Un Simple Pari

chapitre 12

Mon frère jumeau me prend dans ses bras, je resserre son étreinte. Il se décolle de moi puis s'en va, le sourire aux lèvres. Sûrement satisfait de mon brusque changement d'opinion. Petit con.

Vanessa accoure dans ma direction.

- Qu'est ce qui se passe ? Elle tâte le terrain.

- Mon père. Il a une nouvelle importante à nous annoncer et il veut que je sois là, dis-je dans un souffle.

- Tu vas y aller ?

- Oui. Mon petit con de frère m'a forcé à m'y rendre.

- Il a raison. Elle me sourit.

Vanessa aussi aimerai que ça s'arrange avec mon père. Ça m'énerve. J'ai l'impression qu'elle et mon frère se voilent la face sur la vraie nature de Christian. Vanessa le connaît très bien, elle sait comment il est et pourtant, elle me pousse vers lui. Je ne les comprend pas tous les deux. Vanessa a toujours été là. Malheureusement pour elle, bien qu'elle ne cesse de me répéter que tout va bien et qu'elle me laissera jamais.

Lorsqu'on rejoint les autres, Rayan et Enzo ont disparu. Alice nous dit qu'ils sont partis rejoindre mon frère et ses autres amis, incluant Jordan et Dylan. D'ailleurs, ce dernier arrive vers nous, d'un pas assuré, son sac sur le dos, tenu par une seule lanière. Ses cheveux sont tout bouclés et ébouriffés. Il se plante devant moi, me regardant d'en haut, droit dans les yeux. Dylan est un petit peu plus grand que moi, mais pas de beaucoup. Vanessa se retire et rejoint le groupe discrètement.

- Est-ce qu'on peut repartir sur de bonnes bases, toi et moi ? Me demande-t-il avec une lueur d'espoir dans les yeux.

Je sens la haine de disperser dans tout mon corps. Je n'ai pas envie de repartir sur de bonnes bases avec lui. J'ai plutôt envie de lui placer un beau coup de genou dans son entrejambe, mais je me retiens.

- Non.

- Écoute... Je suis désolé. Je n'aurai pas du te tester comme ça.

Il paraît sincère. Peut être que je devrai passer outre ce différent... Des souvenirs de ce matin me reviennent à l'esprit. Non. C'est strictement hors de question.

- Garde tes excuses, je n'en veux pas, je réplique sèchement.

- S'il te plaît... Tu sais quoi ? Je vais t'emmener quelque part cet après-midi pour me faire pardonner.

Sérieusement ? Il croit qu'il a juste à m'emmener quelque part pour que toute la colère que j'éprouve pour lui, s'efface ? Il se fourre le doigt dans l'oeil !

- Non. Je ne t'aime pas, Dylan. Je n'ai donc pas envie de te pardonner.

- Tu m'as quand même brûlé la jambe ! S'exclame-t-il en massant la brûlure.

- Je suis censée culpabiliser ?

Je suis fière de mon geste et son excuse est ridicule. Il sourit en secouant la tête de gauche à droite de façon désespérée.

- Arrêté d'être têtue et viens avec moi. S'il te plaît... ? (Il fait un tête de chien battu, il me ferait presque pitié.) En plus j'ai une moto !

DING ! Il marque un point. J'adore les motos. J'ai toujours voulu en conduire une ou juste faire un tour. Ma colère envers lui me pousse à l'envoyer balader mais c'est vrai que la moto... Je veux bien essayer de mettre ma colère de côté. Plaisir ou raison ? Plaisir pardi !

- Ok, mais je viens juste pour la moto. Tu me laisses la conduire ? J'ai les yeux qui s'illuminent rien qu'à l'idée de pouvoir piloter ce bijou.

Il grimace.

- Hors de question.

- Ok. Je viens pas avec toi alors.

J'ai vraiment l'impression d'être une sale gamine capricieuse mais il ne sait pas à quel point ça me fait plaisir.
Il semble hésiter. À l'évidence, il y tient à sa moto et il doit sûrement avoir peur que je la bousille. Ce qui n'est pas impossible puisque je n'ai jamais touché un tel engin.

- ... Ok ! Tu es vraiment chiante Chanel ! Peste-t-il.

Oui, J'ai gagné ! Je suis trop pressée. J'en arrive même à être heureuse d'accompagner Dylan je ne sais où, mais c'est juste pour la moto.

- Je vais la chercher chez moi et je te récupère ici.

Il ne m'a même pas laissé le temps de répondre qu'il est déjà parti rattraper le bus qui vient tout juste de s'arrêter. Je rejoins les filles.

- Je vais faire de la moto ! Je leur annonce fièrement.

- Avec qui ? Demande une voix grave.

Je reconnais cette voix qui, d'ailleurs n'annonce rien de bon. Alexandre.
Je me retourne. À tous les coups, il ne voudra même pas que j'y aille.

- Ça ne te regarde pas, Alexandre, je réplique sèchement.

Il n'est pas question qu'il m'interdise d'y aller.

- Dis-moi, Chanel.

Je capitule. De toute façon, il arrivera à me faire parler.

- Dylan.

- D'accord, réplique-t-il simplement.

Quoi ? D'habitude, j'aurai eu le droit à un speech de quelques heures et une interdiction formelle. A croire qu'il s'est calmé. Il préfère quand même savoir ce que je fais et où je vais puisque mon père est incapable de s'occuper de moi gentillement.

- Tu as le droit de sortir avec qui tu veux, reprend-t-il avec un calme et un self-control déconcertant. Tu sais te défendre toute seule maintenant.

- Mais fais attention, s'il te plaît, me chuchote-t-il.

Il presse ses lèvres contre mon front puis s'éclipse avec la même vitesse qu'avec laquelle il est apparu. Il a raison, je sais me défendre toute seule. Je lâche un long soupir de soulagement. Je vais pouvoir faire ma balade en moto, pour mon plus grand bonheur.

- Alors comme ça tu vas faire de la moto avec sexy Dylan ? Alice me fait un clin d'oeil.

- Ouais. Il va même me laisser la conduire !

- Tu sais conduire au moins ? Me demande Émilie en ricanant.

Elle savent très bien que je n'ai jamais touché une moto.

- Non.

- Il est au courant ? Reprend Alice.

- ... Non, mais il va m'apprendre !

Vanessa ne dit pas un mot, elle a le regard dans le vide et n'a aucune réaction. Elle semble pensive. Elle m'inquiète. Je suis sûre qu'elle n'a pas retenu un seul mot dans la conversation.

Je me plante devant elle. Elle secoue la tête rapidement, comme surprise, puis elle me sourit. Elle n'est pas comme ça d'habitude.

- Tu vas bien ? Je lui demande, inquiète.

- Oui. J'étais juste dans mes pensées.

Je ne cherche pas plus loin. Si elle me dit que ça va, c'est que ça va. Elle ne me mentirai pas. Elle me dit absolument tout. Je passe mes bras derrière sa nuque et je la serre dans mes bras. Elle me rend mon câlin. Malgré tout, je sens que quelque chose ne va pas, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus et apparemment, ce n'est pas elle qui me fournira les informations nécessaires.