Un Simple Pari

chapitre 17

Je vois rouge. J'ai la rage. J'ai envie de taper le foutu crâne de Dylan contre chacun des quatre murs qui nous entourent pour m'avoir dit de voler ce foutu tee-shirt. Maintenant nous sommes coincés depuis cinq interminables minutes dans la réserve du magasin où l'infraction a été commise pendant que l'agent de sécurité appelle la police. Je sais que ce n'est pas vraiment la faute de Dylan, mais je lui en veux à mort quand même. Je ne sais pas comment mon père va réagir suite à ça. Est-ce qu'il va me frapper comme il le faisait auparavant ? Ou juste se contenter d'un rappel à l'ordre ? Ça m'étonnerait. Ce n'est pas lui. Ça fait maintenant cinq minutes que je tape de toutes mes forces contre la porte de la réserve et que je force sur la poignée qui est fermée à clé, évidemment. J'ai l'impression de suffoquer à cause de toute la pression et l'apréhension que je suis en train de me causer. Je sature. Cinq minutes, c'est déjà beaucoup trop. Et puis nous ne sommes pas des animaux tout de même !

Nous sommes enfermés dans un espace minuscule contenant une serpillière, des balais et des tonnes de cartons de fringues tous empilés les uns sur les autres. J'ai envie de donner un coup de pied dedans. Mais je ne le fais pas. Sous peine d'aggraver mon cas. Dylan, lui, est avachi sur le sol, l'air passif. Il joue à son téléphone tel un innocent. Je n'arrive pas à comprendre comment il peur rester calme dans une telle situation. Moi, si ça continue, je vais devenir complètement folle.

Je fais les cents pas.

- Pourquoi tu t'inquiètes autant ? Me demande Dylan, les yeux rivés sur son téléphone.

J'allais le rembarrer, mais finalement je me ravise. Je n'ai pas envie d'étaler les vraies raisons de mon état actuel. Et surtout, je ne parle JAMAIS de mon père, sauf à Vanessa.

- Laisse tomber, je lâche en soupirant.

Il ne réplique pas. Visiblement, ce n'est sûrement pas la première fois qu'il va au commissariat, ou qu'il est susceptible d'y aller. Moi non plus d'ailleurs, j'ai déjà été retenue au poste, plusieurs fois. Violence, infractions quelconque et même résistance face aux forces de l'ordre.

Je prend conscience que lutter ne sert à rien, alors je m'assois contre le mur et je fixe celui d'en face. Ma respiration est saccadée à force d'avoir donné des coups sans cesse. Notre seule source de lumière "naturelle" (ormis les téléphones) est celle qui s'immisce discrètement sous la porte. Je décide de prévenir Vanessa de ma situation. Elle répond au bout de quatres sonneries.

- Vanessa... je vais devenir folle ! Je hurle dans le téléphone.

- Quoi ? Mais pourquoi ? Elle paraît curieuse et inquiète peut être.

- J'ai fait une connerie et la sécurité est en train d'appeler les flics.

A la base, je voulais l'appeler pour la prévenir que je ne viendrai pas avec elles cet après-midi et que je décèderai probablement ce soir mais finalement, ça se termine en plaintes.

Mon coeur menace d'éclater dans ma poitrine, j'ai le ventre noué et je ne tiens pas en place.

- Vanessa... J'ai peur...

Je fais référence à la réaction de mon père, elle voit ou je veux en venir puisqu'elle me demande :

- Où es tu ?

- Dans la réserve de Zara... dis-je en soufflant de désespoir.

- Ok. On arrive.

Quoi ?
Avant que je puisse en placer une, elle reprend calmement :

- Je t'ai dit que je serait toujours là pour toi mais dans les situations les plus foireuses, pas vrai ?

C'est vrai. Elle me le dit sans cesse.