chapitre 49

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Le regard planté vers l'horizon fraîchement ensoleillé et les mains plaquées contre le volant avec toute la concentration que je peux rassembler, je m'apprête à démarrer. Je suis surexcitée. Intérieurement, je ne tiens plus en place, sentiment que j'essaye de masquer pour éviter de créer un carambolage. Un mélange d'excitation, d'apréhension sur ce que je vais découvrir ce soir et d'anxiété torture mon estomac. Je ne peux m'empêcher de lui faire partager mon étonnement. Il m'a quand même laissé conduire sa voiture. Je vais piloter une Mclaren.

- Je suis étonnée que tu me laisses conduire ta voiture sans problème. Tu sais, les mecs et leurs jouets...

Il sourit légèrement. J'aime ce sourire.

- Je te fais confiance.

Sa réplique m'arrache un sourire. On ne peut pas vraiment me faire confiance.

- Tu as oublié l'épisode de la moto ?

Il ricane.

- J'en ai eu pour plus de mille euros de réparation. Alors non, je n'ai pas oublié. Mais tu ne vas pas me faire le coup deux fois, si ?

Je souris en coin de façon provocante.

- Je dois admettre que c'est très tentant.

Mon sourire discret me trahit, il sait que je plaisante et se joint à mes ricanements.

- Allez, démarre. On va déjeuner au Mcdo.

Après l'énonciation de la nourriture dans sa phrase, mon ventre gargouille. Je suis abasourdie que mon estomac trouve encore de la place pour de la nouriture au milieu de toutes ces émotions. J'espère que cette fois-ci, il va payer car, comme à mon habitude, je n'ai pas un sous sur moi. Je mets le contact, la voiture vrombit. Je vais conduire une Mclaren. Je prend une grande inspiration et tourne discrètement l'oeil. Dylan me regarde... amoureusement ? Non. Je dois rêver. Je reporte mon attention sur la route, totalement chamboulée. Encore une nouvelle épreuve pour mon estomac. J'appuie sur l'accélérateur et passe la première. La voiture avance doucement pendant que je m'engage sur la route. Elle est facilement maniable et extrêmement agréable à conduire. J'adore. Le Mcdo n'est pas très loin, environ cinq kilomètres. Cinq kilomètres de bonheur...

Lorsque je m'aperçois que la chaussée est dégagée, j'appuie davantage sur l'accélérateur, pied au plancher. Nous nous retrouvons projetés en arrière et plaqués contre le siège en cuir noir. Je continue à cette même vitesse jusqu'à apercevoir un feu rouge beaucoup plus loin, je maintiens la vitesse, emprisonnée par l'adrénaline que cette expression me procure. Le feu rouge se rapproche doucement, à peu près huit cents mètres.

Cinq cents mètres...

Trois cents mètres...

Cent cinquante mètres...

Cinquante mètres... Je donne un gros coup de frein en frappant du pied la pédale de frein. Nous nous retrouvons, cette fois-ci projetés en avant, retenus par nos ceintures respectives. La voiture est désormais à l'arrêt complet, devant le feu rouge.
J'étire un long sourire face à cette montée soudaine d'adrénaline. Mon coeur bat la chamade. Dylan, à côté de moi, écarquille les yeux en ricanant doucement.

- Putain ! J'y crois pas ! S'esclaffe-t-il.

Étant donné que nous sommes à un croisement, j'examine les alentours. Quelques petits commerces ornent la rue d'en face, dont une boulangerie.
Au feu vert, je redémarre avec prudence et me gare près de la boulangerie. Dylan n'a pas pas rechigné face à ce changement d'endroit de restauration.

Contrairement à notre premier repas ensemble, Dylan s'est proposé pour payer. Nous avons prit un pain au chocolat, très bon, et un jus d'orange. Nous avons mangé dans la boulangerie, puisqu'il y avait des petits sièges en cuir, ce qui donnait une ambiance cosy au lieu. Nous sommes en ce moment même, en train de discuter sur ce que nous allons faire de cette journée. Dylan est plongée dans une intense réflexion lorsqu'il relève promptement la tête.

- On pourrait aller à Cannes.

Mon visage s'illumine. Cannes. Le festival, les plages immenses et magnifiques, les gros bateaux hors de prix et le paysage paradisiaque. Je suis encore plus excitée et j'ai maintenant hâte d'y être.

- Oui carrément, je réplique joyeusement.

Quitter cette ville ne serait ce qu'une journée me ferait le plus grand bien. Certes, Marseille est une belle ville, avec ses Calanques et ses jolies plages, mais pour les habitants d'ici, le tour de la ville est vite fait. Je ne connais que trop bien la ville désormais. Alors changer d'air est la meilleure décision que Dylan ait jamais prise.
Il sourit puis met le contact. Il a insisté pour reprendre le volant car selon lui, et je cite, "je nous mets en danger avec ma conduite désastreuse".

- Je te dépose chez toi pour que tu prennes quelques affaires, m'informe-t-il en gardant les yeux sur la route.
Je suis à nouveau projetée en arrière par la puissance de l'accélération.

Dylan vient de me déposer devant chez moi, il m'a dit qu'il allait chercher ses affaires chez lui en me promettant de revenir d'ici dix minutes. Je pénètre dans la maison et file à l'étage pour faire mon sac. J'y enfourne un short, un débardeur, mon chargeur de téléphone, un peu d'argent et une serviette de plage. J'ai enfilé mon maillot de bain en-dessous mes vêtements actuels et mis mes lunettes de soleil sur mon nez. Je suis fin prête à partir pour Cannes. Avec Dylan. Je souris tout en me promettant intérieurement de profiter au maximum de cette journée en compagnie de Dylan car il est possible que ce soit la dernière. D'ailleurs, je ne suis plus anxieuse, juste excitée à l'idée de m'enfuir une journée.

Je boucle mon sac et dévale les escaliers en prenant tout de même garde à ne pas faire trop de bruit. Je cherche rapidement un petit papier et un stylo, puis j'y griffonne un mot pour prévenir la maison de mon absence. Je n'ai pas mentionné le fait de partir à deux cents kilomètres d'ici, juste que je ne serais pas là de la journée. Je prend mes clés et sors de la maison en prenant soin de refermer la porte. Dylan est adossé contre sa voiture dont le toit est ouvert, les bras croisés. Il est extrêmement sexy dans son tee-shirt blanc qui épouse parfaitement son torse musclé, ses lunettes de soleil et son jean noir, large. Ses cheveux en bataille me font toujours craquer.

Je n'avais pas le souvenir, il y a dix minutes, qu'il faisait aussi chaud. Le soleil tape fortement, à tel point que mon crâne est déjà brûlant. Heureusement que je me suis glissée dans un débardeur. Il s'avance vers moi et me prend mon sac des mains pour le jeter dans le coffre. J'entre dans la voiture et branche mon téléphone sur l'allume-cigare. Dylan a également installé un GPS qui indique 187 kilomètres, soit une heure cinquante-deux. On devrait arriver pour midi, ce qui nous laisse le temps de bien profiter du reste de l'après-midi.
Dylan me rejoint quelques secondes plus tard et démarre aussitôt.
Mes pensées négatives sur ce soir ont fait table rase. Je ne pense plus qu'à carte magnifique journée qui s'annonce. Je pars le coeur léger.

Je tourne le bouton du volume de la radio de façon à ce que le son retentisse dans les enceintes de la voiture. Dylan accélère sur le son de 'Love me like you do' interprété par Ellie Goulding.

- Je suis content que tu me laisses cette journée, hurle-t-il afin que nous puissions nous entendre malgré les bourrasques de vent.

Il ralentit. Ce qui me permet de parler convenablement sans crier.

- Tais-toi. Respecte la règle qu'on a fixé.

En effet, en rentrant de la boulangerie, Dylan a décidé de fixer une règle d'or à propos de cette journée pas comme les autres. C'est un peu comme la journée de la dernière chance.

Règle d'or du 10 septembre 2016

Ne pas parler parler des sujets qui fâchent et en profiter un maximum.

Je ne veux donc pas qu'il me rappelle qu'il a quelque chose qui va bouleverser ma vie à m'annoncer ce soir. Et que je ne fais que retarder ce moment en lui donnant l'opportunité de cette journée. Dylan s'engage sur l'autoroute à toute vitesse. Le vent fouette nos visages et le soleil tape sur le haut de nos crânes.

Cannes nous attend...


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