Un Simple Pari

chapitre 50

- Putain ! S'il ne bouge pas son cul, c'est moi qui vait lui dire de bouger sa poubelle qui lui sert de caisse ! Jappe Dylan en frappant le volant de la paume.

Depuis plusieurs longues et interminables minutes, une voiture est à l'arrêt, les warnings activés et en plein milieu de la route qui s'engage sur l'autoroute. Nous n'avons aucun moyen de la contourner. Pour l'instant, il n'y a que nous étant donné que cette autoroute n'a pas l'air d'être très fréquentée. Ou alors ils ont tous trouvés un raccourci. Malgré les klaxons incessants et les injures qui fusent, le type ne daigne pas bouger d'un pouce. Jusque là, j'ai refusé que Dylan s'en mêle, par peur qu'il ne frappe l'homme sur le coup de la colère. J'ai bien envie de le faire aussi. Mais je ne veux pas que cet abruti gâche notre journée parce qu'il aurait décidé de porter plainte.

Furieux, Dylan sort brutalement de la voiture après avoir ouvert la portière. Je l'imite et me précipite vers lui dans le but de l'arrêter.

- J'y vais.

Je fais volte-face et me dirige d'un pas furieux vers l'emmerdeur de première. Arrivée à destination, je donne des coups de poing contre la vitre puis lui fait signe de la baisser. Ce qu'il fait. Il doit avoir la quarantaine, des lunettes rondes, chauve et une carte routière à la main. OK. Il est perdu.
Il me regarde en souriant légèrement, sûrement pour s'excuser.

- Vous connaissez les smartphones ?

Il hoche la tête. Il serait plus simple pour lui de consulter le GPS sur son téléphone, ça prendrait moins de temps. Il range sa carte puis sort un Iphone 6s. Je suis ébahie. J'ai cru qu'il allait me sortir un téléphone préhistorique. Il me le tend et je le récupère. Je lui lance l'application Google maps et lui rend pour qu'il saisisse son adresse de départ et celle d'arrivée. Comme tout senior qui se respecte, c'est son index qui tape sur le clavier avec une lenteur abominable.

- Tic tac, papi. On n'a pas toute la journée ! Je râle en tapant des mains pour appuyer mes propos et en lui lançant un regard emplit de mépris.

Il me regard en coin, probablement choqué par mes propos. J'entends enfin la voix du GPS sortir du téléphone. Je soupire longuement avant de lui faire un signe de la main et de rejoindre Dylan dans la voiture.
Peu de temps après, la voiture d'en face démarre et s'engage sur l'autoroute. Je souris fièrement. Je suis parvenue à obtenir ce que je voulais sans avoir eu recourt à la menace, ni à la violence. Juste en étant désagréable.
Dylan accélère brutalement en souriant comme un crétin. Il est fier de moi, lui aussi. Même s'il ne me le dit pas, je le sais.

- On arrive dans dix minutes, m'informe Dylan en gardant les yeux rivés sur la route.

Je prend le temps de l'observer et constate que je ne lui trouve aucun défaut, physiquement parlant. Je le trouve parfait. Je l'aime, tout simplement.
Je tourne la tête à droite et me plonge dans la découverte d'un nouveau paysage, Cannes.

Dix minutes plus tard, nous arrivons dans le centre de Cannes. Mes yeux ne se délectent pas de cette vue. C'est magnifique. Nous sommes actuellement en train de traverser la rue principale qui longe le littoral. Malgré la chaleur bien présente, il n'y a pas beaucoup de baigneurs. Les plages sont pratiquement désertes. En revanche, les trottoirs de la rue principale sont bondés de promeneurs et les restaurants sont bien remplis. Mon téléphone vibre dans ma poche, je l'extirpe de là en jettant un coup d'oeil à l'heure au passage. 12h56. C'est Vanessa. Elle m'ordonne de venir à la plage cet après-midi, je lui réponds brièvement que je ne peux pas et lui promets de lui expliquer ce soir en l'appelant.

En fait, je n'ai pas envie de tout détailler maintenant. D'ailleurs, je ne suis même pas sûre de l'appeler ce soir. Je relève la tête et me concentre de nouveau sur les alentours.