan s'y colle.

- On était à l'infirmerie, je me suis blessé à la jambe et elle m'a accompagné.

Pourquoi il raconte sa vie ? Il avait juste à dire qu'il était à l'infirmerie et ça passait. D'autant plus, ça se voit à quatre mille kilomètres qu'il n'a pas le moindre mal.

Quoique, le prof est tellement vieux qu'il pourrait y croire. J'ai envie de rejoindre mes amis dehors. Je m'ennuie ici. De plus, je n'aime pas être dans la même pièce que Dylan. Bien que son humeur ai radicalement changée, je ne suis pas rassurée quand même. Je reste tout de même perplexe face au caractère bipolaire de Dylan.

- On peut y aller ? Je demande nerveusement.

- Oui, répond simplement le prof.

Je sors de la salle, d'un pas rapide. Je suis dans le couloir lorsque Dylan m'interpelle en me souriant comme un imbécile. Qu'est ce qu'il veut ?
Je me retourne. Il marche sur une seule jambe, la droite. Sa jambe gauche est repliée et il se met à sautiller pour me rejoindre. En détaillant bien sa jambe, je remarque le trou dans son jean, au niveau de la cuisse. Celui que je lui ai fait avec sa clope. Je ne peux m'empêcher d'en tirer un grande satisfaction.

- Tu peux m'aider, Chanel ?

Hors de question. En aucun cas je n'aiderai un mec qui m'a presque étouffé une heure plus tôt.
Je repars d'un pas précipité vers la porte de sortie puis je tire mon bras vers l'arrière pour qu'il puisse facilement distinguer mon doigt d'honneur avant de crier, énervée et déstabilisée par son humeur changeante.

- Va te faire foutre, Carter !

Je pousse la porte violemment qui se cogne fortement contre le mur. Je descend les escaliers, traverse le hall d'entrée et en un rien de temps, je me retrouve dehors, à le recherche de mes amis perdus. J'aperçois Enzo qui secoue les bras au loin. Ils sont près du terrain de foot, assis tous en ligne sur les rembards en fer blanc. Il n'y a qu'Alice qui est assise par terre face à eux.

Alice est toujours fourrée par terre. Si il y a un banc et que tout le monde s'y assoit, elle sera la seule à s'assoir par terre. Je les rejoins à grandes enjambées. Arrivée à destination, j'essaye de comprendre leur conversation pour pouvoir y participer. Il parlent du concours de skate de samedi. Lorsqu'ils me voient arriver, Alice me désigne de la main avant de s'exclamer :

- Tu es trop nul, Enzo ! Rayan va t'écraser à ce concours, pas vrai, Chanel ?

C'est vrai que Rayan est sportif comparé à Enzo.

- Je suis d'accord.

Un sourire en coin se dessine sur le visage d'Enzo. Lui, il a une idée derrière la tête.

- Ok. On va parier. Si je gagne face à Rayan, je veux un massage fait par chaque fille ici présente.

Je l'avais dit qu'il manigançait quelque chose. Je fais savoir que je serai de la partie.

- Ça me va.

Émilie, Alice et Vanessa confirment également. J'espère qu'il va perdre juste pour le plaisir de le voir piqué dans sa fierté. Je pense qu'au fond de lui, il sait qu'il va perdre. Il ne fait absolument pas le poids face à Rayan.

- Chanel, tu viens à notre match de foot ce soir ? Les filles viennent aussi. Me demande Rayan en s'approchant de moi.

- Oui.

Il me sourit franchement. Enzo et Rayan ont un match de foot tous les mercredis. Avec les filles, on va souvent les voir. Le match commence à vingt heures et s'ils ont gagné, en général ça se termine en fête sur le terrain avec leur entraîneur. J'aime les voir jouer, surtout lorsqu'ils enlèvent leur maillot, c'est le plus intéressant. Mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors de ma poche et je tombe sur un message de mon père.

Christian : sois là pour le dîner ce soir. J'ai quelque chose à vous annoncer. S'il te plaît.

Connard.
J'ignore de quoi il veut nous parler mais ça ne m'intéresse pas et je ne compte pas être présente au dîner de ce soir. J'ai tendance à fuir les dîners, je rentre tard donc je n'ai pas faim ou sinon je grignote quelque chose. Rayan fixe quelque chose par-dessus mon épaule puis s'avance. Je me retourne. Ils se tapent dans la main en échangeant quelques banalités au passage. Alexandre, mon frère, se dirige vers les filles et leur fait un bisou sur la joue à chacune. Ah... Alexandre, séducteur invétéré. Je me demande bien laquelle de mes amies il n'a pas encore baisée. Un fois son tour terminé, il me rejoint et me fait un bisou sur la joue tout en m'attrapant ferment le poignet pour m'emmener un peu plus loin.

Mon frère est vraiment beau, ses cheveux noirs ébène et ses yeux marrons noisette avec des reflets gris.
Je l'adore. C'est mon pilier. Notamment avec mon père. Il m'évite de déraper et de dire des choses que je pourrai regretter. Bien que je ne regrette aucune parole agressive ou méchante prononcée à père. Il peine à trouver une solution pour me ramener sur le chemin de la raison par rapport à mon père, il veut à tout prix que je lui pardonne, ou au moins que je lui adresse la parole sans l'agresser mais c'est peine perdue, Alexandre le comprendra bien un jour. Il est très protecteur aussi. Comme tous les frères, je crois. D'ailleurs, je suis sûre qu'il veut me parler du message que mon père vient de nous envoyer, il a du se douter de ma réaction impulsive, à savoir, éviter ce dîner.

- Tu as lu le message de papa ? Me demande-t-il l'air grave.

Le fait qu'il dise "papa" au lieu de "Christian" m'agace. Il ne mérite pas ce titre.

- Oui, je l'ai lu et n'a qu'à aller se faire foutre. Je ne viendrai pas.

Je ne peux pas être plus catégorique. J'ai pris ma décision. Je n'irai pas.
Il se frotte le visage avec ses mains, visiblement agacé.

- Chanel... Je t'en prie, fait un effort. Juste pour cette fois, il a quelque chose d'important pour lui à nous dire et il aimerai que tu sois là, c'est trop te demander ? Je vois qu'il essaye de garder son calme pour ne pas me hurler dessus.

- Oui. Ma voix s'est faite beaucoup moins assurée que ce que j'aurai voulu, parce que je sais qu'au fond de moi, il arrivera à me faire changer d'avis, malgré que j'essaye de camper sur mes positions.

Il perd son sang froid. Les traits de son visage prennent la forme de la colère.

- Arrête ! Tu vas te pointer ce soir à ce putain de dîner et écouter ce qu'il à dire et ce, sans rechigner !

Je devrai lui dire à lui aussi d'aller se faire foutre et que je campe sur mes positions. Au lieu de quoi, j'aquiesce d'un léger mouvement de tête.

Finalement, je vais me pointer à ce dîner. En revanche, je ne promets pas que je serai irréprochable...

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