Je me réveille accompagnée des rayons du soleil qui percent mes volets blancs. Je papillonne des yeux puis je les ouvre complètement. Je me sens bien. J'ai l'impression d'être prise dans une bulle de béatitude et de bien-être. Je m'étire de tout mon long, un sourire niais placardé sur le visage, que j'efface de suite. C'est comme si le vide dans ma poitrine s'était subitement refermé depuis mon réveil. Je suis sereine, j'ai le sentiment que tous mes problèmes se sont envolés comme mes vêtements qui traînent à travers la pièce rose. Est-ce vraiment Dylan qui me procure cette impression de sérénité ? Je tourne la tête à ma gauche. Dylan dort à poings fermés. Il a l'air paisible. Je soulève la couette. Nous sommes nus comme des vers. Cependant, un détail me turlupine. Il a gardé son tee-shirt. Je ne sais pas pourquoi il fait cela. Je déglutis, abandonnant ce léger ďétail. Je n'aime pas cette sensation de bouche pâteuse, j'ai l'impression d'avoir de la farine dans la bouche.
Je me lève doucement, pour ne pas réveiller le beau aux bois dormants.
J'ai les jambes engourdies, la vue légèrement brouillée et je me traîne pour atteindre la salle de bain. Arrivée à destination, je m'examine. J'ai les cheveux emmêlés, un susçon dans qui montre l'intensité de la nuit que je viens de passer. Une des meilleures, c'est certain. Dylan est vraiment doué et les souvenirs me reviennent par vagues. Mon maquillage a coulé, laissant une traînée noire sous mes yeux. On pourrait que je n'ai pas dormi depuis trois jours. Je suis hideuse. Je mets du dentifrice sur ma brosse à dents et l'enfourne dans ma bouche.Mes pensées vacillent. Pourquoi je me sans aussi bien ? Ce n'est pas le premier mec avec lequel je couche et pourtant je ne me suis jamais sentie aussi bien, aussi détendue.
Mon corps est en totale harmonie avec mon esprit. Une première. Je m'assois prudemment sur le rebord de la baignoire. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Après tout, je m'en moque. C'est dimanche.Je me lève pour cracher, avec toute mon élégance, dans le lavabo. Je baisse la tête de façon à ce que ma bouche se trouve sous le robinet. Je sursaute, ne manquant pas de me cogner violemment le nez contre ce foutu robinet. Deux mains viennent de me toucher les épaules. Je lâche une injure. Je me retourne pour découvrir un Dylan hilare. Petit con. Instinctivement, je pose mes mains sur mon nez en exerçant une légère pression afin de faire taire la douleur. Dylan est plié en deux. La douleur cogne.
- Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, Carter ! Je le menace avec un taux de crédibilité inexistant.
Un instant, j'envisage de lui donner un coup de coude dans son nez en retour. Mais l'envie me manque. Si je le faisais, je n'aurai pas ce plaisir à le voir souffrir. Je veux me venger en conservant la bonne humeur qui flotte dans cette pièce. Je ferme la porte de la salle de bain à clé, sous le regard interrogatif de Dylan. Il me regarde dans les yeux. Je l'imite. Je soutiens son regard et il fait de même. Ses cheveux sont en bataille, ce qui le rend encore plus sexy. Je me déplace sensuellement afin de rejoindre le lavabo. D'un geste rapide, je fais couler l'eau du lavabo et lui balance de l'eau en pleine poire. Il pouffe et fait deux grands pas pour me rejoindre.
La douleur s'estompe.
Sa bouche s'approche de mon oreille. Il passe son bras derrière moi puis j'entend le bruit des brosses à dent qui se cognent entre elles. Je prend soudainement conscience qu'il a l'intention de prendre ma brosse à dent.
- Ne touches pas à ma brosse à dent.
Trop tard. Le temps que je me retourne, l'objet est déjà introduit dans sa bouche. Enfoiré.
Il me gratifie d'un sourire triomphant.Tout à coup, son sourire s'efface. Il est inquiet. Que se passe-t-il ?
Il se précipite vers moi et examine mon nez avec attention. Toujours avec ma brosse à dent dans sa bouche.
- Qu'est ce qui se passe ? Je m'impatiente.
Il retourne au lavabo, crache, se rince la bouche puis revient vers moi accompagné d'une compresse.
- Tu saignes. Assied-toi. Je m'exécute en le maudissant intérieurement de me donner ordres.
Il enfonce la compresse dans mon nez, je l'arrête immédiatement en empoignant fermement sa main.
- Je peux le faire, je lui assure accompagné d'un léger hochement de tête.
On dirait qu'il a affaire à un animal blessé dans une cage. Je n'aime pas ça. Je peux très bien me débrouiller seule. Je sais que ce geste partait d'une bonne intention mais je ne suis pas très douée avec tout ça.
J'introduis la compresse dans mon nez. Il m'observe avec minutie.
Il veut me demander quelque chose mais n'ose, visiblement pas.
Au bout de quelques secondes interminables d'observation, il se lance :- On est quoi l'un pour l'autre ?
Sa main vient se poser sur ma cuisse. Je frissonne à son contact. Je ne comprend pas vraiment le sens de sa question. Pour moi, il n'y a pas de questions à se poser. On a couché ensemble. Dieu sait comment c'était bon mais ça s'arrête là. Je n'aime pas coller des étiquettes. Et pourtant, j'ai la nette impression que c'est clairement ce qu'il veut que je fasse. Chose dont je suis complètement incapable. D'autant plus que je n'ai pas envie d'entamer une relation avec lui, ni personne d'ailleurs.
- Comment ça ? Je fais mine de ne pas comprendre pour qu'il m'explique clairement ce qu'il attend de moi, en ce moment.
- Est ce qu'on est... (il hésite) en couple ?
Et voilà. Putain. Exactement le même scénario qu'avec Rayan. Je ne suis pas faite pour être en couple, ça ne m'intéresse pas et ce, probablement pendant un bon moment. Je n'ai aucune envie de me faire chier dans une relation qui ne mènera absolument nul part.
- Non, je rétorque sèchement.
Il recule d'un coup, comme s'il venait de recevoir un coup de poignard dans le coeur.
Je ne voulais adopter ce ton-là mais cette situation m'agace plus qu'autre chose.- On a couché ensemble, c'était génial. Mais ça s'arrête là.
J'espère avoir été assez claire. Contre toute attente, il sourit. Ce n'est pas ce sourire que j'aime regarder, le sourire sincère. Celui-là est mauvais, moqueur et surtout, narquois.
Il s'accroupie devant moi.
Je suis abasourdie par son changement d'humeur soudain. Ce type est une énigme.- Merci. Il a toujours ce sourire mauvais collés sur ses belles lèvres.
Je suis totalement confuse. Je ne comprend absolument rien.
- De quoi ?
- Grâce à toi, j'ai gagné mon pari.
Sur ce, il se lève puis s'en va à la même vitesse qu'il est arrivé dans la salle de bain, tout à l'heure. Connard. Enfoiré. Quelques secondes plus tard, la porte d'entrée claque fortement. La béatitude que je ressentais s'évapore et laisse place aux ténèbres. Je bouillonne. La colère envenime mon esprit. Tu vas le regretter, Dylan Carter.

VOUS LISEZ
Un Simple Pari
RomanceTout à commencé par un simple pari. Chanel, 17 ans, a un passé compliqué Mais tout va basculer le jour où Dylan va débarquer dans sa vie. Tous deux mêlés à un passé difficile, il va l'entraîner, malgré lui, dans ses sombres secrets et son bordel quo...