Un Simple Pari

chapitre 29

Un merde. Je me sens comme une merde qui vient de se faire abandonner lâchement, sur le rebord de la baignoire avec le nez qui saigne.
J'ai mis du temps avant de me reconnecter à la réalité. J'étais dans ma bulle. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes, jusqu'à ce qu'il pose cette putain de question. Tout à coup, ma bulle a éclatée. Si tout n'était qu'une histoire de pari, alors pourquoi m'a-t-il demandé si nous étions en couple ? Mes pensées se bousculent. Je suis minable. En revanche, je ne ressens rien. Je suis juste... déçue. On s'entendait bien, on rigolait pas mal ensemble, lorsqu'on ne s'engueulaient du moins. Ce qui était assez rare, mais j'aimais ces instants de complicité qui nous unissaient. Mais ces moments contrastaient bien trop souvent avec les mauvais. Les moments où j'avais juste envie de serrer mes mains autour de son coup, ou encore de lui donner un joli coup de genou dans son entrejambe et de le voir se tordre de douleur. C'est d'ailleurs ce que j'ai envie de lui faire en ce moment. Histoire qu'il se rappelle qui je suis.

Cette histoire me laisse sceptique. C'est seulement après lui avoir dit que je n'avais aucun intention de m'engager avec lui, qu'il m'a craché le pari au visage. Et puis quel pari ? Quel était son but ? Et surtout, avec qui ? Une chose est sûre. Je ne le manquerai pas. Depuis le début de notre relation, il faisait semblant. Ça ne colle pas. J'ai vu son visage se déformer par la colère lorsqu'il m'a surprise au lit, avec Jordan. Sa réaction était purement instinctive. Et lorsqu'il ma vu saigner, il y a peine dix minutes, il avait l'air réellement paniqué. Sinon, il jouait la comédie à la perfection.

Je dois savoir avec qui il a fait ça pari et quel était le but. Je crois m'en douter mais je veux en avoir le coeur net. Ça doit être encore un stupide pari de gamin immature. Du genre, celui qui arrive à coucher avec la fille en premier, remporte le gros lot. Ce serait mentir si je disais que je n'ai jamais participé à cette activité. Je l'ai fait. Plusieurs fois même, mais cela ne s'étendait pas plus que le temps d'une soirée.

J'irai bien lui rendre une petite visite pour lui communiquer mon point de vue. Heureusement pour lui, je n'ai pas son adresse. Je n'ai plus qu'à espérer le voir cet après-midi quand je sortirai. Ce qui m'étonnerait fortement, il ne prendrait tout de même pas le risque de s'exposer devant moi. Non. Il est bien trop lâche. Avouer une vérité puis s'enfuir la seconde qui suit, c'est un comportement lâche. Il n'est même pas capable de s'expliquer ou de me faire face. La prochaine fois que je le verrai, je ne manquerai pas de marquer mon passage sur son corps.

J'interomps mes pulsions meutrières en secouant vivement la tête. Je le décide enfin à quitter cette foutue salle de bain, la compresse toujours enfoncée dans mon nez sanglant.

Je passe mon jean noir d'hier, auquel j'ajoute le débardeur Jack Daniel's que j'ai volé avec Dylan, puis je descend en priant pour ne croiser personne de ma foutue famille de tarés. Je ne suis vraiment pas d'humeur agréable aujourd'hui. Vraiment pas. Je me sers un verre de jus de fruit tout en jettent un bref coup d'oeil à l'heure. 12h37.

Je jette la compresse à la poubelle.
J'emporte mon verre avec moi en direction du salon. Je pousse un looooong soupir d'agacement. Évidemment, Christian est assis sur le canapé. La cheville droite reposant sur son genou gauche, le journal d'aujourd'hui dans la main.
Je m'écroule sur un des fauteuils du salon. Pourquoi les week end existent-ils ?

Je remarque qu'il porte un costume noir et une chemise blanche en-dessous. Un dimanche, sérieusement ?

Il lève les yeux de son journal pour me fixer tout en souriant timidement. Connard. Je dois rassembler tout mon self-control pour ne pas lui cracher cette insulte au visage.

- Bonjour, Chanel.

Connard. Vais-je vraiment pouvoir me retenir encore longtemps ? Je crois qu'il vaut mieux que quitte cette pièce, rapidement. Pas de scandale le dimanche.