Il pleut à torrent, c'est d'ailleurs le seul bruit qui parvient à mes oreilles mis à part les doigts de Dylan qui pianotent nerveusement le tableau de bord. L'ambiance s'est soudainement électrisée et une odeur de colère flâne dans le véhicule. Je ne vais pas m'énerver avant de savoir réellement ce qui se passe, peut-être même que ça va me détruire, qui sait ?
- Je ne sais même pas par où commencer... lâche-t-il dans un souffle désespéré.- Par le commencement, peut-être ?
Ok. Cette réponse était loin d'être pertinente, j'ai compris. Il soupire. La vérité est que je suis complètement déboussolée. Je ne sais même plus ce que je dis et bientôt, je ne mesurerai plus mes paroles. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, à tel point que Dylan pourrait entendre les battements irréguliers de mon organe vital. Mon estomac est comparable à une mission de GTA. Désireuse d'obtenir des réponses au plus vite, je le relance d'une voix blanche :
- Je t'écoute.
Il fuit mon regard, à la place, il s'est trouvé une soudaine passion pour les gouttes d'eau qui se déversent à une vitesse affriolante sur la chaussée.
- Je n'étais pas un enfant désiré et ma mère m'a abandonné.
Mon cœur se gonfle de compassion. J'en viens presque à en avoir mal. Je sais combien ça doit être dur de ne pas avoir été voulu. C'est un peu un cas similaire au mien.
- Lorsqu'elle était encore à mes côtés, elle m'a raconté que quand elle est tombée enceinte, mon père avait accueilli la nouvelle joyeusement. Il voulait crier sur tous les toits qu'il allait être père. Elle, elle pensait me vouloir...
Sa voix prend une teinte douloureuse, ça me touche directement en plein cœur. J'ai mal pour lui.
- ... Mais un soir, j'avais dix ans, elle est apparue dans ma chambre avec une valise à la main et me disant qu'elle partait en voyage pendant plusieurs mois. Je ne savais pas qu'elle me quittait pour toujours. Lorsqu'elle a quitté la maison, mon père est monté et m'a roué de coups en me crachant que c'était de ma faute si elle l'avait quitté. Elle ne supportait pas d'être mère et avait peur de me détruire la vie. Elle m'a quitté "pour mon bien" mais mon père ne l'a pas prit comme ça.
Désormais, je n'ose même plus à affronter son regard, c'est trop pour moi. Ça fait trop de mal.
Pourtant, je m'y efforce pour examiner ses réactions. La tête baissée, une larme roule sur sa joue. Mon cœur se serre. C'est trop. Je détache ma ceinture, enjambe le boîtier de vitesse et passe mes jambes de part et d'autre des siennes. Il semble surpris mais ne réagit pas pour autant. Toujours la tête baissée. J'enroule mes bras derrière sa nuque pour lui montrer que je suis là pour lui, que je le protège en quelque sorte et je pose délicatement ma tête sur son épaule, le regard rivé vers l'extérieur de la voiture. J'attend qu'il termine son récit, patiemment.Il prend une grande inspiration secouée par des spasmes puis poursuit :
- Il a été si horrible avec moi... j'ai fini par me convaincre que j'en étais l'unique responsable. Les années se sont écoulées et le souvenir de ma mère planait toujours entre nous. Il était violent, et même encore aujourd'hui. Il ne se passe pas un jour sans qu'il me répète que j'ai fait partir ma mère. J'en faisais des cauchemars et je me détestais pour ça.
Il sanglote davantage. Si ça continue, mon cœur risque d'exploser à cause de cette pression.
- Il m'a promit qu'il détruirait ma vie et que chaque personne qui comptera pour moi, il me l'enlèvera comme je lui ai enlevé sa femme.
Je sens ses bras m'entourer fermement, comme si j'allais effacer son passé et sa douleur.
- Ensuite, il est tombé en dépression et a cessé de travailler. Il a perdu son travail et au passage, tout son argent. Il a fait appel à des usuriers pour le sortir de la merde. Mais avec ces gens-là, l'intérêt est toujours plus élevé que le prix de base. J'en ai payé le prix.
Il me repousse doucement, j'optempère sans rechigner. Il soulève son tee-shirt qui laisse apparaître son torse abîmé.
- Toutes ces cicatrices...
Il saisit mon index entre ses deux doigts et les pose précautionneusement sur une cicatrice. Il vacille et lâche mon doigt que je laisse planer au-desssus de cicatrice.
- ... sont dues aux actions de mon père que j'ai payées.
Je retire vivement ma main. Peut-être que pour lui, le toucher ne lui fait rien mais moi, ça détruit une parcelle de mon cœur à chaque fois que je touche son torse. C'est pourquoi je baisse moi-même son tee-shirt. Il sourit légèrement, un sourire douloureux.
- Et mon tatouage, c'est la date de naissance de ma mère. Car même si elle m'a abandonné, lorsqu'elle était là, j'étais en sécurité, souffle-t-il en regardant par-dessus mon épaule, le regard pensif.
Je ne suis incapable de décrocher un seul mot, comme paralysée vocalement parlant. Je ne sais pas quoi dire.
- Je me suis retrouvé en maison de correction parce que mon père avait tué l'usurier, et m'avait fait passer pour le coupable. J'y ai passé six mois. J'avais seize ans.
Mon dieu... c'est horrible ! Comment peut-on faire ça à un enfant ?
- À ma sortie, il m'a avoué devoir encore un paquet de fric à un usurier. Pour s'en sortir, il a eu l'idée de... braquer une banque.
Il relève la tête et me toise, attendant sûrement une quelconque réaction. Mais je continue de l'écouter attentivement. Le silence s'installe pendant quelques secondes. Je lève la tête vivement. Je prends conscience de la situation.
- La banque que tu as braqué, c'est celle de Christian ? Mon père ? Le nommer ainsi m'écorche la bouche mais j'ai besoin de comprendre la situation.
- Oui. Il m'y a forcé. Je suis désolé mais je n'avais pas le choix.
Ma bouche un "o" de stupéfaction. C'est donc pour ça que Christian n'a jamais pu identifier les braqueurs. Mon cœur s'emballe davantage. Je ne sais même plus ou donner de la tête. Je suis retournée et complètement chamboulée.
- Ce n'est pas tout, reprend-t-il avec le regard confondu en excuses.
- Pour assurer notre protection, j'ai "infiltré" en quelque sorte, ta famille. Je devais m'assurer que Christian n'avait aucune information sur notre identité.
Déboussolée, je me redresse et bascule sur le siège passager, le regard dans le vide. Tout notre relation n'était qu'un mensonge...
- Ce n'est pas par hasard que je me suis fait passer pour ton frère, Chanel.
Mon monde s'écroule.
Hey you ! 😜
Je sais que c'est pas très gentil de couper ici, j'avais prévu d'écrire plus mais j'ai eu un problème de timing, j'avais dit que je publierai un chapitre ce soir mais là il est trop tard pour expliquer la révélation complète. Mais voyez le bon côté des choses, vous avez une grosse partie du secret de Dylan 😘😉
Dites moi ce que vous en avez pensé 🙂
Kissss 💖

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Un Simple Pari
RomansaTout à commencé par un simple pari. Chanel, 17 ans, a un passé compliqué Mais tout va basculer le jour où Dylan va débarquer dans sa vie. Tous deux mêlés à un passé difficile, il va l'entraîner, malgré lui, dans ses sombres secrets et son bordel quo...