chapitre 44

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- Qui c'est, celui-là ? Crache agressivement Christian en fusillant Jordan du regard.

Je n'ai même pas la force de m'énerver, ni même de répondre. Je suis totalement anéantie. Mon frère... À l'hôpital...
Des petites parcelles en moi se brisent, chaque jour un peu plus.
La colère domine et la douleur dominent tous mes sens. J'ai envie de sauter sur Jordan et de, pourquoi pas, l'exécuter sur place mais mon corps refuse catégoriquement tout mouvement violent.

Je trouve juste la force de courir aux toilettes. Je relève la cuvette à la hâte et déjecte mon déjeuner de ce midi. Je respire enfin lorsque mes vomissements cessent complètement. Ma respiration se soulève et s'abaisse à un rythme affolant. À bout de force, je referme la cuvette et pose ma tête doucement dessus. Je ferme les yeux, me laissant aller à ma douleur. Cette pression à la poitrine qui se fait pesante. À tel point qu'une l'arme chaude coule de mon oeil. Je n'ai pas l'habitude de ressentir autant d'émotions fortes en un seul coup. Je n'ai jamais éprouvé une sensation comparable à celle-ci. C'est donc pour cela que lorsque je ressens quelque chose, colère, amour... ces sentiments sont décuplés, ce qui fait que je ne contrôle plus rien, ni même mon propre corps. J'agis sans penser aux conséquences futures de mes actes. Je sais que ma colère ne tardera pas à refaire surface mais lorsque ça arrivera, je vais tout détruire sur mon passage. Les émotions en boucle me torturent.

- Chanel ! Tu vas bien ?! Hurle Christian d'une voix chevrotante en tambourinant contre la porte des toilettes.

- Ça va.

Pas du tout... J'ouvre les yeux. La réalité me fait face. Je dois aller voir mon frère à l'hôpital.
Christian arrête de frapper à la porte. À mon plus grand bonheur, car j'ai la nette impression que mon cerveau va littéralement exploser.
C'est beaucoup trop dur pour moi.
Et Dylan en est le seul responsable. Depuis qu'il est entré dans mon quotidien, ma vie est une succession de mensonges plus fous les uns que les autres et de sentiments nouveaux. Il m'a fait tomber amoureuse de lui, dans son intérêt. Depuis qu'il est là, je n'ai que des emmerdes, je les enchaîne. Certes, je n'avais pas une vie digne d'un épisode des Bisounours auparavant, mais je m'en sortais pas mal. Je combattais mes démons plus ou moins avec brio, tout est une question de point de vue.

- Le jeune garçon est reparti, m'informe-t-il à travers la porte qui nous sépare.

- Hm... Quand tu seras prête, tu me le dis et on partira pour l'hôpital. Enfin... Si tu veux bien.

Sa voix est bouleversée et triste. Je n'ai aucune idée de l'état dans lequel est mon frère en ce moment mais j'ai le ressentiment que ses blessures ressembleront fort à celles que j'ai fait à la soeur de Jordan.
Je ressemble tout mon courage et parvient à me mettre debout. Je tire la chasse d'eau et ouvre la porte. Christine est adossé au mur juste en face. Il a le regard rivé sur le sol en attendant patiemment.

Je monte rapidement à l'étage et me passe un coup de brosse à dent puis je rejoins Christian au niveau de la porte d'entrée.

- Tu es prête ?

Je tâtonne mon pantalon afin de rechercher mon téléphone. Je l'ai senti.

- Oui.

●○●○

Nous arrivons à l'hôpital de Marseille après un voyage de quinze minutes dans un silence agréable. Aucun de nous n'avait envie de parler. Après un échange d'informations sur la chambre par l'hôtesse d'accueil, nous pénétrons enfin dans la chambre 101.
L'ambiance hôpital fait froid dans le dos.

J'aperçois Anna qui est assise sur une chaise d'hôpital mais je ne discerne pas encore mon frère. Il faut que je fasse un pas de plus. Christian est déjà aux côtés d'Alexandre. Je fais un pas... puis deux. Je le vois.

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