chapitre 54

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Je relève vivement la tête. Quoi ? Dylan semble avoir remarqué mon hésitation.

- Si tu ne veux pas, tant pis. Je trouverai une autre solution. Je sais que c'est compliqué avec ton père, me rassure-t-il d'une voix douce et posée.

Je ne pleure plus. L'évocation de Christian par Dylan me fait me demander si il est au courant de toute l'histoire, depuis le début. Je lui poserai la question plus tard. Je pose mes paumes sur son torse. Je ne sais pas trop quoi lui dire, en fait. Notamment parce que Christian a découvert la relation que nous entretenions alors que nous étions frères et soeurs, mais ce temps-là est révolu. Dylan avait tout expliqué à Christian et Anna avant de partir pour cinq jours. Je suppose donc qu'ils n'y verront pas d'inconvénient.

- Viens, je lui ordonne en ouvrant la porte. Je me contorsionne pour sortir de la voiture étant donné que j'étais face au siège conducteur. Dylan sort à son tour en me souriant de façon crispée. À vrai dire, je stresse également mais c'est lorsque je reçois un message de Christian...

Christian : Reviens immédiatement à la maison. J'ai à te parler.

... que mon stress atteint son apogée. La tâche va s'avérer beaucoup plus compliquée que ce que j'escomptais.

- Ça va ? S'inquiète Dylan en apercevant ma mine soudainement déconfite.

J'hoche la tête. Je ne veux pas l'inquiéter davantage.

- Non, lâche-t-il soudainement en me tirant fermement par le bras. Je lui fais face. Il me libère le bras.

- Tu sais quoi ? Laisse tomber. Je ne suis pas obligé de trouver une famille d'accueil. J'ai dix sept ans dans seulement deux mois, je dois juste trouver un endroit où dormir et je m'occuperai des services sociaux pour qu'ils oublient l'histoire de la famille.

Je souris légèrement en espérant qu'il y comprenne le double sens de ce geste qui signifiait aussi, merci.
Je sais qu'il tente de me rassurer comme il peut, mais le fait est, que ça ne fonctionne pas du tout. Mais, en tout cas, j'ai un poids en moins sur les épaules. Que Dylan puisse séjourner ici, j'arriverai à les convaincre mais pour le prendre sous leur responsabilité, ça s'annonçait déjà beaucoup plus complexe. En revanche, c'est le message de Christian qui m'a le plus troublé. J'espère fortement que ça n'a pas de rapport avec Alexandre, qui est encore en convalescence.

Le ventre noué, je marche jusqu'à la porte d'entrée accompagnée par Dylan. Je suis surprise mais ne conteste pas, lorsqu'il entrelace sa main à la mienne, comme pour me donner du courage et me montrer qu'il est là pour moi. Je n'aime pas spécialement ces marques d'affection, mais bizarrement, ça ne me dérange pas, ça me réconforte. Sa peau qui s'éléctrise contre la mienne suffit à me détendre. À contre-coeur, je lâche sa main et pénètre dans la maison en inspirant un grand coup au passage.

L'ambiance se fait tout de suite plus pesante, étouffante. Dylan referme la porte d'entrée derrière lui et me suit jusqu'au salon.
Christian fixe la télévision d'un air pensif et un tantinet furieux. Il se retourne promptement lorsqu'il nous entend entrer et fusille Dylan du regard. Je suis soulagée de constaster que Dylan ne paraisse même pas déstabilisé, il s'est étalé lourdement sur le canapé en écartant les jambes. Il semble même à l'aise. Il est là pour moi. Je m'assois également.

- Qu'est-ce qu'il fait là celui-là ? Aboie Christian en le pointant impoliment du doigt.

- Il va venir vivre ici quelques temps, je répond de suite en le défiant du regard. J'ai retrouvé mon assurance.

Christian soupire bruyamment.

- Tu n'as donc pas de père ? Reprend-t-il méchamment.

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