chapitre 62

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- Jordan habite avec ses parents depuis qu'il est arrivé à Paris. Ses parents ont su que ce n'était pas lui le responsable de l'agression de sa soeur. D'ailleurs, elle va très bien, si ça peut te rassurer.

Oh oui... tu n'imagines pas à quel point. Ma poitrine se libère d'un point que je garde depuis maintenant deux ans. Je suis heureuse qu'elle aille bien. Je l'espérais du plus profond de mon âme. J'expire longuement. Savoir qu'elle est en bonne santé n'effacera sûrement jamais le traumatisme que je lui ai fait subir, mais j'aime à penser qu'elle finira probablement par l'oublier définitivement, que cette histoire ne sera qu'un lointain cauchemar.

Il pivote légèrement de façon à faire face à ma tête baissée puis poursuit :

- Il voulait t'emmener avec lui pour se venger, je ne sais pas comment. Mais je suppose qu'on ne se balade avec un flingue sans avoir l'intention de l'utiliser.

Mon estomac se tord davantage. Il allait me tuer. C'est plutôt dur à encaisser.
Je sens sa main se poser sous mon menton, il y exerce une légère pression pour que je lève la tête et que je le regarde dans les yeux, ce que je fais.

- Comment tu as su que j'étais là ? Je lui demande d'une voix faible, quasi inaudible.

- Ton frère m'a appelé en catastrophe pour me dire qu'il t'avait entendu discuter avec Jordan. Tu avais laissé la porte ouverte pendant que tu lui parlais, ça a interpellé ton frère et il m'a demandé d'y aller à sa place parce que lui n'avait pas le droit de sortir. Tu sais à cause de sa tête. On a localisé ton téléphone et... tu connais la suite.

Il entrelace sa main dans la mienne et la presse doucement. Son contact m'électrise et j'ai une soudaine envie de me jeter sur ses lèvres que je n'ai pas touché depuis cet après-midi finalement. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu, ni même touché.

- Ok, je souffle d'un air détaché avant de retirer sa main de la mienne puis de me contorsionner afin de passer sur lui.
Au passage, je me cogne et le boîtier de vitesse mais je finis par atteindre mon but. Je suis à califourchon sur Dylan. Je place une main sur chaque extrémité de son visage et le fixe intensément. Je n'arrive même à distinguer la couleur de ses yeux. Bien que je la connaisse déjà. Il m'entoure la bassin de ses bras et me pousse pour que je me rapproche un peu plus. Résultat, nos torses se touchent et notre respiration s'effectue en même temps.
La chaleur de son corps et sa façon se me serrer contre lui me suffisent à oublier cette journée absolument merdique et riche en rebondissements. Je n'ai qu'une hâte, me coucher.

Entre les révélations sur le passé de Dylan, la crise de Christian, la fuite de Dylan et moi, les "conseils" de Christian et l'attaque de Jordan, c'est simple, je n'en peux plus. Mon corps est vidé de toutes ses forces. Ma vie est beaucoup trop compliquée en plus de ce qu'elle ne l'était déjà, avant Dylan.
La fatigue me pousse à me confier :

- Je t'aime, Dylan.

Son sourire s'agrandit de plus en plus et il se jette sur mes lèvres avec gourmandise. Je ne le retiens pas, bien contente de le retrouver. Je glisse mes deux mains dans ses cheveux et répond avec engagement à son baiser qui devient plus passionné.
Je romps brutalement le baiser lorsque Jordan apparaît à notre fenêtre. Je sursaute lorsque je l'aperçois. C'est que nous l'avons laissé agoniser par terre sans même prendre la peine de partie ensuite.

- Je m'occupe de lui. Surtout, ne sort pas de cette voiture.

Je passe rapidement sur le côté passager. Frustré, Dylan sort de la voiture et mon stress commence immédiatement à refaire surface. Je le guette du coin l'œil.

-Va te faire foutre ! Maintenant dégage si tu ne veux pas que je te roule dessus ! Hurle Dylan tellement fort que je peux l'entendre à travers les fenêtres. Le visage froncé et les nerfs à vif, il rentre dans la voiture.

- Il voulait que je l'emmène aux urgences.

J'hoche la tête, sachant très bien qu'il ne peut pas me voir. Je sors mon téléphone qui indique quatre trente trois du matin. Et dire que je me lève dans deux heures et demi pour aller en cours.

- Bon, allons-y, déclare Dylan après plusieurs secondes de silence reposant.

Il retire le frein à main, recule pour éviter Jordan et avance sans même lui jeter un bref coup d'œil. À vrai dire, moi non plus. Mes yeux me picotent et c'est quand je tourne la tête et que je regarde le paysage nocturne défiler sous mes yeux, que je me sens petit à petit sombrer dans un sommeil bien mérité.

Je suis secouée. Je sens le gravier de l'allée de chez moi s'écraser. Mes yeux peinent à s'ouvrir mais j'y parviens difficilement. Dylan me porte dans ses bras, comme une princesse.

- Je...solé mais je... te... cher. Il faut que tu... cherches tes...

Je comprend à peine ce qu'il me dit. Ses paroles entrent par une oreille et sortent par l'autre. On dirait de la bouillie. Je sens juste que mes pieds retrouvent la terre ferme. Ne me jugeant pas capable de tenir debout, j'appuis mon dos contre la maison et ferme les yeux.

- Ok. J'ai compris.

Il plonge une main dans la poche de mon jean mais ne trouve visiblement ce qu'il cherche. Puis dans l'autre, il est sort les clés de chez moi. Des choses se passent, je ne sais pas quoi. La fatigue me consume.
J'ouvre les yeux. Je suis devant ma chambre, toute seule et assise sur le bord de mon lit.
Dylan apparaît soudainement devant moi et me fait lever les bras en l'air. Je maintiens la position pendant qu'il m'enlève soigneusement mon tee-shirt. Il répète à peu près la même action pour mon jean. Je suis désormais en sous-vêtements. Je suis complètement choquée lorsque Dylan ne daigne même pas s'attarder sur mon corps. En parlant de mon corps, je me sens tout à coup poisseuse. En plus, je déteste me coucher sans avoir prit une douche. Je frissonne et me lève.

Quand Dylan me voit, il me tient les deux bras, sûrement parce que je ne marchais pas droit, et me chuchote :

- Va te coucher.

Je plisse les yeux en secouant la tête de gauche à droite.

- Non. Je... vais me... me doucher.

Il ricane et secoue la tête, lui aussi.

- Tu ne tiens même pas debout et tu veux te doucher ? Non. Tu le feras demain matin.

Je ferme les yeux quelques secondes et capitule. Je le laisse me guider avec prudence jusqu'au lit. Je m'allonge et Dylan remonte la couverture sur mon corps.

Je ferme instinctivement les yeux. Les lèvres de Dylan se pressent sur mon front puis il chuchote :

- Bonne nuit, bébé.

Oh non. J'ai besoin de lui. Je ne veux pas dormir toute seule, je ne me sens pas en sécurité. En plus, je suis sûre qu'il n'a nul part où dormir. Je ne veux pas qu'il dorme dans un endroit pourri.

- Non. Dors avec moi. S'il te plaît. J'en ai besoin.

Je n'arrive pas à croire que je supplie un homme de rester avec moi, mais je suis bien trop fatiguée pour revenir sur mes paroles. Je n'en même pas envie, en fait. J'entends qu'il y a du mouvement dans la chambre, il se déshabille, je crois. Les yeux toujours clos, je sens le matelas s'affaisser puis son torse nu se coller contre mon flanc. Ma position est inconfortable. Alors je pose délicatement ma tête sur son torse musclé et enroule en bras autour de sa taille. Je me sens tellement mieux ainsi. C'est le seul endroit où j'ai envie d'être en ce moment, même si ce n'est que l'histoire de deux petites heures.

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