chapitre 40

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Je fulmine. Je suis tant énervée que je suis sûre que de la fumée pourrait sortir de mes oreilles. Ce sentiment contraste avec l'apréhension de ce que je suis susceptible de découvrir. Est-ce qu'il est vraiment dangereux ? Je n'en ai aucune idée, mais ce n'est pas une personne anodine qui se balade avec un flingue dans son sac et qui s'avère vouloir s'en prendre à moi, apparemment. Mon coeur se serre.

Je me lève à la hâte et balaye la plage du regard à la recherche de l'autre imbécile. Je l'entrevois au bord de l'eau, tête baissée. Il a semblé trouver un intérêt particulier pour ses chaussures. Vanessa se lève à son tour. Je fais un signe de la main à Kévin pour qu'il nous rejoigne. Il ne se fait pas prier et arrive quelques secondes plus tard à notre niveau.

- Prends soin d'elle, j'ordonne sèchement à Kévin.

Sur ce, je fais volte-face et commence à marcher d'un pas furieux et déterminé. Mon niveau de colère m'a fait arriver chez moi à une vitesse fulgurante. J'inspire un grand coup et pénètre dans la maison. Il n'y a pas âme qui vive. Je claque violemment la porte d'entrée pour signaler ma présence. J'hurle le seule nom qui m'intéresse à ce moment précis :

- Dylan ?!

Silence... Je lâche un juron et monte les escaliers, à la recherche de quelqu'un d'autre, éventuellement. J'appréhende un peu la confrontation. Je fais le tour de chaque pièce jusqu'à la chambre de mon frère, mais il n'y a toujours personne. Je dévale les escaliers de nouveau. Un petit bout de papier jaune attire mon attention. Je me précipite dans la cuisine et lis le mot.

"Je tiens à vous remercier pour votre hospitalité (bien que je ne l'ai pas méritée) et je vous dis aurevoir. Je rentre chez moi.

Merci, Dylan"

Sous le coup de la colère, je déchire le mot laisse tomber les confettis par terre. Je me laisse tomber lourdement sur une chaise de la cuisine. Je suis totalement désemparée. Pourquoi est-ce si compliqué ?

Soudain la porte d'entrée s'ouvre sur Dylan. La colère que j'éprouve envers lui me fait rapidement reprendre contenance. Il me jette un regard furtif puis s'avance vers les escaliers, sans un mot, ni un regard de plus. Il est totalement indifférent. J'observe ses moindres faits et gestes. Il a un sac sur le dos. Les paroles de Vanessa me reviennent en tête. Dylan se balade avec un flingue dans son sac... L'arme est actuellement dans son sac alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de moi.

Tout à coup, il s'arrête net et se tourne vers moi, le regard dépourvu de toute émotion. Il n'y a plus rien.

- Tu as lu le mot ?

Toujours aucune émotion ne trahit son visage.

- Oui.

Il fait volte-face et monte les escaliers rapidement. Je réfléchis à une vitesse démentielle. Je ne sais trop quoi faire. Une chose est sûre, je dois me protéger. Je n'aurai jamais cru devoir me protéger de l'homme que j'aime. La bulle de protection que je ressentais lorsqu'il s'approchait de moi n'est plus qu'un vague souvenir. Croire qu'il ne pourrait jamais me faire de mal me semble totalement absurde. Il est dangereux. Je dois me protéger. Je m'empare d'un couteau de cuisine en céramique d'environ dix centimètres et monte les escaliers à mon tour. J'entends du bruit dans la chambre de mon frère. Méfiante, je m'y rend. Dylan est en train de ranger ses affaires dans ce fameux sac à dos. Il m'ignore royalement. Je planque le couteau derrière mon dos, dans mon pantalon.

- Ton père est rentré ?

- Oui, rétorque-t-il froidement.

Je ne comprend pas son comportement, une nouvelle fois. Avant que je ne rejoigne Vanessa, il me suppliait de le garder à mes côtés après cette révélation et là, il ne cherche même pas à savoir ce que je pense. Je n'ai pas autant d'importance à ses yeux que ce que j'avais cru.

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